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Critique de Presence


Ce tome est le premier d'une série de 4. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014, écrits par Paul Tobin, dessinés et encrés par Juan Ferreyra qui a également réalisé la mise en couleurs directe. Les couvertures ont été réalisées par David Palumbo. L'histoire met en scène les Ingénieurs présentés dans le film Prometheus (2012) de Ridley Scott. Elle se poursuit dans le Feu et la Roche T02 : Aliens.

Le 04 avril 2090, une sonde automatisée pénètre dans l'atmosphère de l'une des 3 lunes du planétoïde Calpamos dans le système Zeta II Reticuli. le 07 avril 2090, elle s'écrase contre un obstacle non détecté, ressemblant à la jambe d'un géant. le 12 janvier 2219, le vaisseau Helios approche de la lune de LV-233. Il est asservi au vaisseau amiral Geryon. Clara Atkinson, journaliste, s'adresse à la caméra autonome flottante pour commencer son reportage sur ce voyage spatial longue distance. Elle fait le tour du vaisseau présentant d'abord Angela Foster, la capitaine qui est en train de manger, puis James Weddel le médecin qui lui roule un gros patin, puis Francis Lane l'astrobiologiste. Elle explique ensuite le rôle d'Elden, une sorte d'androïde assez avancé. Elle montre ensuite Persée, le vaisseau de reconnaissance, bien armé. Elle indique que Galgo Helder, le responsable de la sécurité est encore cryogénisé, en attendant que la navette soit arrivée dans l'orbite de sa destination, ainsi que Piper et Higgins, deux autres membres de la sécurité, des soldats privés. le 14 janvier 2219, le vaisseau Geryon est en approche de la lune LV-233.

Dans sa cabine, Angela Foster enregistre son propre journal de bord privé, dans lequel elle précise qu'elle n'a pas encore révélé la véritable nature de la mission à l'équipage : localiser un ou plusieurs Ingénieurs. En fait leur mission est de suivre les traces de celle de Peter Weyland qui s'est déroulée en 2090. Il s'agit de mener à son terme la mission de Weyland qui avait pour objectif de découvrir l'origine de la race humaine. Les 2 vaisseaux Persée et Helios se séparent du vaisseau amiral Helios pour entrer dans l'atmosphère de la Lune, l'un commandé par Galgo, l'autre par Singh. Celui commandé par Galgo comprend également la capitaine Angela Foster, et il se pose en bordure d'une forêt, à la grande surprise de l'équipe qui n'avait pas supposé l'existence de végétation. En avançant prudemment entre les arbres assez espacés ils remarquent quelques animaux évoquant des singes avec une dentition acérée. Ils arrivent bientôt devant un espace dégagé jonché de carcasses d'animaux, comme s'il s'agissait d'un champ d'abattage. Ils se demandent quel peut être le prédateur. le dénommé Francis prélève quelques fourmis comme échantillon.

La maison d'édition Dark Horse Comics a été créé par Mike Richardson en 1986. Dès 1988, elle a commencé à acquérir des franchises de film pour en faire des adaptations et des suites : Alien en 1988, Predator en 1989, Terminator en 1990. Ces séries ont depuis été rééditées dans des omnibus. Sans être révolutionnaire, elles étaient appréciées pour leur fidélité au film, et leur cohérence avec chacun de ces univers, un travail professionnel, par opposition à des produits vite réalisés à moindre frais, destinés à se vendre uniquement par la renommée des films. Dès 1990, Mike Richardson a obtenu le feu vert pour réaliser un crossover entre les franchises Aliens & Predator (également réédités en omnibus) : Aliens Vs. Predator, avant le premier film du genre en 2004. La sortie du film Prometheus a permis de réinsuffler de la nouveauté dans ces séries, mise en oeuvre en format comics avec Fire and Stone. Pour ce nouveau crossover, les responsables éditoriaux ont choisi une forme sortant de l'ordinaire : une série de 4 miniséries, complétées par un numéro de conclusion Prométheus Oméga. La tâche n'est pas facile pour les scénaristes. Ils doivent bien se plier aux contraintes de la coordination entre chaque minisérie, mais aussi respecter le cahier des charges de l'univers dans lequel se passe leur histoire, et répondre aux attentes des fans attirés par les éléments spécifiques du ou des films. Ici le lecteur s'attend à voir un Ingénieur, à fouler le sol de la lune LV-223, à patauger dans le liquide noir et peut-être à entrapercevoir un xénomoprhe, l'épave du Prometheus et même un androïde.

