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Critique de florigny


Le monogramme de perles est un roman policier qui vaut surtout pour son intérêt historique, permettant d'apprécier le chemin parcouru par ce genre littéraire encore de nos jours considéré comme facile, si l'on en juge par le nombre d'auteurs auto-proclamés polardeux – et parfois malheureusement édités – depuis les claustrations covidesques imposées, qui ont donné à de nombreux apprentis l'illusion qu'écrire est à la portée du premier confiné venu. Initialement publié en 1929 sous le titre The man in the queue, ce roman met pour la première fois en scène l'inspecteur Grant, bien gentil, bien éduqué, bien habillé.


Dans la file d'attente compacte que forme le public pour assister à la dernière représentation de Didn't you know ?, comédie musicale promise à une carrière états-unienne, avec Ray Marcable en vedette, un inconnu est poignardé, l'assassin en fuite. Arrivé sur les lieux, Grant, à peine le stylet meurtrier retiré du dos de la victime, identifie l'arme comme possiblement italienne. le voilà donc immédiatement lancé, grâce à une sorte de pensée magique bien utile, sur les traces d'un italien, d'autant plus que toujours selon l'inspecteur, “l'Anglais se sert rarement d'un poignard, lui préférant un rasoir pour couper la gorge de sa victime. Ce crime avait été planifié avec intelligence et exécuté avec une adresse qui ne paraissait pas très britannique mais plutôt étrangère”. Faut-il mettre sur le compte de l'ancienneté du roman ces rapides et étranges déductions ? Aussi rapides et étranges que celles du médecin légiste, qui rien qu'en regardant le cadavre le juge intelligent, avant d'observer qu'il a des mains de “rêveur”.


Je tiens malgré ces restrictions, à souligner la robuste construction de l'intrigue, bien menée, dont l'épilogue soigné est une conséquence des faits préalablement relatés, sans paraître parachuté ou irréaliste. L'écriture est agréable, la traduction revue pour cette édition récente participe certainement au lifting du roman et au confort de lecture. le monogramme de perles peut plaire aux lecteurs qui s'intéressent à l'histoire du roman policier. Il faut, à mon sens, le remettre dans le contexte de la fin des années 20, alors qu'il était encore inimaginable qu'une femme puisse mettre son grain de sel dans un domaine uniquement viril. Rien que pour ce motif, j'apprécie Joséphine Tey, le féminisme ne datant pas de l'avènement de réseaux sociaux enfonceurs de portes largement ouvertes par leurs prédécesseurs.
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