« Parfois le destin a besoin d’un petit coup de pouce. »
C’est la première fois qu’un garçon me perturbe juste en m’observant ainsi. On dirait qu’il semble lire ce trouble en moi car le sourire qui illumine son visage lui donne un air un peu trop sûr de lui.
J’ai la chance d’avoir une bonne mémoire, il me suffit d’être attentive et de me concentrer sur un point fixe pour que mon cerveau enregistre sans effort les informations que j’entends. Je fais la fierté de mes parents en ayant de bons résultats et eux, en me laissant faire ce que je veux ! C’est vrai que je n’ai pas à me plaindre, mes parents ont toujours cédé à toutes mes demandes sans exception.
Je la regarde quelques instants en espérant qu’elle se retourne, mais rien. Je remarque malgré tout qu’elle hésite, qu’elle ralentit son allure pour aller rejoindre ses amies et alors que je suis sur le point de retrouver Anthony et de le féliciter, elle m’interpelle pour me demander comment je m’appelle. Je me retourne vers elle et suis surpris de la trouver si proche de moi. Apparemment elle est revenue sur ses pas et me fixe intensément dans l’attente d’une réponse. La jeune demoiselle serait-elle intéressée par ma personne ? J’ai envie de jouer un peu, d’attiser sa curiosité et me contente de lui adresser le plus beau de mes sourires sans quitter son regard.
Une jolie blondinette est installée sur ses genoux et ne semble pas décidée à en descendre. Je me dirige vers leur table alors que ces derniers sont en pleine découverte buccale. Bordel, ils sont dégueulasses à se donner en spectacle comme ça.
Eh oui pour devenir Stewart, il serait plutôt pas mal qu’il sache parler plusieurs langues. Sauf qu’il n’a pas la même optique sur ces cours à première vue. Avec les potes, on l’avait prévenu que s’envoyer en l’air avec sa prof d’Italien n’était pas l’idée du siècle. Elle était bandante c’est vrai et sa langue était, à ses dires, très friande de son service trois pièces, mais si insatiable qu’elle soit, sa moyenne a vite frôlé la catastrophe et il a échoué au bac.