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Critique de JIEMDE


C'est un petit livre, fait de courts chapitres. de ceux qui en quelques lignes t'attrapent dès le début, ne te lâchent plus et te retournent encore à la fin quand tu ne t'y attends pas. Un nouveau rappel pour qui en doutait encore, qu'une centaine de pages puissantes au rythme allant crescendo suffisent parfois à faire un bon livre.

Vie animale de Justin Torres – traduit par Laetitia Devaux – est le récit de l'enfance du narrateur et de ses deux frères aînés, dans une famille où les parents, Paps et Ma, ont abandonné leur rôle. D'une certaine manière ils s'aiment, certes, autant qu'ils se haïssent, marquant physiquement et régulièrement ces sentiments contrastés. Parents trop tôt, ils sont inaptes à l'éducation et à la vie normale. Jusqu'à l'innommable parfois.

Dans ce foyer hors norme, éternel cirque où les clowns tristes sont plus souvent en piste que les augustes, les enfants ont vite appris l'autonomie et la démerde. À l'extérieur, ça n'est pas mieux, leur ascendance portoricaine et leur vie misérable les mettant au ban de leurs contemporains.

« En général, on gardait nos distances, on était trois métis dans leur propre univers, et les sales blancs restaient dans le leur. On se méfiait autant d'eux qu'ils se méfiaient de nous, et on n'avait pas besoin d'eux. On se suffisait à nous même pour jouer, chasser, se battre. On était soudés. »

Grandissant dans cette jungle souvent hostile, les trois frères - « poignée de graines que Dieu a jetées dans la boue et le crottin de cheval » - ont développé leurs propres repères et pris leur destin en main. Des repères qui n'empêchent aucunement les sentiments de germer. Différemment des autres, ce qui finira par exacerber les animalités familiales déjà surdéveloppées.

Vie animale est un témoignage poignant de construction dans l'adversité, dont le cri d'espoir final sonne comme une bienvenue lueur d'espoir dans ces existences si sombres : « “Bombe le torse, bombe le torse“, je dis, je murmure, je me jure ».
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