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Critique de SolennMirarchi


« Alors il me fixe et cherche encore, il fouille en moi pour arracher une émotion, du plaisir ou de la douleur. Il voudrait me pénétrer par là aussi, par les yeux, par l'esprit, que je dise oui, oui ! que je lui donne autre chose. Mais non, je pense à maman, à notre vie d'avant, avant qu'il n'arrive chez nous et je me vois danser nue devant le miroir de ma chambre, nue encore devant celui de la salle de bains. Cette petite fille est devenue quelqu'un d'autre, une image, une amie que je lui abandonne, que je trahis. Mais je ne peux pas faire autrement. »

La parole est à Lolita.
Cette simple phrase pourrait vous résumer ce formidable journal qui donne voix à celle oubliée depuis 64 ans.
Celle dénigrée, souillée, abîmée, abusée, violée par cet homme qui, en un tour de magie d'une beauté littéraire cruelle, nous aurait presque fait pitié.
Pauvre Humbert, victime et prisonnier de ces envies délirantes, de ces bouffées de pensées immondes, de ces rêves de nymphettes abjectes.
Pédophile en costume gris justifiant sa dégueulasserie.
Ici, les mots sont pesés.
Lucides et crus.
Romantisme évanoui. Romantique n'ayant jamais existé. Romantisme nous ayant placé dans une position qui doit nous questionner.
Humbert a volé une adolescente. Volé une adolescence.
Le talent fou de l'immense Vladimir Nabokov nous embarquait dans leur road-trip, au coeur de cette étrange relation.
Le talent de Christophe Tison, lui, est là pour nous ouvrir les yeux. Les garder grands ouverts.
Vigilants devant les mots, aussi beau soient-ils.
Pour placer et replacer chaque geste, chaque parole, chaque pensée.
Lolita est là. Telle qu'on la connaît.
Acide, piquante, pimpante.
Lolita est là. Telle qu'on l'a crée.
Provocante, insoumise, sensuelle et sexuelle avant l'heure.
Il fallait oser donner la parole à cette victime qu'on oublierait presque.
Se l'approprier tout en évitant les travers qui, facilement, auraient pu se dresser.
Ce journal ne la rend pas seulement victime, il la rend vivante.
Tout en nuance et en pensée.
Terriblement moderne, il est publié à une époque où il apparaît comme essentiel que quelqu'un lui ait offert ses mots.
Lui ait noircit ces pages.

Amateur ou non de l'oeuvre originale (même si c'est toujours une bonne idée ou excuse de la lire ou relire 😉) : FONCEZ !
C'est envoûtant, sublime, et dérangeant.
Criant de vérité, c'est une découverte que vous ne pouvez pas laisser passer.
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