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Critique de LeScribouillard


Dommage que la fessée soit interdite, Emmanuelle Ménard en mériterait une bonne. de même que Carlos Ghosn, Laurent Alexandre et tant d'autres industrialo-politiques qui sont un peu nos chouchous du moment. Mais si cet article s'inscrit très clairement dans la ligne écologique contre une certaine aristocratie aveugle et bien-pensante, il n'est pas pour autant question tout comme s'en revendique le livre dont il est question ici de s'engager ouvertement pour un bord politique particulier, du moins autre que l'idée qu'on a un monde à sauver et que ce serait quand même pas mal qu'après 2050, il y ait encore des ours polaires, des pandas et accessoirement des êtres humains. Personne ne s'appelle Thanos, ici ? Bon, je continue.
L'écologie c'est bien ; on peut nier son utilité, mais personne n'ira vous dire que c'est mal de protéger la vie sur Terre. Reste à savoir, à partir du moment où nous admettons que l'humanité a foutu le zbeul dans le climat et la biosphère, comment remédier à ce léger inconvénient. Et en ce qui me concerne, je suis pour le moins assez désillusionné : entre les énergies vertes et/ou renouvelables qui ne tiennent pas leurs promesses, la stupidité économique de vouloir exploiter à l'infini un espace fini, la manipulation dans l'ombre de Gazprom, du CAC40 et autres sympathiques PME paternalistes, il semblerait que j'aie trop de raisons valables pour pouvoir me faire canaliser ma force psychique par BFM TV. L'écologie, on en parle beaucoup, on n'en fait rien : on apprend aux enfants bien comme il faut à sauver la planète car après tout ils sont la génération de demain qui va forcément tout résoudre, et dès qu'ils ont tout rejeté à l'adolescence, les quelques-uns à résister à la moutonnerie ambiante se font rejeter comme une génération pourrie, car après tout hein c'est nous les adultes d'aujourd'hui.
On aime parler de l'écologie. Ça décore bien, l'écologie. On l'affiche sur les murs, on la promène dans la rue, on l'arrose sur le bord de la fenêtre. Pas question de révéler à la plèbe les continuelles affaires de greenwashing, ni que les COP et le G20 sont avant tout des vitrines de puissance pour le pays d'à côté. Et pour rassurer les habitants. Consomme ma bouffe, consomme ma culture, consomme mes infos. Tout ne peut que bien se passer. Arrive Greta Thunberg, trublion à l'échelle mondiale qui semble indifférente aux intrigues et jeux de pouvoir. Spoil : ça lui plaît pas trop.
"Rejoignez-nous" constitue ainsi l'ensemble de ses discours célèbres, et fait office en somme du manifeste d'une pensée et d'autobiographie : une vie, une manière de réfléchir spécifique, un affrontement permanent face aux autorités et au harcèlement. Sous cette plume faussement simple et naïve, il faut en effet constater un grand sens de l'impact, avec ces paragraphes resserrés et lapidaires, parfois en rafale alors que monte l'intensité dramatique. Un procédé certes récurrent chez les écrivains modernes, et pourtant qui rend les effets de rhétorique discrets mais ô combien plus convaincants. Les chiffres sont clairs et peu nombreux, le vocabulaire ne se fait pas alambiqué. Tout au plus regrettera-t-on la redondance de quelques points d'exclamation ou leitmotivs déjà oubliés.
Alors si la douleur est grandement explicitée, si les données scientifiques sont exactes, si la rébellion proposée est non-violente, où sont les fameux terroristes écolo-gauchistes qui défraient les propos des présentateurs télé ? S'il y a une véritable argumentation, où est la fameuse idéologie religieuse et totalitaire qui effraie tant nos autorités ? S'il y a une légitimité difficilement contestable, où sont les fameux khmers verts tant évoqués par la fachosphère ?
Les choses sont ainsi faites : il faut des radicaux pour bouger les modérés. Il faut des modérés pour calmer les radicaux ; mais si l'un des deux s'éclipse, alors le mouvement de pensée se cristallise et stagne. Et en l'occurrence, je vois difficilement quelle autre personnalité aussi célèbre promeut en ce moment sans compromis un idéal sans beaux discours mais avec des arguments concrets. On dira d'elle qu'elle n'est qu'une marionnette des lobbys verts, elle donne toutes les raisons du contraire dans ses écrits ; on dira d'elle que c'est une enfant, et ce sera la juger en fonction de son âge plutôt que la pertinence et la cohérence de ses arguments ; on dira d'elle qu'elle trouble l'ordre public, j'en dirais autant de César, Napoléon, Victor Hugo, De Gaulle, Nelson Mandela, autant de leaders qui sont restés célèbres voire exemplaires de par leur fermeté en leur conviction de base. Face à l'invasion conservato-capitalisto-néolibérale imposée par Reagan, Macron et surtout Margaret Tchatcher avec son ignoble personnage de Dame de Fer, il est temps que le camp de l'alternative puisse à son tour obtenir des meneurs luttant à armes égales. On se plaint de son apparente absence de sentiments, j'applaudis face à sa fermeté. Nous n'avons pas besoin de voitures électriques ni de panneaux photovoltaïques. Nous avons besoin d'une Dame de Fer verte. Et je ne dis pas ça que pour votre culture.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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