Un coup discret à la porte l'arracha à ses réflexions. Son premier rendez-vous était arrivé, son premier 'patient', son premier 'client'. Les deux termes le gênaient autant l'un que l'autre. C'étaient simplement des 'êtres humains', des personnes qui allaient mal et qu'il tentait d'aider. Mais en vertu de quoi avait-il le droit de vendre aux autres des conseils sur la manière dont ils devaient gérer leur vie, les sentiments qu'ils devaient éprouver ou encore les pensées qu'ils pouvaient s'autoriser ? En vertu de quelques brèves années passées à lire des livres et à analyser des théories concoctées par des individus qui avaient eux-mêmes une vie personnelle désastreuse ?
Tout cela était absurde.
(p. 38)
Tu te demandes peut-être pourquoi la litterature m'a tellement passionnée. Et si tu imagines que les romans ont été pour moi une échappatoire, une manière de fuir la réalité et sa plénitude, alors tu vises on ne peut plus juste. Les clichés recèlent toujours une part de vérité.
Il feuilletait les journaux et écoutait la radio en prenant son café. Toutes les informations étaient du même acabit. Incertitudes, erreurs, magouilles, travail bâclé, collusions multiples, corruption, répartition inégale des richesses, crime ou délits de toutes sortes. Abus de pouvoir, abus financiers, abus e personnes, abus d’enfants.
Seule la publicité reflétait une autre image. Le marché était toujours là. La consommation était la respiration d’un cadavre vivant.
(Métailié noir,p. 12)
Sa voix était plus alcoolisée qu'avant, mais il se contrôlait parfaitement. Il était capable de garder le contrôle très longtemps, des jours et des jours durant. Jamais elle ne l'avait vu ivre ni perdre la maîtrise de ses actes. D'une manière ou d'une autre, il conservait toujours sa bonne humeur. (...) Hlynur affirmait pour sa part qu'il se sentait toujours aussi soûl, aussi plein et aussi vide.
(p. 51-52)
Asa (...) lui demande ce qu'il étudie. Il répond qu'il est en fac de psycho.
- Ça m'intéresse de savoir pourquoi les gens sont comme ils sont et font ce qu'ils font. (...) Et s'ils sont malheureux d'être comme ils sont ou de faire ce qu'ils font, poursuit-il, sincère, presque puéril. J'ai envie de les aider à mieux vivre.
(...)
Je lui murmure à l'oreille avec un sourire : les gens qui s'inscrivent en psycho le font surtout pour régler leurs propres problèmes, non ?
(p. 62-63)
Je ne mets pas les hommes en échec avec mes seins. .... je préfère désarçonner les hommes avec mes yeux, avec ce que je dis ou ce que je ne dis pas, ce que fais ou ne fais pas, je préfère les surprendre par ma personnalité.
** spoil **
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- Eh bien (...) je suppose que tu as déjà entendu des histoires dans ce style. Une femme a un fils avec un homme qui ne veut rien savoir de l'enfant. Puis cet homme a une fille ailleurs, avec une autre femme. Comment être sûr que ces deux enfants ne se rencontreront pas à l'âge adulte, qu'ils ne tomberont pas amoureux et ne coucheront pas ensemble ?
- Ce genre de chose peut arriver n'importe où et n'importe quand, concéda Hlynur en hochant la tête. Les jeunes disposent aujourd'hui d'une appli sur portable pour se prémunir contre l'inceste. Tu te connectes à l'appli 'Livre des Islandais' et ça t'évite de coucher avec ta cousine ou, pire encore, ta soeur.
Elle le regarda, perplexe.
- Une appli, tu dis ? Je ne sais même pas ce que c'est. En tout cas, quand les gens n'ont pas l'appli dont tu parles et ignorent les liens du sang qui les unissent, qui peut appeler ça de l'inceste ?
- L'Eglise, répondit Hlynur, le législateur, le Parlement.
(p. 142)
La nuit d’avant sa mort, il n’avait presque pas dormi.
Le sens du verbe islandais mata est joliment contradictoire puisque le mot signifie à la fois vaincre, remporter une victoire et évaluer une situation.
Est il gênant de déconnecter de l'affectif les notions de paternité ou de maternité ?