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Critique de Alzie


Alzie
02 septembre 2017
Le fauve sicilien en symbiose avec le plus italien des écrivains français grâce aux éditions Allia. La promesse pour beaucoup d'une réjouissante lecture. Et de fait à la fin il y a de quoi être comblé. « Lezioni su Stendhal » est une conférence informelle donnée par Giuseppe Tomasi di Lampedusa devant un public d'étudiants. Intitulée « Trois auteurs du XIXe siècle » (incluant aussi Mérimée et Gobineau), elle est comprise, comme l'indique une note de l'éditeur, dans un ensemble plus vaste dédié particulièrement à la littérature anglaise. Retrouvées après la mort de Lampedusa les conférences parurent d'abord en 1959 dans la revue Paragone à Florence. Suivre Lampedusa pour rejoindre Stendhal place ici le lecteur dans une forte et stimulante complicité le renvoyant à ses propres lectures ; en situation de "retrouvailles" quand ces dernières remontent à quelques lustres. L'exercice est vivant, fluide dans le déroulé, sans pesanteur dans la forme – libres allées et venues dans la chronologie des oeuvres – hors de toute rhétorique pontifiante, le commentaire est vif et sans affectation. Dès l'introduction Lampedusa évince le style professoral au profit de sa grande proximité avec les principaux personnages - Julien, Fabrice, Mathilde, la Sanseverina et consorts - des grands romans (« le Rouge et le Noir » ; « La Chartreuse de Parme », qu'il vaut mieux avoir lu c'est vrai pour goûter pleinement la finesse du propos) ; il découvre sa proximité aussi avec leur auteur et le reste de son oeuvre, « oeuvres préparatoires, oeuvres mûres, oeuvres inachevées, oeuvres inédites ». De Stendhal Lampedusa aime tout (vitalité, curiosité, exubérance, jusqu'aux exagérations), et de sa production littéraire il connaît à peu près tout rendant dans les dernières pages un hommage appuyé aux « Souvenirs d'égotisme » et à « Vie de Henry Brulard ». Il pénètre le personnage et fraye dans ses contradictions avec acuité, dévoile son esprit antiromantique comme son profond lyrisme, instruit sur son style et sa méthode – l'esthétique stendhalienne est l'objet d'une belle réflexion sur la fabrique et l'art du roman ; mais surtout Lampedusa éclaire le ressort fondamental de l'énergie créatrice polyvalente de Stendhal fondée, selon lui, sur sa doctrine épicurienne, à travers l'illustration de toutes ses autres tentatives : théâtrales (de jeunesse, Stendhal se rêvait dramaturge), écrits sur la musique et la peinture, Racine et Shakespeare, livres de voyages, chroniques, traité, nouvelles, correspondances etc.). Quelques réserves et nuances émises sur les premiers écrits alimentaires (sous pseudos quand Stendhal plagiait ouvertement, « avec génie », les auteurs italiens), quelques faiblesses ou médiocrités soulignées (« De L'amour », oeuvre manquée ; « Napoléon », ennuyeux). À côté des oeuvres majeures analysées, abouties ou non, de celles également non destinées à la publication (Stendhal est un champion de l'inachèvement) - et loin de toute espèce d'adulation insipide -, son enthousiasme pour des réussites telles que « Rome, Naples et Florence », « Les Promenades dans Rome » ou « Vanina Vanini » est si généreusement étayé qu'il donne diablement envie si on ne l'a déjà fait, c'est mon cas, de s'y plonger.
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