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Critique de Rebka


Rebka
27 septembre 2016
Après avoir passé quelques bonnes soirées avec les Sons of Anarchy, ces anti-héros symptomatiques d'une revendication très américaine du choix de la communauté contre l'État, je me suis dis qu'il était temps pour moi de plonger plus avant dans cet univers de grosses mécaniques peuplé de hordes de mastodontes aux cheveux longs et de revenir à la source même du mythe : les Hell's Angels. du coup, je décide de lire cet ouvrage emblématique du journalisme gonzo, passant outre le fait que j'avais détesté la lecture de Las Vegas Parano du même auteur. Eh bien je dois dire que j'ai bien fait d'oublier mes préjugés car j'ai vraiment apprécié cette découverte.
Tout d'abord, je me renseigne : le journalisme gonzo est une méthode d'investigation journalistique axée sur l'ultra-subjectivité. En immersion dans son sujet, le parti pris par le journaliste «gonozoïde » est de s'exprimer à la première personne, et non de façon neutre et objective, comme l'exige en principe la déontologie journalistique. Il informe ainsi son lecteur sur la nature et l'intensité des facteurs « déformant » son point de vue. En faisant appel à son sens critique, le lecteur peut ensuite recomposer une image plus vraisemblable de la réalité s'il le souhaite.
Ok, ça veut dire que Hunter S. Thompson a passé un an à côtoyer ces vilains barbus en Harley Davidson, à les suivre dans leurs chevauchées sauvages, et à se battre pour défendre sa ration de bière, tentant de gagner leur confiance. Il écrit au jour le jour et on sent bien en le lisant l'évolution de son regard sur les Angels. Au départ, avant de percer leur véritable nature de “loser”, on sent bien qu'il croit en eux. Il dénonce les ravages (sur l'image des Angels) causés par les médias qui se sont embarqué dans une paranoïa générale. Et c'est vrai, je pense aussi que sans les journaux (même les plus sérieux) qui ont relayés des informations délirantes et non vérifiées (voire même parfois fausses), les Hell's Angels ne seraient jamais devenu ce qu'ils sont aujourd'hui, un véritable mythe, ils seraient resté une bande de péquenots à moto comme il y en avait plein à cette époque.
On est édifié sur les méthodes employées : « Il suffit d'avoir bossé plus de deux mois dans un journal pour savoir que l'histoire la plus délirante peut faire un papier sensationnel, avec un minimum de précautions techniques évitant au journal tout procès en diffamation en lui garantissant pourtant simultanément tout l'impact souhaité sur le lecteur. Cette technique s'appuie sur quelques mots-clés, dont « présumé » est le principal, et quelques expressions astucieuses, à savoir : « Un tel a déclaré », ou « prétendu », « on rapporte » et « selon les dires de… ». Sur quatorze brefs paragraphes l'histoire du Times comporte neuf expressions de ce genre […]. Sans bien entendu jamais mentionner ni laisser entendre que toutes poursuites ont été depuis longtemps abandonnées contre les Hell's Angels. » Bref, on a fabriqué ainsi en quelques articles l'ennemi public N°1 de l'Amérique.
Après, tout ne part pas de rien, il n'y a pas de fumée sans feu, ces motards ne sont pas des anges même si leur nom l'indique. Mais enfin, en lisant ce livre l'intérêt n'est pas de savoir si les Hell's Angels étaient des gentils ou des méchants, on s'en fiche un peu, non l'intérêt c'est de voir comment a été créé un mythe, de découvrir que ce temps était le début d'une nouvelle ère qui préfigure le « no future » qui suivra (et qui dure encore)… « le motard rebelle envisage l'avenir de l'oeil désenchanté d'un homme précisément sans avenir ».
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, ce livre donne à réfléchir, à penser, il nous fait voir notre société en face et ce n'est pas vraiment joli, l'engouement du public pour les Angels par exemple mérite réflexion, mais je vais m'arrêter là en espérant avoir donné envie à certains de se lancer eux aussi sur cette route à 180 à l'heure ^^
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