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Critique de gerardmuller


La jeune fille verte /Jean Paul Toulet (1867-1920)
Vitalis Paschal est clerc de notaire chez maître Beaudésyme dans une petite ville du Béarn. Il est aussi l'amant de Basilida sa cousine, la femme du notaire ce qui ne l'empêche pas de presser quelque grisette sous la feuillée, les servantes Detzine et Rosalie notamment et même de lorgner comme les autres hommes le corsage fructueux d'Herminie de Charite dont le teint olivâtre de sa fille Sabine lui a donné des suées de concupiscence.
Quant à Herminie, elle n'a pas renoncé à plaire aux jeunes hommes et particulièrement à Jean de Cérizolles le meilleur ami de Vitalis, mais sait s'effacer devant ses filles Clarisse mariée à Wolfgang Etchepalao et que courtise Jean, et Sabine jalouse de Basilida l'amante de Vitalis.
Au bourg béarnais de Ribamourt, les cancans vont bon trainalimentés par un florilège d'amours clandestines.
Toute cette petite aristocratie vit noblement sur ses terres, ayant conservé du passé l'avarice et les plus basses vertus. Déjà propriétaires terriens nantis, les mines d'étain et les eaux minérales de la région les ont encore enrichis. Insouciants, maîtresses et amants vont et viennent au gré de leurs envies et « Clarisse, qui pour la première fois se sentait découverte sous les yeux d'un amant, avec ce frisson que la pudeur donne, tira le drap sur sa nudité… »
Et pendant ce temps-là, tandis que les maris sont à la chasse, Basilida nue et échevelée, broyée par la jalousie et Vitalis un peu cynique et repu songeant à Sabine, se disputent sur le bord du lit conjugal…
Sans compter avec le Père Nicolle, ce jésuite ambitieux qui d'un même coup va tenter d'arracher Herminie à son péché et en même temps préparer le périlleux avenir de Sabine de Charite avec un jeune époux riche héritier, Vitalis ! Un mariage qui va souder en quelque sorte l'aristocratie de la naissance à celle du travail, Sabine sacrifiant sa particule.
Jean-Paul Toulet, ce merveilleux poète, fut aussi un romancier. Publié en 1920, ce roman qui est le dernier de l'auteur, évoque une éducation sentimentale dans une petite ville du Béarn. Dans un style très classique et poétique, il met en scène une intrigue assez complexe de type assez balzacien. La trame sentimentale émaillée de rendez-vous d'alcôve met en jeu le rapprochement entre Vitalis et la jeune fille verte, la trame financière fait référence à un héritage dont peut bénéficier la jeune fille, et la trame politique met en jeu l'agitation de la classe populaire et les luttes de pouvoir dans le corps ecclésiastique. Cette chronique des moeurs, légère et malicieuse dans la petite station thermale de Ribamourt au début du XXe siècle, est absolument savoureuse et cocasse. C'était la Belle Époque, celle d'années surannées au parfum nostalgique ! Héritages, amours clandestines et partie de campagne fleurissent dans ce récit d'un autre temps, dans une langue poétique et raffinée.

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