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Critique de elea2020


J'ai apprécié cette pièce dans laquelle, si on y retrouve l'oisiveté des personnages, cette oisiveté devient un motif existentiel, et même social. C'était du reste une pièce appréciée par Lénine...

J'ai bel et bien constaté une forte coloration sociale, car l'oisiveté et le comportement égotiste, aussi bien du savant Alexandre Serebriakov que de sa jeune et seconde épouse Elena, très belle mais très oisive, sont contrebalancés par l'activité et le sens du sacrifice d'Ivan Voinitzky (l'oncle Vania, beau-frère du professeur Serebriakov - frère de sa première épouse) et de sa nièce Sophia - ou Sonia - pour faire fructifier la grosse ferme et envoyer l'argent à Serebriakov, en en gardant bien peu pour eux.

D'un point de vue existentiel, il est un peu terrible de constater que les personnes bonnes, qui ont une certaine dose d'altruisme, sont en quelque sorte "perdues pour leur vie" : Vania est aigri par la conscience qu'il a acquise de la nullité de son beau-frère, et choqué par le peu de cas que celui-ci fait de leur vie à tous, en proposant de vendre la propriété. Il est, de plus, amoureux d'Elena, qui n'a guère de considération pour lui. Sonia est une jeune femme accomplie, intelligente, sensible et travailleuse, qui ferait une très bonne épouse pour celui qu'elle aime, Mikhaïl Astrov, qui a la quarantaine mais reste séduisant, et dont elle partage les valeurs et le bon sens - seulement ce dernier ne la voit pas, attiré qu'il est par la beauté d'Elena comme un papillon par la lumière.

Quant aux autres personnages, la mère de Vania, Maria Voinitzkaïa, ou encore Ilia Teleguine, il me semble qu'ils sont là pour fournir un contrepoint un peu comique, comme le feraient des valets de comédie, et leur attitude admirative envers Serebriakov fait ressortir par leur naïveté la lucidité grandissante de Vania. La vieille nourrice Marina représente plutôt la sagesse populaire, et intervient plus à point nommé, mais elle reste relativement effacée.

Bref, la vie n'est pas tendre pour les personnages de Tchekhov, et, d'un point de vue dramatique, la tension monte à mesure que Vania prend conscience du caractère mesquin et futile de ceux qu'il croyait ses bienfaiteurs. Il est vrai que, depuis qu'ils sont là, plus rien ne marche droit, les horaires sont décalés, et tout le monde par contagion devient paresseux...
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