À l'occasion de l'annonce du Grand prix de littérature américaine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le Book Club s'intéresse aux livres qui nous aident à comprendre l'Amérique d'aujourd'hui.
Pour en parler, nous recevons Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel et créateur du Grand prix de littérature américaine ainsi que Nicolas Richard, auteur et traducteur. Il a notamment traduit Hunter S. Thompson, Thomas Pynchon, Woody Allen, James Crumley, Stephen Dixon ou encore Quentin Tarantino.
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- Euh, ça te dérange, si je me soûle tout nu ?
...mais arrivé là, la femme-pépète refusa de me donner plus de trois cents dollars de liquide. Elle déclara qu'elle n'avait aucune idée de qui je pouvais être, et à ce moment-là, je suais déjà à grosses gouttes.
Mon sang est trop épais pour la Californie : je n'ai jamais été capable de m'expliquer correctement sous ce climat. Impossible quand on est trempé de sueur...et qu'on a des yeux hagards injectés de sang et qu'on a les mains qui tremblent.
Vous vous étalez sur une vieille chaise en bois, vous baissez le store pour ne pas voir la circulation, et vous faites finement sauter la capsule de cinq ou huit Budweisers...vous vous fumez un paquet de King Marlboros, vous mangez un sandwich au beurre de cacahuète, et finalement vers le soir, vous vous avalez une boulette de bonne mescaline...puis un peu plus tard, vous poussez jusqu'à la plage.
Et de brume en brisants, vous barbotez sur vos pieds engourdis de froid à une dizaine de mètres des flots...clopinant à travers les tribus d'oiseaux de mer...les picoreurs de sables, les cavaleurs, les coureurs de femelle, stupides petits oiseaux, crabes et suceurs de sel, avec ici ou là un grand pervers ou un rejeté total qui boitille à distance et se morfond tout seul derrière les dunes et le bois flottant...
Les défonçants ne sont plus de mode. La méthédrine est presque aussi rare, sur le marché de 1971, que l'acide ou la D.M.T purs.
"L'expansion de la conscience" s'en est allée avec Lyndon B. Johnson...et il vaut la peine de noter, historiquement, que les tranquillisants se sont ramenés avec Nixon.
Soudain, elle m’a attrapé et m’a attiré sur elle tout en s’allongeant sur le dos.
- Fais-moi l’amour, a-t-elle commandé d’un ton catégorique.
Avec un petit rire, je me suis penché pour lui mordre un sein. Elle s’est mise à geindre et à m’empoigner par les cheveux. […] L’odeur de son corps m’excitait énormément. Je l’ai attrapée sauvagement par les fesses et je l’ai manœuvrée d’avant en arrière. Brusquement, elle s’est mise à hurler. J’ai d’abord cru que je lui faisais mal avant de me rendre compte qu’elle était en train d’éprouver un orgasme intense. Elle en a eu plusieurs, chacun dans une tempête de cris, et puis j’ai senti que j’explosais lentement en elle, moi aussi.
Il reste un instant avec l'énorme bête entre ses jambes et puis il l'arrache... dans un feulement étouffé ou un rugissement à faire trembler les vitres du voisinage - mais toujours avec maestria. Et c'est en se tirant avec style chaque soir qu'il laisse aux autres la meilleure image de lui. Chaque Angel est le miroir complaisant des autres : c'est la société de l'admiration mutuelle. Ils se rassurent les uns les autres en se renvoyant l'image de leur force et de leurs faiblesses, de leur folie et de leurs triomphes... et chaque nuit, à l'heure de la fermeture, ils se tirent en beauté ; sur le dernier juke-bose, les lumières du bar s'éteignent et, avec l'assurance des ivrognes, le "Rebelle" décolle dans le clair de lune...
Après avoir fait la queue dix minutes derrière ce petit trou du cul bruyant et ses amis, je sentis la bile monter. Comment cette espèce de FLIC -- et surtout un flic -- avait-il le culot de discuter avec quelqu'un au nom du Droit et de la Raison ? J'avais eu affaire à ces petites têtes pleines de merde qui font floc-floc --et l'employé de la réception aussi, à ce qui me sembla. Il avait l'air d'avoir été refait comme un cochon lui aussi, un jour ou un autre, par une assez jolie brochette de flics mesquins et fanatiques des règlements...
Alors à présent, il leur renvoyait leur argument : peu importe qui a raison ou tord, mec...ou qui a payé la note et qui n'a pas...ce qui compte en ce moment, c'est que pour la première fois de ma vie , je peux enfiler ça à un porc de policier : " Je vous la fous où je pense, SERGENT, parce que c'est moi qui suis responsable ici, et je vous dis qu'il n'y a pas de place pour vous."
La vie ne doit pas être un voyage en aller simple vers la tombe, avec l'intention d'arriver en toute sécurité dans un joli corps bien conservé, mais plutôt une embardée dans les chemins de traverse, dans un nuage de fumée, de laquelle on ressort usé, épuisé, en proclamant bien fort : 'quelle virée'.
A présent, la boisson commençait à couper l'acide et mes hallucinations étaient redevenues tolérables. Le garçon de service avait bien dans les traits du visage un vague aspect reptilien, mais j'en avais fini de voir d'énormes ptérodactyles patauger dans les couloirs au milieu de mares de sang frais.
Le seul problème restant était une gigantesque enseigne au néon à l'extérieur de la fenêtre qui nous bloquait la vue sur les montagnes -- des millions de boules de couleurs qui filaient en tous sens selon un tracé extrêmement compliqué, un filigrane d'étrange symboles émettant un fort bourdonnement...
- Regarde dehors, fis-je.
- Pourquoi ?
- Il y a un énorme...engin dans le ciel...une sorte de serpent électrique...qui nous fonce droit dessus.
- Et bien, tire ! répliqua mon avocat.
- Minute. Je veux étudier ses mœurs.
Aucun jury ne mettrait en doute son témoignage, spécialement s'il leur parvenait bredouillé à travers un brouillard de larmes et d'obscènes retours d'acide. Et le fait qu'elle serait incapable de se rappeler précisément ce que nous lui avions tripoté nous interdirait de nier.
Le jury SAURAIT ce que nous avions fait.
Ils auraient lu des histoires avec des individus de notre espèce dans des polars à dix balles : JUSQU'A LA GARDE et PAS PLUS LOIN QUE LA PEAU...et auraient vu nos semblables dans les petits films de baise à cinq dollars.