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Critique de cedratier


« L'affaire Pavel Stein », Gérald Tenenbaum (Cohen&Cohen 140p)
Se forcer à terminer un livre dans lequel on a du mal à entrer ? Pourquoi pas, s'il n'est pas trop long, et si quelques aspects éveillent malgré tout la curiosité… Ecrire une note de lecture sur un livre que l'on n'a pas vraiment compris ? Pour le seul plaisir, à son tour, de l'écriture ? Comme un élève peut parfois éprouver, tout de même, un peu de satisfaction personnelle à rédiger une dissertation sur un sujet un peu barbant ? Avec le risque de se trouver confronté à ses pauvres limites intellectuelles ? Bref, on ressent mon manque d'enthousiasme.
Une jeune journaliste, Paula Goldmann, un peu en rade affective, responsable d'une rubrique culturelle sur une radio juive, doit interviewer un cinéaste et écrivain juif très connu, Pavel Stein, bien plus âgé qu'elle ; c'est elle la narratrice en « Je » de cette histoire (écrite par un homme, Gérald Tenenbaum, par ailleurs grand mathématicien). Cette rencontre l'interpelle, la secoue, et elle craque pour l'homme autant que pour la pensée qu'il développe (une réflexion sans doute profonde sur le vide, la mémoire et l'absence qui m'a semblée totalement hermétique), mais sans pourtant vouloir s'engager trop vite. Elle reçoit plus tard un billet d'avion l'invitant à le rejoindre juste un week-end au Tibet. Pavel Stein y fait un séjour de rupture philosophique et de ressourcement dans un monastère bouddhiste, l'occasion pour lui, témoin et penseur juif, de se confronter à une pensée orientale dans laquelle il se retrouve. Non seulement on est à l'aube du passage à l'an 2000, source de beaucoup de fantasmes, mais l'armée chinoise se prépare à investir les monastères tibétains pour briser une culture qui lui échappe. L'intellectuel fait face à des matérialités diverses et brûlantes : la shoah inscrite si profondément, au-delà même de la mémoire, dans l'identité de celui qui se vit dans sa judéité, et celle d'un pays envahi et d'un peuple aujourd'hui soumis mais en résistance non-violente. Il y a donc dans ce petit roman des moments poignants, ceux qui évoquent des réalités terribles, même à mots pesés, et d'autres où il m'a complètement échappé, lorsqu'il s'élève dans les sphères éthérées d'une pensée philosophique et religieuse qui me sont étrangères. Sous la plume assez obscure du mathématicien Gérald Tenenbaum, de sa narratrice et du cinéaste écrivain (qui lui aussi s'exprime en son nom propre), l'amour, la vie, la mort, la résistance deviennent des équations mathématiques à x inconnues, d'autant plus complexes et inaccessibles à des lecteurs qui ne baignent pas dans une culture juive… ou bouddhiste. Quant aux deux rebonds de la fin, je les ai trouvés un peu faciles ou factices.
Très anecdotiquement, j'ai cherché avec un peu de mesquinerie, et j'ai d'abord cru déceler la faute d'écriture de cette plume masculine qui s'immisce dans un « je » féminin : pourquoi la narratrice s'interroge-t-elle à tant de reprises sur la tenue vestimentaire qu'elle doit porter avant telle ou telle rencontre ? Puis, observant avec attention un rituel que je connais bien, celui de ma compagne en train de se préparer avant de partir au travail le matin, et je me suis dit…

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