AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de wooter


Remuer la terre et les morts pour soulager les vivants ?

Taina Tervonen, journaliste finlandaise nous livre ici un témoignage important, une quête pour le devoir de mémoire.

Elle part à la rencontre de deux femmes qui tentent jours après jours de mettre des noms sur cadavres que la terre a engloutis. Corps exécutés au nom d'une guerre nationaliste qui éclate en 1992. Les corps, preuves honteuses de la folie sanguinaire humaine pour assurer une suprématie ethnique, sont disséminés sur différents charniers, plus ou moins connus.
Ces victimes, soldats ou civils, sont en grande partie des hommes, emportent avec eux bien peu de chose si ce n'est l'anonymat. Il y a bien quelques fragments d'effets personnels : une chaussure un pull un morceau de pantalon que la terre n'a pas encore eu le temps de digérer, mais en temps de guerre tout s'échange et le pull d'un mort est précieux pour survivre au froid… Les techniques d'identification de l'époque – principalement visuelles sont très hasardeuses et de ce fait les erreurs d'identifications sont nombreuses. Ce n'est qu'avec la banalisation des recherches ADN que des recherches sérieuses vont être relancées pour que des noms puissent être apposés sur ces ossements humains retrouvés enchevêtrés dans des charniers.

Document assez intimiste sur la quête d'une journaliste qui retrace une partie du parcours qui l'amènera à rebours de charnier en institut médico-légal improvisé dans une usine, on fait avec les moyens du bord, et ils sont faibles. La poursuite du quotidien répétitif d'une anthropologue judiciaire, qui aidée par une enquêtrice de terrain qui récolte l'ADN chez les familles qui souhaitent le partager, pour pouvoir rendre un corps à sa famille et à la terre une dernière fois.

Si les trois femmes de ce récit sont lumineuses par la cause noble qu'elles poursuivent, le récit lui est d'une noirceur déprimante, rentrer dans le quotidien de ces proches marqués par une guerre qui a dévasté le pays et les liens familiaux, et qui force le silence, c'est dur.

Une lecture pénible, non pas à cause du style journalistique, très agréable, mais par la réalité de l'horreur et l'ambiance constamment terne de mort qui est omniprésente. Je m'attendais, comme pour certains autres ouvrages publiés par l'excellente maison Marchialy, à une enquête fouillée, poussée et riche sur le pourquoi et le comment avec de chouettes rebondissements et de grandes surprises…je suis malheureusement sur témoignage d'une grande noirceur qui m'a apporté beaucoup de tristesse, d'amertume et peu de plaisir de lecture. Un pays et un ensemble de nationalités marqués par les horreurs de la guerre, et cloitré dans un silence glacial, l'auteur arrive à leur extirper quelques mots mais qu'ils sont durs...

Un témoignage difficile mais nécessaire pour ne pas oublier que la barbarie de l'homme même enfouie là où on ne veut plus la voir n'est jamais bien loin pour nous hanter pour de bon.


Commenter  J’apprécie          203



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}