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Critique de Soleney


La Geste du Sixième Royaume a reçu le prix Imaginales en 2012. Ayant déjà lu et adoré La Maison des Mages, évidemment, je me suis jetée dessus dès que l'occasion s'est présentée.

J'ai été un peu déçue de ce premier roman. Pour moi, le style est moins maitrisé, certaines phrases étaient maladroites, un peu lourdes ou sujettes à pléonasme. Clairement, j'ai senti une évolution d'écriture. La plume de la Maison des Mages est parfaite. Vraiment. Pas un mot de trop, pas une expression mal placée, pas une révélation mal amenée.
Du coup, je suis surprise que ce soit le premier tome qui ait eu le prix et non le second.

Mais au-delà de la plume, il y a l'histoire. Celle-ci présente des similarités avec La Maison des Mages : rebondissements, personnages, intrigues… La destruction du Cloître des Masques, la réhabilitation d'Aevar, Eorr et Naorl, Tiul et Llir, Qiruë et Maev, Anthalus et Corius… Peut-être la trop grande ressemblance a été fatale au second volume ?
J'ai cependant beaucoup aimé les problématiques soulevées, et notamment la question de la fatalité, du destin, du bien et du mal, de la Nature et du Progrès (nature/culture, dirait ma prof de philosophie). Oubliez le manichéisme propre aux romans de fantasy. Les deux Aspects, comme le yin et le yang, sont des opposés complémentaires sur lesquels le monde repose. Ils se battent continuellement, mais ne peuvent le faire directement : ils doivent élire des Hérauts et des Peuples pour s'affronter à leur place (c'est une des Règles auxquelles ils obéissent). La Nature du Père n'est pas le bien : elle ignore le principe de l'honneur puisque les faibles doivent mourir pour nourrir les forts. le Progrès du Maître n'est pas le mal : il cherche l'amélioration constante et respecte les faibles. Mais tous deux sont cruels avec les pions qu'ils manipulent.

Les personnages en bavent. Vraiment. Je ne m'y attendais pas – c'est satisfaisant. Ce n'est pas parce que ce sont des Héros que les protagonistes ne sont pas à l'abri de la mort. Llir, tout particulièrement, en apprend beaucoup sur la raison de son statut, et la Vérité lui fera beaucoup plus mal que toute douleur physique.
Mais malgré les révélations qui sont faites, j'ai trouvé qu'ils restaient un peu plats. Prévisibles.

Mais ce n'est qu'un petit bémol. Ce roman a beaucoup de qualités à mes yeux, et notamment l'originalité du monde imaginé : un continent circulaire divisé en cinq royaumes humains, et un sixième, logé en son centre. Une forêt dont on dit qu'elle abrite des créatures surnaturelles. Beaucoup répondent que ce ne sont que des contes de bonnes femmes.
Les races sont très intéressantes : les sylphides sont tellement connectées entre elles qu'elles ne connaissent pas l'individualité. Elles sont comme des neurones dont le cerveau serait l'Esprit de Ruche.
Les dragons ne sont pas ces grands lézards carnivores et cracheurs de feu que nous connaissons, mais des sortes de diplodocus qui, comme les koalas, passent leur vie à manger parce que leur nourriture est hypocalorique. Cela fait des décennies que plus un oeuf n'a été pondu, faute d'énergie.
Mais mes préférés sont les Chroniqueurs. Des hommes aux pouvoirs spéciaux qui apparaissent dès qu'il se produit un Événement digne d'entrer dans l'histoire et le consignent sur une orbe. Cette orbe est destinée à être incrustée sur le Mur des Connaissances de Sithylboréa, leur capitale. La neutralité est leur valeur la plus absolue. Un Historien ne doit certainement pas interférer avec le déroulement des choses, ni émettre le moindre jugement de valeur en consignant l'Événement. Pour les humains, en voir un signifie que la décision qu'on s'apprête à prendre aura des conséquences historiques.

À l'image de la neutralité de ces personnages, Adrien Tomas s'efforce de nous donner les points de vue des héros, mais aussi de leurs opposants - les Hérauts du Maître. J'ai beaucoup aimé les chapitres qui leur étaient consacrés.

Je repense au tome 2 et je réalise qu'il y avait quelques détails qui m'avaient échappés. Comme l'identité de la Mère Supérieure des Masques, par exemple. Comme la véritable nature de la chamane qui éduque Moineau. C'est plaisant. Ça me donne envie de le relire.


Bref : bonne série, bon auteur, affaire à suivre !
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