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Citations sur Les quatre trésors du ciel (10)

Je ne suis pas dans une ruelle sombre, quand on me kidnappe. Il ne fait pas nuit noire. Je ne suis pas seule.
Quand on me kidnappe, j’ai treize ans, je me trouve au milieu du marché aux poissons de Zhifu dans Beach Road et regarde une grosse dame empiler soigneusement des poissons blancs en forme de piques. Accroupie, les genoux contre les aisselles, elle dispose les plus beaux au-dessus du lot. Autour de nous, les autres vendeurs font de même. Leurs piles, à eux, sont disposées sur des filets tendus au-dessus de seaux recueillant les ruisselets qui s’en écoulent. Le sol luit de l’eau qui s’égoutte des créatures encore frétillantes, scintillant telles des étincelles argentées.
Le lieu sent l’iode et la chair crue.
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En chinois, chaque syllabe est essentielle et doit être appuyée de la même manière que celles qui précèdent ou suivent. Mais, en anglais, il y a des hiérarchies entre chaque mot et à l'intérieur du mot lui-même. Les sons les plus importants doivent être prononcés avec vigueur, tandis que les moins importants doivent être camouflés, atténués. C'est une sorte de partition musicale : chaque phrase a un rythme particulier, chaque mot, son propre tempo. L'anglais, semble-t-il, mêle cadence et chaos.
Chaque mot m'apparaît comme une sorte de culbuto dont on ne sait jamais de quel côté il va basculer. Il y a toujours un côté plus lourd que l'autre. La question est de savoir lequel.
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Je regarde le ciel. Les nuages glissent vers la droite. Bientôt, ils auront disparu au loin, flotteront vers un océan, un autre pays, et qui sait où ils s'arrêteront, supposer qu'ils cessent leur périple un jour. Je n'y avais encore jamais pensé, mais chaque nuage que j'ai vu au cours de ma vie se rendait quelque part. Lorsqu'on lève les yeux vers le ciel, on ne les surprend qu'à une étape précise de leur voyage. Et à cet égard, j'étais un nuage.
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Mais des têtes se tournent vers nous.
J’ai déjà vu ce garnement hier, crie un homme. Attrapez-le, qu’on lui donne une bonne correction !
Les autres poissonniers grognent leur approbation. Ils quittent leurs étals pour former une barricade autour de nous. J’ai hésité trop longtemps, me dis-je, voyant leurs épaules se souder. J’aurai bien des choses à raconter à Maître Wang si je parviens à rentrer à la maison. Et s’il ne me renvoie pas.
Attrapez-le, lance une autre voix qui s’élève, joyeuse, celle-là. La femme se jette sur moi, la bouche tordue par un rictus. Elle a les dents pourries. Derrière elle, les visages des poissonniers rosissent d’excitation. Je ferme les yeux et me prépare à encaisser les coups.
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J’ai suivi cet homme parce qu’il y a toujours des découvertes à faire, par ici. Dans ces lieux où les étrangers circulent, je trouve des pièces en argent, des mouchoirs brodés, des gants perdus. Des frivolités dont les Occidentaux raffolent. Aujourd’hui, j’ai récolté deux pièces de monnaie. Elles s’entrechoquent dans ma poche avec les quatre que j’ai gagnées chez Maître Wang. Aujourd’hui, je peux m’estimer riche.
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Bonjour, mes élèves, les saluait Wang à son arrivée.
Bonjour, Maître, répondaient-ils d’une seule voix.
Qui a regardé le soleil se lever ce matin ?
Pas moi, Maître, disaient-ils à l’unisson.
Je veux que vous le fassiez demain, et le jour d’après, et tous ceux qui suivront, et le moment viendra où vous comprendrez comment donner à vos caractères le pouvoir de contenir tout un monde.
Les élèves étaient silencieux. Pour ma part, j’étais fascinée tant par le son de sa voix, aussi stable qu’un nénuphar flottant sur un étang, que par ses paroles. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire, mais je savais que s’il existait une personne capable d’apporter des réponses à mes questionnements sur la vie, ça ne pouvait être que lui.
Dès lors, j’ai fait le vœu de trouver ma place au sein de l’école de Maître Wang. Les jours se ressemblaient en tout point : mes matins étaient consacrés au balayage, puis, dès que le soleil était levé, je me ruais sur mon bol de porridge et la petite soucoupe de légumes qui l’accompagnait.
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Ce qui va suivre est l’histoire d’une pierre magique. Elle m’a été contée par ma grand-mère. Ce qui va suivre est également l’histoire de l’origine de mon nom.
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Si mes parents me voyaient, ils riraient,qu'est qui te fait croire que tu as quelque chose de spécial demanderaient-ils. Et pourtant, ici, j'ai quelque chose de spécial. Ce sont les Blancs qui me conferent ce statut. Pour quelle autre raison s'écarteraient-ils de mon chemin dans la rue ?,éviteraient-ils mon regard, chuchoteraient-ils dans leur barbe?. Mon physique est comme couvert de syllabes d'une autre langue, tel un manuscrit d'un royaume né bien avant eux et qui perdurera lorsqu'ils auront disparu. Pour eux, je suis insondable. Je leur fais peur. Nous leur faisons tous peur.
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Je veux savoir où sont mes parents. Je peux brouiller certaines pistes, décrire des faits si proches de la vérité qu'ils finiront par devenir vrais. La répétition fabrique la vérité. L'important est la manière de raconter l'histoire.
Dans ma tête, ma vraie vie s'étale telle une tapisserie, que des ciseaux dissimulés dessous, manœuvre par des mains délicates, retaillent à loisir. Ce qui reste ressemble à mon passé, mais d'une manière plus vague.
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Nous disposons des oranges, des poires, des melons et du vin, le long de la devanture du magasin. Des offrandes pour Chang'e, la déesse de la Lune. Son histoire est la suivante: Chang'e était l'épouse de Houyi l'archer. Une année, dix soleils se levèrent dans le ciel et leur chaleur conjuguée dessécha la terre.
Houyi, avec son agilité légendaire, sortit son arc et abattit neuf soleils. Impressionnée par son exploit, la Reine des Cieux lui envoya un élixir d'immortalité. Quiconque le boirait serait transporté vers les cieux et deviendrait un dieu. Ne désirant pas être séparé de sa douce Chang'e, Houyi lui confia l'élixir afin qu'elle le mette en lieu sûr.

Mais, évidemment, le lieu n'était pas aussi sûr qu'elle le pensait. Il en va ainsi dans les légendes. Un apprenti de Houyi, du nom de Pengmeng, avait eu vent de la chose. Un après-midi, tandis que Houyi chassait, Pengmeng s'introduisit chez lui et obligea Chang'e à lui donner l'élixir. Elle préféra l'avaler plutôt que de lui obéir et s'envola aussitôt vers la lune, l'endroit des cieux le plus proche de la terre. Elle voulait rester près de son époux, voyez-vous. Les soirs de pleine lune, Houyi disposait dehors les fruits et les pâtisseries préférés de Chang'e, pour qu'elle se régale et se rende compte du point auquel elle était aimée et regrettée, même d'aussi loin que la lune.
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