>
Critique de isabellelemest
Un très grand livre que cette autobiographie du pédopsychiatre disparu Stanislas Tomkiewicz, qui définit le moteur de son existence, la résilience. Adolescent dans le ghetto de Varsovie sous l'occupation nazie, il songe à se suicider. Un long entretien avec un psychiatre l'en dissuade : il a découvert sa vocation, la psychiatrie, et la rage de vivre. Se sachant promis à la déportation, il s'entraîne à l'évasion. Mais il se retrouve à Bergen Belsen, persuadé de devenir un jour un grand psychiatre à Paris, à la Salpêtriere, il en est si convaincu qu'encore dans le camp, il échange ses quignons de pain contre un costume présentable ! Rescapé, tuberculeux au dernier degré, il arrive en France presque condamné à une mort précoce. C'est compter sans sa volonté de fer, il guérit, fait sa médecine et devient psychiatre, mais n'obtient de poste que dans un centre pour enfants arriérés profonds qu'il va rebaptiser polyhandicapés et à qui il va consacrer tous ses soins et son respect, pour leur redonner leur part d'humanité. La suite de sa vie sera un combat constant pour la dignité humaine, notamment aux côtés du mouvement de l'antipsychiatrie italienne. Une magnifique leçon de courage, de résilience et de foi dans la vie, dont il est regrettable qu'elle ait moins marqué le public (c'est un euphémisme, le livre est épuisé) que l'oeuvre parallèle de son ami Boris Cyrulnik.
