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Citations sur Algérie, ma déchirure : Fragments de vie (20)

Car cette clause de l’injure – pas seulement contre les femmes, mais contre la révolution elle-même, contre le pays tout entier, contre son avenir – était contenue dans ce qu’on appelle le code de la famille, et que nous nommions le code de l’infamie. Il est encore en vigueur aujourd’hui. Les clauses les plus rétrogrades ont été aménagées en 2005 mais l’esprit d’infériorité des femmes y reste prégnant : polygamie, tuteur pour le mariage, inégalité dans l’héritage… conditions particulières pour la garde des enfants… pour le mariage avec un non-musulman…
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Alger, de mes enfants, mes amours, dont tu seras toujours l’ancre. Tu fus la nacelle de leurs premiers pas et de leurs premiers mots. Rien ni personne ne peut effacer leurs noms de tes rues. Ni les ostracismes, ni la bêtise, ni les égratignures… ni le temps, ni l’éloignement. […] Pourtant, c’est chez toi qu’ils sont passés au-delà des murs du racisme. C’est toi qui leur as donné ce regard ample d’enfants du monde qui ne voient ni les couleurs de peau, ni les identités figées, ni les idées sans retour. C’est en toi qu’ils ont acquis la force de l’interrogation, la force du doute, la force de l’amour des autres. Ils t’aiment, Alger, ne les abandonne pas.
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Tant d'années plus tard, alors que nos jeunesses ont été emportées dans l'épaisseur du temps, dans la multitude des chocs, des exils, des dépossessions, des désunions, des serments, des combats incessants de la vie, j'aime à renouer avec "ce temps perdu" dans la galaxie des révolutions de toutes sortes.
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Portsay symbolise, pour moi, un des seuls abris possibles, quand tout ce que nous partagions a disparu. Une île lointaine, légère, comme une aile de papillon, lourde du poids de nos mémoires.
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On ne part pas de toi, Alger,
on s'arrache,
On se déracine.
On s'exile.
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Partir et tout laisser. Va-t’en mais va-t’en donc, tu es chassée, expulsée. Rien de ta vie ne ressemblera à ce qui se fera ici. Il faut aller vers cette certitude, la débusquer, la penser seule possible, chasser les doutes, les indécisions qui cachaient mal leurs attachements. Tremblants. Avec le cœur palpitant de leurs souvenirs, de leurs habitudes, chasser les images des échappées sur la plage au pied du Chenoua, ou dans la forêt de Baïnem, oublier les effluves d’air sucré… Chasser la peur de l’inconnu, y loger un peu d’âme. Chasser les inquiétudes, le lointain n’est pas si loin, n’est pas inhospitalier. Partout on peut cueillir des fleurs, partout on s’éblouit du monde. S’arracher au passé-présent, seule cette idée est à convoquer. S’en convaincre jour après jour, heure après heure. Croire à toute force en l’apaisement, peut-être à la joie sous d’autres horizons.
Ainsi s’écrit l’exil.
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Il y avait l’Alger Blanc des concerts, des cinémas, du théâtre, de l’opéra, à l’image de ceux de La Métropole à laquelle on voulait tant ressembler et… beaucoup se démarquer ; l’Alger de la rue d’Isly avec son Milk Bar, ses Cafeteria et autres Galeries Françaises, son théâtre sur la place au bout de la rue et les boutiques de luxe de la rue Michelet… les restaurants de la côte, les bals musette de Baïnem et Padovani et les soirées chics du Club des Pins, le Front de mer, fameux, qui accueillait avec munificence les visiteurs arrivant par la mer. Enfin, l’Alger moderne, affairé, cossu, arrogant, sûr de son dynamisme, de son audace et… de sa permanence. Un Alger aux plaisirs duquel seule une petite partie de l’élite arabe, avait accès.
Pourtant, cet Alger-là, portait un fardeau d’échardes, mourait d’avoir instauré la servitude sans avoir jamais imaginé son éclipse, de n’avoir pas vu l’incandescence des bidonvilles, d’avoir permis les petits cireurs agenouillés qui n’allaient pas à l’école, fermé les yeux sur l’analphabétisme et la pauvreté au cœur même de la cité, ne voulait pas voir les campagnes rongées par la misère, d'avoir ignoré que la bourgeoisie autochtone, supposée acquise, à tort, rêvait d’un autre statut et d’un autre avenir.
Alger n’était pas seule à offrir ce visage de la séparation. Partout des villes fragmentées, divisées en quartiers étanches, repliés sur leurs nuits. Des parcelles de ghettos. Chacun chez soi, l’âme serrée du refus de l’autre. On pouvait y vivre une vie entière sans connaître jamais le voyage dans les allées des autres. Sans savoir rien des mystères qui se cachaient derrière les murs des autres. Dans leurs cœurs hors de regards, hors d’atteinte. Une amnésie voulue du réel, une amnésie de ce qui chaque jour se passait sous les yeux de tous, une espèce d’extinction de la raison. Mais voulait-on seulement savoir ? Trop lourdes à soulever les pierres des murs, trop lourde la peine au réveil sous le même ciel sans savoir quoi se dire, comment se le dire, où quand se le dire. Y avait-il seulement quelque chose à se dire ?
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Elle [mère de l’auteur] me dit un jour : « Je voudrais vivre comme un homme, car eux font ce qu’ils veulent. Je suis partie parce que je ne voulais rien d’autre que faire ce qui devrait être la conviction de toutes les femmes : ne pas subir la soumission. Je ne fais de mal à personne, je veux seulement décider de ma vie.» Elle frémissait encore de son audace, de ses audaces. Je peux témoigner qu’elle tint parole. Tout en continuant à nous couvrir de son aile protectrice et autoritaire, elle poursuivit son chemin vers l’indépendance. L’indépendance personnelle, intime. Celle qu’elle voulait s’octroyer par sa seule détermination. Elle disait : « Pour bien vivre l’indépendance du pays, il faut pouvoir vivre la sienne propre », je trouve aujourd’hui incroyable qu’elle ait eu une telle prescience alors qu’elle n’avait aucune formation ni expérience politiques.
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Des Arabes face contre le Mur, bras levés, des paras dans leur dos avec leurs mitraillettes. Toutes les fibres de mon corps qui s'affolent, une phrase leur parvient du fond de l'inconscient "Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux". J'avais appris ça à l'école de la République Française ! Ce jour-là, les mots des révolutionnaires français dégringolent des dos des arabes et s'écrasent à terre en faisant un bruit assourdissant à mes oreilles.
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(à propos de la mère de la narratrice). Elle disait : "Pour bien vivre l'indépendance du pays il faut pouvoir vivre la sienne propre."
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Il régnait chez ma grand-mère une atmosphère que je ne saurais définir. Une espèce de va-et-vient entre la vie urbaine, sédentaire, policée, et la vie nomade, échevelée comme vents d’oasis, s’esclaffant dans ses accents chantants, longs comme des interrogations sans fin… Aujourd’hui, je me demande comment elle arrivait à marier avec une telle sérénité et une telle harmonie,ces deux aspects de sa personne, de son passé et de son entourage. Deux mondes différents qui se croisaient, coexistaient, avec l’air de ne s’affronter jamais.
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