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Critique de TheReadTripper


Roman assez étrange, vendu comme un roman d'espionnage. Moi qui ne connais que ceux de le Carré, je me suis dit que ça ne pouvait pas me faire de mal de m'intéresser davantage au genre.
Mal m'en a pris puisqu'en lieu et place d'un grand roman d'espionnage, je me suis retrouvé face à la longue quoique intéressante construction d'un portrait, et pas n'importe lequel : celui de Nicholaï Hel, le meilleur tueur au monde.
Fils d'une mère russe et d'un père allemand, Hel reçoit une éducation japonaise, détestant au fur et à mesure qu'il grandit la civilisation occidentale, qu'il considère comme médiocre, veule, faible. le comportement des Etats-Unis contre le Japon durant la Seconde Guerre mondiale le confortera dans cette vision des choses.
Hel est hors-norme : il maîtrise sept langues, il est capable de tuer avec une mine de crayon ou une feuille de papier, et le shibumi, sorte d'état de perfection absolue, est ce qui régit sa vie.
Pour justifier l'élaboration d'un tel portrait, Trevanian le met en conflit avec la Mother Company, organisation mondiale qui régit des institutions telles que la CIA ou l'OPEP et gère, de ce fait, l'échiquier international. Voilà qui plairait beaucoup aux complotistes... Car, dans la vraie vie, s'il existe des assassinats politiques commandités par des Etats et des organismes comme la CIA et qu'une de manière générale les seuls complots existants sont fomentés par les lobbies industriels pour asseoir leur toute-puissance jusque dans les urnes électorales, l'idée même d'un Deep State, comme l'avance la secte d'extrême-droite QAnon, est complètement ridicule. Je ferme la parenthèse.
La Mother Company fait ici davantage office de grand méchant à la James Bond, avec des gens en costard qui jouent aux dés dans les sous-sols de la CIA. A côté, Nicholaï Hel me fait penser à Batman : riche, isolé, puissant, intelligent quoiqu'un peu fou, dieu du sexe... Il est trop parfait pour être réaliste.

Ce roman est quelque peu perturbant du fait de sa construction : le passé de Nicholaï Hel finit par rejoindre le présent de la Mother Company. Les pièces du puzzle, franchement éparses au départ, se rejoignent les unes après les autres lentement mais sûrement, il faut vraiment attendre la fin de l'histoire pour comprendre pourquoi la Mother Company se méfie autant d'un homme comme Hel. Compliqué, long, fastidieux, avec des passages parfois trop développés, d'autres pas assez... (J'aurais aimé avoir davantage de récit avec la Mother Company qu'avec Hel, par exemple). Des détails politiques, économiques et sociaux, il y en a, mais trop peu pour me sustenter.

Bref, je suis partagé : grande histoire mal traitée ? Chef-d'oeuvre du roman d'espionnage et je suis passé à côté de son intérêt ? Sans doute. Je n'ai pas trouvé la lecture longue, malgré les 500 pages, c'est dire si, malgré tout, j'ai pris plaisir à lire ce titre de Trevanian.

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