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Citations sur J'ai perdu mon roman (60)

Ma conception de la littérature était large. Il m’arrivait de faire des lectures de ce que j’écrivais sous forme de performances, de mettre en scène mon roman, j’étais intéressée par le devenir de la fiction en dehors du livre, par l’impact de la fiction sur la vie réelle. Mes amis du Sana ne comprenaient pas pourquoi le roman que j’écrivais seule depuis des mois devenait soudainement une œuvre collective.
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Il y a des sacrifices à faire dans la vie, si tu veux écrire un roman, tu peux pas vivre, pas tout le temps. Il faut choisir. Là, on écrit un roman. » Ils trouvaient toujours des excuses, ils me racontaient qu’ils n’étaient pas dans les bonnes conditions pour écrire, qu’ils étaient malades, qu’il y avait des gens autour d’eux, que contrairement à moi leur mère ne leur préparait pas à manger. Je leur répondais que les mauvaises conditions n’existaient pas. J’aurais pu écrire en plein milieu d’une rave party organisée dans des combles.
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J’avais compris que les personnes qui vivent dans un village, particulièrement les jeunes gens, ont rarement de rivaux contre lesquels se mesurer, et que ma présence ce soir permettrait à Ava et Quentin de remonter leur ego. Il allait falloir faire le show même si je n’en avais pas la force. Pas ici, dans un village où j’étais venue me ressourcer, me cacher, me calmer.
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Ça faisait partie de notre organisation, de notre mode de vie. On recevait des gens, des amis d’amis, parfois des inconnus, et on vivait avec eux, on les aimait et on les détestait. On partageait des moments de vie, et quelquefois ça allait beaucoup plus loin, on créait des choses ensemble, des festivals, des concepts. Chaque nouvelle personne qui entrait au Sana agrandissait les possibles de la maison, jusqu’à ce que ça en pousse d’autres vers la sortie.
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Tout comme Gloria, Laura était romancière et vouait une admiration sans limites à Fitzgerald qu’elle couvrait de superlatifs dès qu’elle parlait de lui, « le plus grand, le plus beau ! ». Ça me faisait peur, tout ça, l’idée de rencontrer mon personnage dans la réalité. Je me suis contentée alors de passer quelques jours sur l’île Saint-Louis, de faire la loque entre le fauteuil de Laura et son canapé, d’enfiler ses pantoufles iraniennes afin de mieux comprendre la démarche de Gloria. J’ai réalisé que j’étais simplement venue vérifier à quel point elles se ressemblaient. J’ai fait un tour dans la chambre de Laura essentiellement décorée d’œuvres du mouvement américain Pattern and Decoration. Autant dire que c’était haut en couleur et très chargé. Laura était une femme-enfant qui portait de l’essence de Guerlain et des créations Alexander McQueen, elle adorait la littérature, mangeait du Crunch et des bonbons au lieu de faire de vrais repas. Elle correspondait exactement à ce que j’avais écrit, elle avait les mêmes goûts et les mêmes manies.
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Les meurtres qui bouleversent la petite ville californienne de Woodsboro allaient me secouer. Comme je me préparais à désobéir à la règle no 4 que j’avais moi-même fixée, « Ne jamais abandonner le roman », je suivrais désormais au mot près celles énoncées par Randy Meeks, le geek de la bande, qui connaissait parfaitement les mécanismes scénaristiques d’un film d’horreur. Je lui faisais entièrement confiance. Dès le début du film, Randy, qui bosse dans un vidéoclub, prévient ses amis et les spectateurs : « Tout le monde est suspect. » C’est la fameuse réplique. Je notais chacune des apparitions de Randy dans le film. Il devenait mon meilleur ami qui me protégerait contre le danger. Pas loin du dénouement final, Billy et Sidney sont en train de perdre leur virginité dans le lit des parents de Stuart, et à l’étage en dessous, dans le salon, Randy poursuit sa leçon scénaristique en plein milieu du film Le Bal de l’horreur. J’ai appuyé sur pause entre chacune des règles énoncées par Randy et je les ai notées dans mon carnet rose :
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Si son rythme d’écriture était trop tumultueux, je m’accrochais à ma barre de pole dance et je restais là en l’air, les cheveux agités par le souffle de mon ventilateur, le temps que nous traversions la tempête. Du haut de mon mât, je voyais que le calme revenait sur OceanSkyLine, je me rapprochais alors de mon écran et je lisais avec un accent canadien tout ce qu’elle avait écrit. Bien sûr, certains ne supportaient pas de partager avec les autres en LIVE une écriture qui « se cherche ». Philip, par exemple, contestait : « En fait tu veux regarder littéralement par-dessus mon épaule, je comprends que ce soit marrant, mais c’est pas ma méthode. D’abord, j’écris seul sur Word puis, uniquement si je suis satisfait, je partage. » Je lui disais : « Je comprends ce que tu ressens. Mais je ne pense pas que ta méthode soit la plus efficace. Profite d’un regard extérieur en direct sur ce que tu écris. Bénéficie de plusieurs cerveaux. Tu verras ça t’aidera à aller plus loin, plus vite. »
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Ma mère ne comprenait pas ce que je faisais, seule dans ma chambre, en maillot, assise à côté de mon ordi ou allongée avec lui. Dès qu’elle commençait à me parler, je devenais agressive. C’était comme si elle interrompait les auteurs dans leurs envolées. C’était impoli. Je lui disais de partir. Si j’étais lancée dans l’écriture et qu’elle entrait de manière impromptue, par exemple, pour ranger mes culottes dans la commode, il m’arrivait de lui dire avec autorité : " J’écris."
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En France, devenir écrivain, ça ne s’apprend pas, on est écrivain ou on ne l’est pas. Je n’avais jamais quitté l’Europe. Mon rêve, c’était de faire la traversée de l’Atlantique en bateau, ça coûtait à peu près 2 000 euros en ferry ou en cargo. Je donnais quelques cours de littérature par-ci par-là, mais ce n’était pas suffisant, même si je volais dans les grandes surfaces, faisais de la récup à la fin des marchés et ne payais pas de loyer.
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Jeffrey avait l’air d’avoir un corps vide dans lequel n’importe quelle âme, bonne ou mauvaise, aurait pu s’installer. Il ne prêtait attention à rien, sinon aux sensations environnantes qui traversaient son long corps pâle et lisse. Il a sifflé les dernières gouttes de sa Jupiler, puis d’un geste sec a broyé d’une main son gobelet en plastique avant de le jeter nonchalamment par terre.
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