Dans ce premier tome (ou cette première partie), le lecteur venu pour Prometheus est comblé, avec une belle palanquée d'Aliens en bonus. Paul Tobin sait installer la tension dans son intrigue. Les personnages sont juste assez développés pour pouvoir déclencher le minimum d'empathie nécessaire. le lecteur sait que les protagonistes ont vraisemblablement une durée de vie limitée : 4 épisodes s'ils survivent, moins sinon. Néanmoins il se retrouve vite impliqué par l'enjeu qui est de progresser prudemment dans un territoire inconnu. Il se laisse prendre au jeu de l'exploration, et ressent un minimum de sympathie pour ces individus qui vont au-devant de périls mortels qu'ils ne peuvent pas anticiper. Il y a assez d'éléments en place pour que l'issue de cette expédition ne puisse pas être complètement anticipée. le lecteur se doute bien que les humains ne feront pas le poids face aux xénomoprhes, mais il y a également la variable imprévisible constituée par la présence d'un Ingénieur, de l'épave d'un vaisseau spatial, et du liquide noir accessible aux humains. le scénariste réussit à garder le cap, et à rester dans le cadre d'un récit placé sous la silhouette de l'Ingénieur, plutôt que de de basculer dans un récit Alien. le spectateur ou le lecteur habitué des Aliens peut regretter leur utilisation un peu facile, dépourvue de métaphore, juste des monstres qui ne lâchent jamais.

Du fait du nombre de variable, le lecteur se retrouve entraîné dans une partie de massacre dont l'issue n'est pas si certaine que ça. Son immersion se trouve facilitée par la qualité des dessins de Juean Ferreyra. Pour ce type de récit de science-fiction surtout basé sur l'aventure avec une dimension horrifique, il faut un artiste capable de faire mieux que régurgiter des visuels prêtes à l'emploi manquant de consistance. La combinaison de traits encrés et de couleurs directes (vraisemblablement à l'infographie) permet d'aboutir à des images présentant une bonne densité et une bonne variété d'informations visuelles. Dès la première page, le lecteur bénéficie d'une présentation avec des cases de la largeur de la page qui présentent l'arrivée de la sonde, avec une texture palpable de l'atmosphère, de la brume et de la poussière soulevée par la sonde. Tout au long des 4 épisodes, le lecteur peut se projeter aux côtés des personnages dans les coursives et les espaces de vie des vaisseaux, parfois confronté au gigantisme de ceux construits pour l'Ingénieur. Il retrouve ces espaces confinés et enténébrés propices à la présence de créatures avec un niveau de crédibilité visuelle satisfaisant. Il se déplace avec précaution entre les arbres, regardant d'un air suspicieux les singes évoluer de branche en branche. Il passe avec précaution sur les arches qui surplombent un immense lac de liquide noir.

Le lecteur suit donc des personnages dans un environnement consistant et dépaysant, de nature extraterrestre, propre à recéler des surprises dans sa faune et sa flore, et l'ambiance lumineuse souligne que ces surprises seront désagréables à court ou moyen terme. Juan Ferreyra apporte le même soin à la représentation des éléments technologiques qu'il s'agisse des combinaisons spatiales ou d'exploration, des vaisseaux et des armes, en respectant leur apparence visuelle dans le film Prometheus et dans ceux d'Aliens. Il se retrouve confronté à la même difficulté que dans tous les comics ou bande dessinée, pour faire naître l'angoisse avec les aliens. En effet, par opposition aux films, il ne peut pas maîtriser la vitesse de découverte par le lecteur. Comme beaucoup d'autres avant lui, il se retrouve à dessiner des monstres implacables, des machines à tuer, plutôt que des organismes entièrement conçus pour la survie, ayant beaucoup perdus de leur mystère. Cela ne l'empêche pas de réussir les scènes d'horreur, les dessins ayant un impact assez fort, par exemple pour les individus éviscérés par les aliens, ou celui à qui quelqu'un injecte du liquide noir à titre d'expérience.

Cette première partie (sur 4) de Fire and Stone s'avère assez réussie. Paul Tobin sait utiliser les éléments du film Prometheus avec intelligence. Il raconte une mission spatiale en lien direct avec celle du Prometheus, mettant en scène une équipe bien préparée avec juste assez de personnalité pour exister. Les pages de Juan Ferreyra montrent un monde palpable et assez étranger pour être extraterrestre. À l'issue de cette première partie, le lecteur peut regretter que ce chapitre soit assez court et que les Aliens aient été réduits au rôle de simples monstres d'une redoutable efficacité, générant un bon niveau d'horreur, mais perdant leur spécificité d'espèce assurant sa pérennité à tout prix.
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