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Critique de CaroleDetain


le recueil de nouvelles, le papier tue-mouche, de Élisabeth Taylor
Ce recueil est un mélange de tendresse et de cruauté.
La nouvelle Irrésistibles vandales : un couple marié depuis longtemps, les enfants sont grands, comment fait-on pour être ensemble ? Comment se respecte t on l'un l'autre ? Comment le mari t il respecte la pusillanimité , la timidité , le retrait , la discrétion de sa femme ? Comment la femme réussit à s'ouvrir (à aller vers des enfants) grâce à son mari ?
L'ouverture ici est apportée par les enfants des autres , des enfants défavorisés, qui m'ont fait rire par leur réflexion par le réalisme de leurs attitudes par leur incongruité ils sont loin d'être des enfants modèles.

Mais la douceur est rare . le recueil est surtout tissé d'une douleur discrète et aiguë.

De la violence presque dans la nouvelle Soeurs . L'une est âgée , l'autre décédée. La soeur décédée fut un écrivain connu . La soeur âgée est conventionnelle. Elle n'a jamais rien compris jamais rien compris à celle qui fut écrivain. Mais celle qui fut écrivain fut-elle si délicate ?

De la cruauté, intense, dans la nouvelle Hôtel du commerce.
Une femme est fortunée mais un peu « simple » pour gérer , seule, sa vie . Elle a une tutrice , une femme plus âgée dont le fond de l'âme est autoritaire. le drame interviendra . Il fondra sur celle qui est discrete et humble . Et l'amour des gens « simples », justement, et si bien décrit. Cette nouvelle est celle de la violence des plus forts , des plus grossiers, des moins subtils, au quotidien.

Oeuvre de chair : un couple , en vacances , tous deux sur le retour d'âge. La femme est mariée, son époux est resté à la maison. L'homme est veuf. Chez lui il vit seul. Cette nouvelle est le récit d'un bon caractère , celui de la femme , qui vivra bien l'idylle de ses vacances. L'homme, lui, la vivra moins bien . Il retrouvera sa solitude . C'est la vie. Elizabeth Taylor raconte la vie dans sa réalité banale, et profonde.

Crêpes flambées, une nouvelle qui se situe en Tunisie. Un jeune couple londonien y passe ses vacances. La difficulté de vivre à deux nous y est contée. le désir de vivre à deux , la subtilité, la délicatesse nécessaire pour y parvenir, le bon caractère qu'il faut déployer… le regard de l'auteur est fin , réaliste , sur ce type d'existence. La nouvelle raconte la désillusion : on ne retrouve pas le pays tel qu'on l'avait vu et vécu la première fois. Mais de façon sous-jacente n'est-ce pas aussi la désillusion du couple qui est présent ? La désillusion relative à l'histoire que l'on se raconte sur son propre couple sur sa propre vie ? de la compassion aussi de la part de l'auteur pour l'autochtone , qui lui aussi raconte des histoires, se raconte des histoires, de façon plus maladroite, moins subtile, plus triste apparemment. Mais les deux tristesses, celle du couple anglais , celle du Tunisien , se rejoignent. Elles sont mêlées.

La nouvelle Miss A et Miss M décrit l'enfance, sa sensibilité les réactions d'une petite fille élevée seule avec sa mère . Elle décrit ce que représente la période des vacances dans un calme village d'Angleterre. La nouvelle est aussi presque insoutenable de cruauté. Tout comme la dernière , le papier tue-mouche dont la chute cingle le lecteur par sa noirceur réaliste.

D'une maison à l'autre : un village d'Angleterre, encore. Les récits d'Élisabeth Taylor sont « baignés » d'Angleterre. Une écolière s'y promène, à l'âge où l'on est encore original, direct, transparent, où l'on donne , on parle, on communique, pendant le temps des vacances scolaires. La petite écolière crée du lien entre les villageois . Elle passe dans les cuisines de chacun. Elle s'intéresse à la cuisine. Et elle parle. Et elle raconte. La vie des autres. Et chacun s'intéresse. Mais l'intermède ne durera pas. À long terme, l'enfant va grandir. À court terme, elle reprend l'école. La vie… dans son quotidien…

Dans ce recueil, Elizabeth Taylor raconte l'injustice de l'existence . Ne pas se fier à la finesse , à la dentelle , de son écriture. C'est bien la cruauté discrète , celle qui ne fait pas de vagues , qu'elle nous décrit, parsemée de-ci delà de compassion, aussi…

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