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Critique de April-the-seven


Attirée par la couverture et le résumé, je n'ai pas résisté bien longtemps avant de me plonger dans The vanishing girl. Seulement – et je ne vais pas tourner autour du pot – la lecture de ce roman s'est révélée être une source d'agacement à plus d'un égard, malgré une intrigue principale plus que prometteuse.

Nous faisons la connaissance d'Ember, une jeune fille sans problème, qui vit une existence des plus simples, comme toute jeune adulte de son âge. Mais Ember a un secret : toutes les nuits, elle se téléporte durant les 10 premières minutes de son sommeil n'importe où dans le monde. Un jour, tout bascule et elle découvre qu'elle est le résultat d'une expérience génétique gouvernementale et que ce même gouvernement la recherche pour en faire une arme vivante. Ember intègre donc à contrecoeur le programme qu'on lui impose, mais si elle ne brûle que de rentrer chez elle et retrouver ses parents, elle se heurte néanmoins à l'attraction féroce qu'elle ressent pour le partenaire qui lui a été attribué : Caden.

Un pouvoir singulier, des manipulations génétiques, un programme américain top secret qui transforme de jeunes adultes en espions… l'idée était géniale et m'emballait énormément. Hélas, ce n'est pas tout à fait ce que j'ai trouvé en commençant ce roman, et je suis allée de désillusion en désillusion.

Commençons par les points positifs qui, à mon sens, rendent le livre riche en potentiel. le concept de base, qui consiste à voyager durant les 10 premières minutes de son sommeil, m'a vraiment plu. Je l'ai trouvé original, car il ouvre le champ des possibles et peut amener à des situations assez tordues. Couplé aux diverses missions d'espionnage et à un entraînement intensif, ça donne envie de se plonger dedans et de découvrir tout ce que cela implique. Pour être parfaitement honnête, ce sont les scènes qui m'ont le plus séduite.

Toutefois, le fait d'avoir une excellente idée ne suffit pas. Tout ce qui s'articule autour de l'intrigue initiale doit également tenir la route ; ici, ce n'était pas le cas. Et ça m'ennuie de le dire, mais si certains aspects de l'histoire m'ont paru trop communs, d'autres m'ont proprement choquée.

Sur le site de Michel Lafon, le roman vise les 12 ans et +. Seulement, on peut trouver à plusieurs reprises des scènes très suggestives, des allusions sexuelles avec un vocabulaire cru, ce que l'on rencontre le plus souvent dans les romans classés érotiques. J'ai du mal à imaginer un enfant de 12 ans lire pareille histoire alors que les scènes de sexe sont décrites sans ambages et que l'héroïne a une fâcheuse tendance à se retrouver nue comme un ver la majeure partie du temps. Rien sur la couverture ou le résumé ne laisse entendre que ce roman n'est pas destiné à un jeune public. L'érotisme est-il entré dans une telle normalité qu'on n'en fait plus mention pour protéger la jeunesse ? Ou bien suis-je un peu trop vieux jeu ?

D'un point de vue plus subjectif, je n'ai pas adhéré dès les premières lignes. La vie d'Ember bascule trop vite à mon goût, certains détails sont traités par-dessus la jambe. On ne sait rien d'elle ni de sa famille, car les premières scènes sont trop courtes pour se faire une idée générale. Les réactions de ses parents ne sont pas crédibles, pas plus que les siennes.

J'ai également été gênée par le mélange des styles qui, à mon sens, ne s'accordent pas très bien ensemble. L'intrigue est plutôt Young-Adult, mais saupoudrée d'une touche vulgaire qui se veut désopilante. Hélas, je ne suis pas sensible à ce type d'humour.

Il y a des clichés que je n'apprécie plus de voir dans les romans jeunesse-YA. de petites choses qui ont une fâcheuse tendance à me faire lever les yeux au ciel. le fait par exemple que Caden ne se définisse que par son physique. Et c'est directement lié aux réactions d'Ember à son encontre, parfois à la limite de l'absurde. Un exemple tout simple : Ember joue sa vie en décidant de s'enfuir avant que le gouvernement ne lui mette la main dessus. Elle trouve tout de même le temps de se pâmer devant celui qui l'a rattrapée et de noter à quel point il est « beau gosse ». Ou plus simple encore : le fait que Caden l'appelle « princesse ». A-t-on déjà vu plus cliché dans l'histoire du cliché ?

Concernant la romance (assez convenue, il faut dire), j'ai été interpellée par quelque chose de plus grave sur le plan moral. En cherchant à faire du rentre-dedans, Caden en devient très lourd, à la limite du harcèlement sexuel. le plus étonnant là-dedans est qu'Ember ne réagit qu'avec ses hormones. Donc ça semble admis, justifié. J'en viens à me demander si cette forme de « drague lourde » est encouragée par l'auteur ou pas, en sachant que ça ne choque même pas les intéressés. Pour un roman destiné à la jeunesse, avec des lecteurs qui n'ont pas fini de se construire sur le plan amoureux, je ne trouve pas que ce soit un très bon exemple à donner.

Et Ember n'en a pas fini de me démoraliser avec ses réactions. Pour une personne qui est maintenant la propriété du gouvernement américain, elle oublie très vite ses parents et sa meilleure amie pour les beaux yeux perçants et ténébreux de Caden. Je trouve également qu'elle ne pose pas les bonnes questions. Elle est méfiante, mais pas assez. Elle ne s'interroge jamais en profondeur, malgré le fait qu'elle affirme se méfier de tout et de tout le monde. Exemple : une fois arrivée au QG du programme, elle écrit un mail explicatif à ses parents pour leur expliquer ce qu'elle fait et comment elle va. Elle semble s'étonner de ne pas recevoir de réponse, pas plus qu'elle ne se méfie en faisant des recherches internet sur son ordinateur portable. Elle ne réfléchit jamais plus avant. Ainsi, ses négligences ne font que mettre en lumière ce qu'il va se passer par la suite. Il en devient assez facile de deviner ce qui l'attend au bout du compte.

En résumé, ça me peine de le dire, mais The vanishing girl est une déception. Si l'histoire repose sur des bases intéressantes et prometteuses, l'auteur a choisi de donner la part belle à la romance et aux scènes érotiques, pour une histoire initialement classée jeunesse. La plume de Laura Thalassa est loin d'être déplaisante, mais je n'ai pas aimé sa manière de raconter l'histoire d'Ember, peu crédible, mal approfondie à bien des niveaux et capillotractée. Pour la suite de l'aventure, j'ai bien peur que ce soit sans moi.


Lien : https://april-the-seven.weeb..
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