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Critique de wiljosh


Beth est placée dans un orphelinat à la mort de sa mère. L'atmosphère y est stricte ; la discipline règne en maître, appuyée au besoin par l'administration de sédatifs que Beth nomme ses « cachets verts ». Très jeune, elle apprend à les conserver et à décider d'elle même quand elle en a besoin plutôt que de les avaler quand ils sont administrés aux enfants. Première addiction chez l'héroïne, qui sera supposée être à l'origine des suivantes.
Le factotum du lieu est un homme bourru vivant dans un sous-sol. Elle découvrira les échecs grâce à lui, et ce jeu bouleversera son existence. Rapidement elle devient une joueuse exceptionnelle et on suit son ascension vers une carrière internationale de joueuse d'échecs.
Ce roman est réellement haletant, voire, il faut bien le dire, stressant, tant la tension y est permanente dans le rapport que Beth entretient avec ce jeu où elle met tout en oeuvre pour gagner implacablement contre ses adversaires, quel que soit leur âge et leur sexe. Walter Tevis met très bien en évidence combien le fait d'être une femme, de surcroit très jeune, pose des difficultés à l'héroïne dans de nombreuses situations et l'amène à faire un supplément d'efforts pour se faire reconnaître à son juste niveau.
Il y a dans ce roman une dimension de transposition autobiographique très évidente et réussie. La description du rapport aux addictions est saisissante de vérité psychologique, et on lit très clairement que Walter Tevis raconte ici son propre vécu en la matière. Notons d'ailleurs que Tevis lui-même a reçu, enfant, des barbituriques à visée sédative dans une structure de soin où il était hospitalisé pour un rhumatisme articulaire pendant une année.
On sent nettement aussi, dans l'intranquillité à l'oeuvre tout au long du livre, que l'auteur est un homme inquiet, inquiétude très perceptible dans son écriture nerveuse et tendue C'est ici une grande qualité pour un romancier puisque le lecteur, happé par cette tension, ne peut lâcher le livre -qui se lit d'une traite. Mais il y a aussi une communicabilité très forte de ces émotions, et on ressort de ce livre avec une forte tension intérieure. Je déconseille aux insomniaques de le lire le soir !
On perçoit bien également comment les échecs ont pour le personnage un effet apaisant, ils prennent rapidement la fonction de traitement de cette inlassable effervescence intérieure. La concentration de Beth sur le jeu lui fait tout oublier, y compris son mal-être intérieur, et la plonge dans une sorte de transe intellectuelle exaltante. du fait de la transposition autobiographique, on peut supposer, peut-être, que l'écriture a eu la même fonction pour l'auteur ?

Lien : http://www.williamjoshbeck.c..
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