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Critique de Slava


Slava
03 décembre 2020
Dans le genre poétique, se trouve parmi les élégies, ballades, ode et autres calligrammes l'idylle. Des poèmes inspirés de la poésie pastorale qui ont été nombreuses au fil du temps et que moult poètes comme Goethe ou Alfred de Musset ont repris en contant des amours tendres et affectifs : ainsi aujourd'hui nous disons d'un jeune couple heureux qu'il vit une idylle. Mais le premier à en avoir écrit ou du mois à les avoir couchés sur papier (enfin papyrus vu qu'à l'époque le papier n'existait pas en son temps) est le syracusain Théocrite, qui a vécu entre 310 et 215 avant Jésus-Christ. Peu connu dans la culture commune, dans la littérature il l'est légèrement mieux puisqu'il a inspiré le sublime Virgile et ses Bucoliques et d'avoir été un maître pour Leconte de Lisle. Il fut un grand nom de la littérature héllénistique et a été un membre important de la cour d'Alexandrie de Ptolémée II ancêtre de la fameuse Cléôpatre, ami notamment de Callimaque autre célèbre écrivain de cette période. Comme beaucoup de ces artistes du temps ancien, nous ne savons pas quand il mourut mais sa mémoire fut assurée puisque trente oeuvres nous sont parvenues sous le recueil présente des Idylles et qui a enchanté des générations de lecteurs érudits. Je les aies lu en entière bien qu'ici ce livre se consacre sur une dizaine d'entre elles mais rassurez-vous l'intégralité est disponible sur Internet, libre de droit.
Dans ces trentes chants car la poésie antique était mise en musique, nous entrons dans l'univers pastorale, des bergers, des chevriers et des bouviers. Mais ils ne constituent pas le seul sujet de ces idylles car la plupart racontent aussi des épisodes de la mythologie grecque tel les exploits d'Heraklés ou le chagrin d'amour de Polyphème, qui avant d'avoir été victime de la ruse d'Ulysse éprouva une inclination non réciproque de la néreide Galatée, ou encore des récits divers et variés tels que célébrations de fête rendant hommage à Adonis, éloge au souverain Ptolémée II ou un rituel magique. C'est donc un catalogue bien bigarrée que nous réserve ces idylles qui sont différentes l'une et l'autre et ne se ressemblent pas car en grec eidelos d'où provient notre idylle veut dire " tableau" et cela traduit bien l'ensemble : des scénettes de la vie de tous les jours ou des légendes mythiques.
Les pastorales sont les plus connues bien entendu de Théocrite, au point ou il fut même surnommé le poète champêtre, car elles sont indiscutablement reussies. Dans une certaine grâce et joliesse exprimé par des vers élégants est restituée les instants de vies rurales, entre concours de chants, sérénades amoureuses et dispute d'où on sent une sincérité de réellement raconter sans moquerie ses personnages rustiques et la nature verdoyante et sublime dont ils vivent et en dépendent. Les références littéraires et mythiques abondent pourtant de ce qu'ils semblent être que des peintures réalistes de la vie agreste : les bergers se nomment Daphnis, qui était un fils d'Hermès légendaire joueur de flûte et protecteur des gardiens de troupeaux et on y discours les dieux et les muses.
Les autres pièces sont tout aussi bien écrites bien que n'étant pas de la même trempe que les pastorales car Théocrite y exploite bien des genres : la satire sur les Syracunaises ou il se moque avec allégresse de ces pipelettes qui fêtant les Adonies, houspillent leurs époux la célébration d'Adonis l'amant d'Aphrodite qui fut tué pour cela et dont le sang forma les premières roses selon la légende : l'épopée épique sur les prodiges d'Hercule dans Hercule vainqueur au lion ou est relaté dans le merveille et l'héroique la lutte du fils de Zeus et de la bête monstrueuse hantant les environs de Nemée : l'élégie amoureuse sur la complainte de Polyphème mal aimé dont on retrouvera les accents dans l'épisode de Galatée et d'Acis des Métamorphoses d'Ovide : l'épithalame ou chant de mariage sur les noces d'Hélène ou Ménélas ou bien que se célèbre dans le bonheur l'union majestueuse du roi de Sparte et de la soyeuse fille de Léda, pointe pourtant la menace que sera la guerre de Guerre. ; l'hymne homérique teinté d'horreur sur les Bacchantes servantes du dieu Dionsos qui démembrent vivant l'infortuné Penthée roi de Thèbes pour avoir nié la divinité du dieu, et qui parmi ses assassines se trouvent la mère et les tantes : l'éloge certes pompeuses mais glorieuse du souverain Ptolémée... un large éventail dont aucun n'est médiocre. Théocrite a le talent de conter avec une certaine douceur des violences et certains de ses poèmes peuvent faire débat : l'idylle de Daphnis avec une bergère qui fut repris par beaucoup tant il est alliciant et pittoresque peut susciter beaucoup de flamme haineuse par la gente féminine tant il conte la séduction bien trop appuyée d'un gardien de taureau sur une bergère qu'il finit par conquérir sur une verte gazon afin de lui faire connaître les dons d'Aphrodite alors qu'elle n'a pas donnée son consentement... nous devons nous remémorer que la façon d'aborder les sentiments est loin d'être la nôtre et que souvent quand on lit les anciens textes l'amour se confond avec, et se fait par la violence, il est donc normal d'avoir ce genre d'écart dérangeant, les mythes nous prouvent bien cela...
On peut aussi reprocher à ce recueil d'avoir une expression très précieuse et qui peut rebuter beaucoup, puisque des métaphores et aux expressions très riches mais souvent chargées pour un lecteur qui n'a pas toutes les connaissances antiques.
Quoiqu'il en soit, ces Idylles sont effectivement idylliques à lire, tant elle respirent la fraîcheur et la majesté, et sont d'une finesse exquise. Ils sont plaisants à explorer et les comprendre pour saisir la portée de Théocrite sur la poésie en générale.
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