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Critique de encoredunoir


Patrick Cosgrove a déjà purgé 15 ans de sa peine de prison pour avoir braqué une banque. Incarcéré dans l'horrible pénitencier de Sandstone, il réussit finalement à trouver par correspondance un bon samaritain acceptant de lui offrir un travail qui lui permettrait d'obtenir une libération conditionnelle. Mais Doc Luther, directeur d'une maison de repos et ses amis, sénateur, avocat ou hauts fonctionnaires de l'État, sont-ils vraiment aussi philanthropes qu'ils veulent le faire croire en fournissant un emploi, une maison et même une voiture à Patrick ? Les filles qui gravitent autours d'eux, à commencer par la femme de Doc Luther, et qui tentent de le séduire n'ont-elles pas elles-aussi des idées derrières la tête ? Si Patrick est conscient qu'il n'est qu'un pion, il lui reste à deviner quel rôle on veut lui faire jouer.

Dans ce roman qui ouvrait en 1986 la collection Rivages/Noir, on a la sensation de retrouver le Thompson que l'on connaît, obsédé par les machinations bas-de-gamme qui font le sel des faits-divers les plus glauques, par les femmes séductrices et les hommes impuissants et par la corruption des communautés. Mais, malgré la noirceur de l'intrigue, on découvre aussi un Thompson plus optimiste qu'a l'accoutumée, ressentant plus d'empathie pour son personnage principal.

S'il est un repris de justice, Cosgrove est surtout un pauvre gamin ayant pris une peine maximale pour un écart de conduite qui n'a fait aucune victime et dont le butin était ridicule. Un jeune homme profondément traumatisé par quinze ans de prison qui l'ont marqué dans sa chair et dans son âme. Et Thompson amène le lecteur à partager cette empathie, à tenter de dénouer les fils de la machination qui se met en place autour du héros. Seul à avoir fait de la prison, il n'en est pas moins le seul innocent à évoluer dans ce roman (avec tout de même l'aide d'une juge incorruptible).
Cette empathie créée relativement vite, Thompson fait monter la tension en dévoilant petit à petit les détails qui donnent un aperçu de la nasse dans laquelle est enfermé Patrick Cosgrove et, par la force d'une écriture simple, directe, mais d'une grande puissance d'évocation, fait ressentir à son lecteur le sentiment de claustrophobie et d'impuissance qui mine un Crosgrove qui n'en demeure pas moins combattif poussé qu'il est par le refus de retourner un jour dans le pénitencier de Sandstone.

Cela donne un roman où la tension est permanente, pesante, mais qui, malgré tout, laisse présager d'une fin plus heureuse que de coutume chez Thompson. Liberté sous condition est un roman sans doute plus « gentil » que le gros de la production de l'auteur mais qui n'en demeure pas moins extrêmement bien mené, cynique et prenant. Tout au plus pourra-t-on regretter un dénouement un peu rapide et cousu de fil blanc qui, toutefois, ne porte pas vraiment préjudice à un livre qui méritait bien cette édition dans une traduction qui changeait alors singulièrement du travail de boucher fait auparavant sur les livres de Thompson traduits en Série Noire.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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