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Critique de VeroniquePascual


J'ai levé les yeux au ciel d'exaspération durant les 80 premières pages mais j'ai tenu bon et je les ai baissés ensuite, prise d'empathie pour la pauvre Héloïse. Professeure d'histoire, j'ai vérifié la véracité des événements tout au long du livre. Alors, oui, c'est romancé, exagéré, mais rien n'est inventé.
Au XIIe siècle, un professeur réputé de 36 ans, Abélard, est embauché par le chanoine Fulbert pour parfaire l'éducation de sa jeune nièce de 17 ans, Héloïse. Tout le monde connaît cette histoire d'amour qui a fait pleurer sous les toits de Paris durant des siècles. Amour folle, charnelle et voluptueuse, aux dires d'Abélard. Las, cette passion est découverte quand ils ont un enfant, qu'ils appellent Astrolab car ce sont deux intellectuels. le mariage ne les aide pas car Fulbert se considère comme déshonoré. Il fait châtrer Abélard et les deux époux finissent leurs jours séparés, elle, abbesse et lui, abbé. La passion physique n'a duré que quelques mois. Abélard passe le reste de sa vie à ressasser ses regrets, à faire des reproches à la jeune femme. Quand il lui écrit enfin, c'est pour lui dire de se repentir. Mais Héloïse n'est pas du même bois. Elle n'oublie rien, ne regrette rien. Quand elle meurt, à sa demande, leurs corps sont réunis, enfin. Lui n'a rien fait pour cela. Leur amour, c'est elle qui l'a fait vivre et durer.
Qu'en est-il dans le roman, maintenant ?
Nous assistons à la rencontre entre le maître et l'élève, certes, mais pas à un coup de foudre. Non, c'est bien plus trivial. Fulbert présente son prof à la gamine puis quitte la pièce pour les laisser faire connaissance. Et là, hop, tout de suite, ils se sautent dessus sans se connaître. Ridicule. La jeunette prend son prof pour amant comme elle a pris d'autres hommes avant lui, pour comparer la longueur de leur membre viril. Et c'est parti pour 80 pages ! Durant cette interminable litanie d'actes et de positions, aucune passion intellectuelle n'est décrite ni suggérée. Ce n'est pas comique, seulement lourd et répétitif. Lassant. Ils ne font pas l'amour, ils baisent. Vous voyez la différence ? Si vous ne la voyez pas, surtout, lisez ce livre ! Aucun orifice n'est oublié, ni chez elle, ni chez lui. Teulé a dû pomper tout le vocabulaire des différents actes possibles dans le langage français passé, présent et futur. Il est même question de carottes, qui finissent enduites d'une substance marron… Sans commentaire. Ce déballage n'a rien de sensuel, rien d'excitant. Utilisé à bon escient, le vocabulaire cru aurait pu me faire rire. Raté. C'est grossier ou vulgaire, je laisse à notre regretté Jean Yann le soin de faire la différence. Moi, je dirais, les deux, et le vulgaire est de trop. Deux fois, j'ai ri.
Bien évidemment, ma fibre romanesque n'a pas vibré. Aucune fraîcheur, aucune émotion. Ah, oui, c'est vrai, on est dans le porno. Donc pas d'histoire d'amour romantique. Mais alors, où sont les amants malheureux du Moyen Age, Roméo et Juliette avant l'heure ? Ils sont là, mais après les 80 premières pages, une fois qu'ils sont séparés. Finalement, ce livre est une tragédie non seulement dans le fond mais aussi dans la forme.
Une amie m'a dit un jour que Teulé avait l'art de délayer sur 200 pages un sujet qui n'en prenait pas plus de 50. Pas faux. Je ne voulais pas l'entendre car je m'étais amusée avec « le Montespan » et « Charly 9 ». Là, j'avoue qu'elle n'a pas tort. Pour plagier l'auteur, je conclue en disant : le porno, plus c'est long, moins c'est bon. Et là, voyez-vous, je suis dans le style du roman ! A vous de juger !




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