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Critique de kitou94170


Le génocide arménien, horreur du 20ème siècle dont les livres d'histoire ne parlent pas, toujours non reconnu par les turcs à ce jour ! Valérie TORANIAN, elle, a décidé d'en parler, à travers le destin d'Aravni, sa grand-mère paternelle, surnommée Nani par tous ses petits-enfants.

L'étrangère, c'est elle. Une survivante qui préfère se taire. Mais sa petite-fille aimerait pourtant qu'elle lui raconte son histoire. Elle, enfant issue d'un mariage mixte, continuellement écartelée entre ces deux origines, française et arménienne. Elle devra pourtant attendre que celle-ci, tout à la fin de sa vie, accepte d'en livrer quelques bribes ! Valérie découvrira alors l'horreur.
Car Aravni a tout vécu ou presque : la perte de tout ses proches (exceptée sa tante), la déportation, « les marches de la mort », la famine, les massacres...Et enfin la survie, envers et contre tout. Mais au prix de tant de souffrances et de sacrifices ! Seul son immense amour pour son fils lui apportera un peu de lumière et de bonheur.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman, qui est un magnifique hommage d'une petite fille à sa grand-mère, un merveilleux portrait de femme courageuse, absolument émouvant. L'écriture de Valérie TORANIAN est poignante, tous les sentiments humains y sont décrits : la haine, la lâcheté, l'horreur, mais où l'amour restera plus fort que la haine, à travers l'héritage arménien qu'Aravni tient par-dessus tout à transmettre à ses petits-enfants, et arrière petits-enfants.
C'est également un témoignage de l'auteur sur sa propre vie, qui raisonne particulièrement en moi, issue également de parents « d'origine et de confession » différentes.

Pour conclure, ce roman raisonne comme un hommage à tous ces rescapés de génocide, quel qu'il soit, qui ont décidé au plus profond d'eux-mêmes d'être plus fort que la haine. A lire à tout pris.

Pour finir deux passages forts, qui m'ont particulièrement marqué, parmi tant d'autres qui résument à eux seuls ce splendide roman :

"Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé..."

« L'entreprise d'extermination totale passe par la déshumanisation des victimes : faites-en des animaux, hagards, prêts à tout pour survivre ; ils oublieront qu'ils ont été des hommes et des femmes, ils perdront leur éducation, leurs valeurs, leur solidarité. Une fois qu'ils auront déserté l'espèce humaine, il n'y aura plus d'obstacle moral à les tuer tous….. » Ma grand-mère, drapée dans son admirable orgueil,......., refusait de devenir la bête qu'ils voulaient qu'elle devienne ».

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