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Citations sur La Création des identités nationales : Europe XVIIIe-XXe .. (21)

« La longue résistance de la Bretagne à l’intégration dans le royaume de France est donc ici ouvertement donnée comme gage de son authenticité nationale » (p.129)
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Le théâtre du premier XIXème siècle est l'un des hauts lieux de de l'expression politique.
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L'idée de nation est née du combat contre le pouvoir monarchique et la division sociale en ordres aux droits inégaux. Son triomphe est celui de la démocratie, dans une perspective libérale. Le suffrage universel masculin, l'établissement d'une constitution, suivent généralement de près la création d'un État-nation, leur application pouvant être variable selon l'évolution des rapports de force internes. Mais, lorsque la nation est consacrée comme principe politique suprême, le contexte économique et social, dans une grande partie de l'Europe, n'est plus du tout celui dans lequel elle a été conçue. Le capitalisme industriel s'est imposé comme mode de production, et l'expansion d'un nouveau groupe social, le prolétariat ouvrier, fait apparaître une ligne de fracture sociale et une référence identitaire concurrente de la nation. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » : l'internationalisme sur la base de l'appartenance de classe contre l'union interclasses sur la base de l'appartenance nationale. De cet affrontement qui constitue l'axe principal de l'histoire européenne du XXe siècle, il semble bien que la nation soit sortie victorieuse. Puissance irrésistible du capitalisme, sans doute, et échec des tentatives faites pour lui substituer un autre mode de production. Mais puissance aussi de l'idée nationale comme communauté fraternelle, solidaire et protectrice. Du coup, lorsque, à la fin du XXe siècle, la mondialisation du capitalisme met en question la souveraineté des États-nations, la nation apparaît comme un refuge, sa disparition une effroyable menace pour la cohésion sociale et les conditions d'existence des plus démunis. Formée sous les auspices de la liberté, de l'égalité en droits et de la fraternité, l'idée nationale s'est toujours proposé comme un idéal exigeant au besoin qu'on lui sacrifiât sa vie. « Vous croyez vous battre pour la France ou l'Allemagne, et vous mourrez pour servir les intérêts des Krupp ou des Schneider. » Les objurgations des militants internationalistes n'ont pu arrêter les tueries de la Première Guerre mondiale.
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L'exacerbation actuelle des interrogations sur les identités nationales et leur préservation dans l'Europe contemporaine tient sans doute moins à la présence d'une main-d’œuvre d'origine étrangère qu'à un constat : les nouvelles formes de la vie économique exigent la constitution d'ensembles plus vaste que les États-nations. Or l'entité supra-nationale de l'Union européenne devient un espace juridique, économique, financier, policier, monétaire : ce n'est pas un espace identitaire. Lui fait défaut tout ce patrimoine symbolique par quoi les nations ont su proposer aux individus un intérêt collectif, une fraternité, une protection. Le repli sur les identités nationales comme refuges est somme toute compréhensible. L'euro ne fait pas un idéal. Et si les Pères de l'Europe l'avait instituée en oubliant de la construire?
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Les Européens en l'état actuel des choses semblent aussi pourvus d'identités nationales que dépourvus d'identité européenne.
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Là où l'on n'avait vu qu'absence de culture, là est situé justement le conservatoire de la culture première.
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Rien de plus international que la formation des identités nationales
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La nation a été intellectuellement construite comme un organisme immuable, toujours identique à lui-même à travers les vicissitudes de l'histoire. Le passage de la nation comme principe intemporel à l'État-Nation, organisation qui ne peut perdurer qu'en s'adaptant, met au jour cette contradiction entre fixité et évolution. Et fait naître une angoisse : la disparition de la nation. La nation éternelle, en s'incarnant, devient sujette à la morbidité et à la mortalité. C'est au moment où triomphe l'État-nation comme forme d'organisation politique par excellence, à la fin du XIXe siècle, que le discours sur la décadence de la nation prend toute sa force. Contemporain du biologisme social, il dénonce un effondrement interne qu'il attribue à une pathologie affectant le corps de la nation. Et il lance une exhortation : il faut régénérer la nation. Avec en arrière-plan deux perspectives médicales sur l'étiologie et le traitement des maladies : invasion de l'organisme par des agents agressifs ou consomption. Soit – c'est la version du nationalisme intégral, souvent xénophobe et antisémite – il y a dénonciation des germes délétères ou des parasites qu'il convient d'expulser du corps national. Soit – c'est la version la plus commune – l'affaiblissement est attribué à un oubli criminel par les nationaux de leurs origines, de leur tradition, de leur âme dans lesquelles ils doivent de toute urgence se retremper. La renaissance nationale est alors donnée comme un retour aux sources. Révolutions nationales et nationalismes réactionnaires se nourrissent de ces fantasmatiques diagnostics de décadence, récurremment prononcés au cours du siècle.
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Pendant la première phase, pluridécennale, de la construction identitaire, le leitmotiv constant est qu'il faut unir toutes les composantes de la nation et leur faire prendre conscience de leur commune origine. Et si l'accent, dans la détermination de l'appartenance à la nation, est mis essentiellement sur le critère linguistique, c'est qu'il est en fait remarquablement souple. [...] Et la filiation avec les grands ancêtres se traduit alors essentiellement en termes culturels. Le critère biologique, en revanche, marque des limites intangibles. On peut se convertir à une langue comme à une religion, mais pas à une race ; on peut acquérir une culture, on ne peut changer son sang. L'invocation à la race permet donc de trancher radicalement entre ceux qui appartiennent à la nation et ceux qui, quoi qu'ils fassent, lui seront toujours hétérogènes.
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Le XIXe siècle a été un siècle de bâtisseurs, de moderne et d'ancien. Les siècles précédents n'avaient pas particulièrement donné dans l'amour des vieilles pierres. Le possesseur d'un bâtiment ancien, s'il avait les moyens de la moderniser, s'empressait de le faire. Sinon, il s'en accommodait ou essayait de lui trouver un autre usage : d'un grange dîmière on pouvait faire une étable, d'un château pas trop écroulé une prison. Et si l'entretien était coûteux, l'édifice vivait sa dernière existence comme carrière de pierres. Dès lors qu'apparaît l'idée de nation, et donc d'héritage collectif légué par les grands ancêtres, la valeur d'usage doit désormais composer avec la valeur patrimoniale [...][D]étruire fait désormais scandale, au regard des intérêts de la nation. Le terme de « vandalisme » créé par l'abbé Grégoire, exprime bien cette nouvelle conception : il faut être un barbare étranger à la nation pour vouloir porter atteinte au patrimoine commun.
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