D'abord, il y a eu l'odeur, puissante, répugnante: un mélange de viande carbonisée, de merde et de produits chimiques, l'impression d'avoir forcé l'arrière-cuisine du Diable.
S’accepter lui semblait être le premier pas vers une forme d’apaisement et d’humanité.
- Vous faites un peu vite l'impasse sur les nombreux témoignages d'OVNI, dit un jeune homme aux beaux yeux qui affichait une barbe de trois jours. (...)
- Depuis que les smartphones se sont répandus à la surface du globe plus rapidement qu'une épidémie de petite vérole dans le bas clergé irlandais, presque chaque bipède, du Bangladesh au Spitzberg, est équipée d'une mini-caméra portable. Or, depuis cette épidémie des portables, nous n'avons curieusement plus aucun témoignage de ce type. Vous conviendrez que c'est troublant.
A soixante-trois ans, Jackson avait compris depuis longtemps que , pour que le monde soit vivable, il avait plus besoin de mensonges que de vérités.
Tout ce qui différenciait l'humanité du règne animal dont elle s'était péniblement extraite tenait dans ces rayonnages et ces milliards de signes imprimés.
L'homme dans le miroir avait les traits marqués de son père. Une partie de sa vie était révolue depuis son divorce. Une seconde existence l'attendait, mais elle serait moins belle que le première : une antichambre de la mort, un dernier palier de décompression avant la grande plongée en apnée.
Mais c'est le top de la philosophie. Un acteur hollywoodien se devait toujours d'être une sorte de sage. Après tout, Hollywood était devenu le centre de la culture post-moderne, un lieu dont le rayonnement équivalait, sur une échelle bien plus vaste. à celui d'Athènes pendant l'Antiquité. La seule différence c'était que les préceptes socratiques étaient enseignés par Joe pesci ou Robert de NIro.
Des suicides aussi. Beaucoup de suicides.
Depuis dix ans, leur taux avait augmenté de 24% selon une étude de la principale agence gouvernementale de santé publique. Les véritables coupables agissaient en gang. Ils s'appelaient dépression, chômage, solitude et dictature de la performance. La drogue et l'alcoolisme n'étaient que des conséquences de ces maux plus insidieux qui rongeaient l'époque.
« Les gènes sont notre part d’éternité. »
L'un pourchassait les êtres maléfiques qui se multipliaient sur le cadavre en décomposition du monde, à la manière des insectes sur les macchabées qu'autopsiait l'autre.