AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EvlyneLeraut


Brillant, empreint d'intériorité, émouvant, « Gainsbourg sur le divan » de Audrey Tordelli et Joseph Agostini est bien plus qu'une biographie à deux voix, deux coeurs, deux âmes, il est un guide, un outil, un passeur. L'hommage à Serge Gainsbourg est une danse de parapluies noires sans pathos aucun. Un clair-obscur dont les mots s'échappent et s'envolent à tire d'aile, myriade en gamme majeur. Audrey Tordelli, ose le Je. Transsubstantiation, connaissance extrême de ce personnage emblématique. « Je suis un canard qui a cherché toute sa vie à ressembler à un cygne. »Juif et pauvre ». »Parties de caches-caches interminables….La famille ne pouvait plus utiliser son propre patronyme… »Du Limousin exilé à Ginsbourg puis Guimbard…. « Ce petit chérif à l'étoile … Belle hein… » La page 23 est mémorielle et dépose une couverture de laine sur le lecteur qui tremble. L'impact est fort. Audrey Tordelli est douée dans ce Je qui va monter crescendo tel un rideau rouge confident et intime. « C'était désormais clair il y tout juste un an, nous avions encore affaire à Lucien. » « Désormais face à nous, c'était Serge. »Serge le mythique bercé à la musique classique, artiste peintre qui jette sa dernière toile en pâture, Nihiliste ou Cynique ? Les anecdotes fusionnent. Les paroles de Serge Gainsbourg dans ce Je d'Audrey Tordelli est une rencontre rare avec le Verbe grandiose. »D'abord je veux avec ma langue. Natale deviner tes pensées. Mais toi déjà tu tangues. Aux flux et reflux des marées. »Le lecteur laisse le Je sur son coeur et entrouvre délicatement « Psychanalyse du claqueur de mots » de Joseph Agostini. Ce dernier, génie évident délivre des pans de lumière tamisée. L'écriture est ciselée, claire et donnante. le style aérien, amplifie ces moments de lecture où l'analyse de Joseph Agostini est à l'instar du ciel qui s'ouvre à l'orée des confidences. le lecteur ne bouge plus. Il écoute, attentif. Il sait l'heure grave car intime et profonde. le lecteur avoue pleurer. La beauté de l'instant est trop forte, trop sublime. le lecteur comprend que Serge Gainsbourg était un grand. Il saisit tout à coup l'impact de cette biographie sur sa conscience. « Je ne cherche qu'une seule chose la pureté de mon enfance. Je suis resté intact, intact, voilà ma force. »Joseph Agostini donne les clefs. Et que ça fait du bien ! »Nous n'existons que dans le discours de l'Autre… » Nous n'avons pas « les mots » pour nous définir nous-mêmes. »La teneur verbale de Joseph Agostini est magnifique. Comment a-t-il pu céder sa place au point final ? Quel vide abyssal en lui après cette prouesse d'écriture et de confidences en écho de Serge Gainsbourg !! « Comme dit si bien Verlaine, Au vent mauvais je suis venu te dire que je m'en vais. C'est un adieu à la Russie, un exil qu'il n'a jamais connu. Y-a-t-il plus belle allégorie de la dimension imaginaire de tous les deuils ? Connaissons-nous vraiment ce que nous pleurons ? » Cette biographie, symbiose d'un vase assemblé est ce que le jour doit à la nuit. La psychanalyse est une merveilleuse passerelle pour fusionner avec le JE, l'Autre. Rester dans cette empreinte Gainsbarre et remercier vivement Les Editions Envolume pour « Gainsbourg sur le divan » si captivant et nourricier. Majeur, à lire, relire et encore relire, toujours.
Commenter  J’apprécie          31



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}