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Critique de dido600


Rares sont les chanteurs français qui sont arrivés à distiller dans leur oeuvre, avec à la fois finesse et violence, la nature de l'Homme, ses espérances, ses fantasmes, ses peurs et ses zones noires et inexplorables. Il est rare aussi de vouloir écouter la même chanson en boucle, plusieurs fois dans la journée comme pour se ravitailler, se purifier, purger ses souillures et laver ses yeux.
acques Brel est l'un de ces chanteurs, de ces artistes, qui ont su transpercer le rideau de fer séparant l'Homme de sa vérité, d'une lucidité parfois cruelle mais essentielle. Il a choisi de partir en voyage au fin fond de l'Homme, de la vie et de la mort pour découvrir cette Chose, cette sublime force qui nous hante et qui, de là où elle se cache en nous, réussit à raviver notre espoir, notre rage de vivre et notre colère.
En chantant, Brel ne fait que chevaucher l'univers à la quête d'une paix et d'une vérité. Il espère des mots, des airs de musique et des cordes de sa guitare de le conduire à sa patrie, à son ultime destinée. Citadin chevronné, intelligent dans ses relations avec les mortels, Jacques Brel demeure cependant un étranger, un troubadour incompris et incompréhensible. Son amour pour l'aviation et la navigation, qui occuperont, après sa maladie, le plus clair de son temps, traduisent à merveille ce besoin « d'aller voir ailleurs », de reconquérir sa vocation primitive de nomade, de sans-destination-fixe, de chasseur et de pourchassé… En compagnie de sa fille et de sa dernière compagne, la Guadeloupéenne, il entreprend le tour du monde à bord de son bateau « L'Askoy » et croit, ce faisant, trouver la solution rêvée de s'éloigner de tout, de ne rien voir autour que le vide sublime de la mer et de ne rien entendre que le silence rythmé de la nature.

Le corps, parfois, pire ennemi des besoins de l'esprit, la maladie contraint le troubadour de baisser les voiles. Il choisit donc les Marquises pour s'installer et retrouver dans la sauvagerie innée de ces iles sa tranquillité perdue et tant recherchée. Il y compose son dernier album, portant le titre « Les Marquises ». Il tire sa révérence peu après, en disant à ses amis restés à son chevet : « Je ne vous quitterai pas ». La promesse est tenue, effectivement, Jacques Brel, l'un des plus grands artistes de la chanson française, ne nous a pas quittés. Son oeuvre et sa vie n'ont jamais perdu de leur flamme et l'amour dont il fut choyé de son vivant n'a été altéré ni par le temps ni par sa disparition physique.
Les poètes ne meurent jamais; leur oeuvre, tel un Livre sacré, veille sur leur immortalité et les empêche de disparaître dans les flots de l'oubli.
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