Libérez l'ours en vous

L'empathie de l'auteur pour le sentiment douloureux de l'adolescence est palpable. Elle est connectée avec son sujet et, en quelques lignes, les personnages sont là, existent, on les voit. La passion du théâtre transparaît à chaque phrase, l'auteur est portée par son sujet, indubitablement. Cependant l'autre face des qualités l'emporte dans mon ressenti : portée par son sujet, l'auteur reste un peu en vase clos avec celui-ci. Par exemple, le texte de sa pièce de théâtre, en italique dans l'ouvrage, prend beaucoup trop de place sans que la mise en abîme attendue soit particulièrement pertinente. J'ai un peu eu l'impression que l'auteur voulait nous refourguer son texte précédent. Et puis hormis la tension avec son père pour le personnage de Kolia on n'a pas l'impression que quoi que ce soit n'existe en dehors du théâtre (ou de ce qui s'y rattache, par exemple l'ancienne ménagerie) et pour le coup, cela me semble pas très crédible et cela rend les personnages assez agaçants, en fait. Christophe le prof de théâtre subi, parait ainsi inutilement "méchant" et cela impose une tension dramatique assez artificielle. On a également du mal à imaginer des adolescents qui assimilent de telles quantités de textes, lisent Les justes tout en en faisant une analyse littéraire poussée, rien que pour cacher leur projet.
Et puis de nombreux tics ponctuent le texte qui achèvent de le rendre finalement désagréable : Patricia leur prof systématiquement "adorée", une fois, deux fois ça va, tout le texte c'est insupportable. A de multiples reprises on se dit qu'aucun ado ne parlerait comme les personnages.
Bref, en tout cas pour moi, une rencontre ratée avec ce texte.