AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de musaraneus


A Methuen, l'orphelinat du Kentucky où Beth Harmon a atterri après la mort de sa mère, la fillette de 8 ans s'ennuie.
Seules les petites pilules vertes qu'on donne aux enfants pour les calmer semblent lui procurer un certain réconfort.
Alors quand elle surprend, à la cave, le factotum penché sur un étrange damier, elle ne pense plus qu'à une chose : Apprendre à jouer à ce jeu qui la fascine.
Quelques années plus tard, celle qui rejouait dans sa tête les parties de grands maîtres pour s'endormir le soir, commence à faire parler d'elle. L'esprit acéré, prête à en découdre, elle gagne tournoi après tournoi avec une facilité déconcertante.
Pourtant, son stock de pilules ne l'a jamais quitté, remplacé à l'occasion par l'alcool ou l'herbe, et malgré le succès, Beth reste fragile. L'addiction menace, elle sombre peu à peu...
De ce combat intérieur aussi intense que dévastateur, sortira-t-elle vainqueur ?

Tevis décrit avec brio les mécanismes à l'oeuvre dans le jeu, des prémices hasardeux au dépassement de soi final en faisant de la vie de Beth une partie d'Echecs. Dis comme ça on peut penser que la métaphore est un peu «premier degré », voire scolaire. C'est au contraire plutôt subtil et j'avoue ne pas avoir vu le coup venir tout de suite. Et pourtant rien ne m'agace plus que de voir les « ficelles » d'une construction, mais Walter Tevis n'est pas un joueur amateur et à l'instar de son héroïne, il déroule son intrigue avec un talent certain, ménageant le suspense et maîtrisant brillamment l'art du bluff.
J'ai particulièrement aimé les passages de réflexion, lors des tournois, où Beth cherche une issue, étudie divers stratégies, élabore une attaque. Sans connaître moi même le roi des jeux, auquel je ne joue pas, j'ai pu imaginer sans peine les pièces sur l'échiquier et visualiser la partie. La complexité du jeu est bien rendu, la tension palpable.
Et si dans le roman Elisabeth déteste les fins de partie, ce n'est visiblement pas le cas de Walter Tevis qui sort le grand jeu et s'amuse avec son lecteur jusqu'à la dernière page, le poussant dans ses retranchements, puis le defiant d'y croire, jusqu'au coup de maître final, jubilatoire.
Une fin en apothéose pour un roman prenant, que j'ai adoré, avec une héroïne hors normes qui a déjà rejoint mon petit Panthéon personnel des heroines fortes, talentueuses et résilientes, mes préférées !
Commenter  J’apprécie          397



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}