Il y a trente ans, les ouvriers lorrains montaient à Paris avec des engins de mines. De vrais monstres !
Les CRS avaient peur de ces mecs qui les appelaient "les majorettes ", se moquaient des lacrymos et déversaient des tonnes de minerai dans les rues. Ils étaient des milliers.
Aujourd'hui ils sont une vingtaine.
Ils marchent pacifiquement et s'expriment dans les médias.
Cet ancien site de production a été depuis transformé en musée. D'anciens sidérurgistes montrent à des écoliers, qui n'en comprennent pas vraiment le sens, le travail qu'ils faisaient. Et ne feront plus.
C'est sans doute ici qu'est née l'idée d'enregistrer les voix et les visages de ces "derniers".
Une sorte de course contre la montre dans une région où les usines et les hommes meurent un peu plus vite qu'ailleurs.
A quelques kilomètres de chez moi, dans les vallées du Nord, le ciel rougeoie d'une activité sidérurgique séculaire et de la colère des ouvriers de Longwy.
L'usine est un géant d'acier dont le haut fourneau serait le cœur battant.
Au combat, tout le monde a peur. La seule différence est dans la direction qu'on prend pour courir.
-ils en feront peut-être un musée ou un parc de loisirs. Comme le haut fourneau d'Uckange ou le fiasco du parc des Schtroumpfs sur le site d'Hagondange. Le tourisme, les loisirs, c'est bien, mais bon....
-c'est con, on n'a pas le climat !
Mais dans le ventre de ces monstres de métal rouillé avaient vécu des hommes. Le sang de l'usine.
Mais dans le ventre de ces monstres de métal rouillé avaient vécu des hommes. Le sang de l'usine.
Trente ans après les premiers symptômes, c'est ce temps-là que je raconte. Celui des capitaines d'industrie devenus fossoyeurs, d'un berceau du fer au cimetière d'une région championne du cancer où l'on transforme les usines en parcours de golf.