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Critique de Tiephaine


Un livre très court, où l'on parle plus performance sportive qu'exploration de l'Antarctique.

Autant le reconnaître, j'attendais autre chose, ceci d'autant plus que je m'étais appliqué à lire Seul, de Richard Byrd, pour préparer cette lecture et comparer ces deux expériences du pôle Antarctique réalisées à près d'un siècle d'écart. Là où les récits sur l'Endurance ou celui de l'hivernage solitaire de Richard Byrd mettaient beaucoup en avant le courage et l'incroyable difficulté de ces hommes à affronter le "continent blanc", je n'ai trouvé chez Matthieu Tordeur qu'un récit finalement très balisé et très peu informatif sur l'Antarctique. C'est simple: ce livre aurait pu s'inscrire dans n'importe quel contexte sans être dénaturé.
Matthieu Tordeur rédige et explique sa performance sportive, celle de relier le pôle sud depuis la côte, en solitaire, sans ravitaillement. C'est certes un exploit, entendons nous bien, mais je n'ai ressenti aucune tension dans son récit, en dehors peut être du moment où il se blesse le genou. le fait que les entrées de son journal soient généralement très courtes, et largement personnelles (on lit autant un journal intime qu'un récit sportif, finalement), ôte toute profondeur à ses réflexions, au-delà des lieux communs des coups de vent, du (relatif) froid, et des crevasses et autres formations neigeuses.

Au fond, Matthieu Tordeur n'était pas en Antarctique pour ce continent lui-même, mais pour se mesurer à lui-même. Et ça, comme je l'ai déjà dit, ça aurait pu être fait n'importe où ailleurs. Là où l'Antarctique était un personnage (presque un adversaire) à part entière dans les récits d'explorateurs, l'Antarctique ne devient qu'une toile blanche, une toile de fond sans âme particulière.

Moi qui voulais comparer avec Seul, de Richard Byrd, je suis servi. Ce que le récit de Matthieu Tordeur démontre très largement, est que l'Antarctique est passé de terre inexplorée à destination touristique pour touristes qui s'emmerdent. Il n'y a plus de mystère, plus de danger, même plus de froid, tout est désormais organisé par des professionnels qui vous font un séjour à la carte et aux petits oignons, dès lors que vous y mettez le petit billet. Et si vous échouez dans votre défi, ce n'est pas bien grave, on viendra vous chercher en avion...

Les explorateurs et les pionniers ont laissé place aux touristes et aux sportifs en mal de sensations, et si la performance de Matthieu Tordeur reste un exploit individuel, son expérience du continent n'apporte finalement rien de particulier à ses lecteurs.
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