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Critique de Colchik


Shibumi est un roman inclassable. On peut le considérer comme un roman d'espionnage puisqu'il évoque les affaires douteuses de la CIA et les attentats de l'OLP dans les années 70. Cependant, il prend les allures d'un roman initiatique pour conter les jeunes années du héros – Nicholaï Hel – et son éducation japonaise. Il se situe aussi dans la lignée des romans d'aventures puisqu'il nous emmène à Shangai au moment de la guerre sino-japonaise, au Japon pendant la seconde guerre mondiale et le protectorat américain et, comble de l'exotisme, au pays basque avec quelques détours par les États-Unis et l'Angleterre. Trevanian qui a préservé son anonymat pendant plusieurs décennies, centre son intrigue sur un personnage mystérieux, joueur de Go, expert en arts martiaux, polyglotte et esthète, poussé vers le métier de tueur à gages par les manoeuvres impitoyables de la CIA. Nous découvrons Nicholaï quand la redoutable Mother Company, en cheville avec l'OPEP, a étendu sa toile sur la plupart des pays occidentaux et voit l'un de ses projets contrecarrés par une équipe maladroite de justiciers israéliens. En raison d'une vieille dette, Nicholaï – pourtant à la retraite – va reprendre du service pour sortir une jeune fille, Hannah Stern, du guêpier dans lequel elle s'est fourrée.
Trevanian tisse adroitement le passé et le présent de son héros, dénonce la cruauté et le cynisme des services secrets et mène la charge contre les États-Unis gangrenés par le profit et leur volonté de puissance. En revanche, la culture japonaise est présentée sous un jour flatteur frisant souvent le dithyrambe. L'auteur n'est pas avare de préjugés culturels qui feront sourire. La description des Basques est un concentré de folklore et d'images d'Épinal, ce qui surprend quand on sait que Trevanian, de son vrai nom Rodney Whitaker, s'était établi au pays basque. Faut-il y voir du second degré ? Un détournement humoristique d'une culture qu'il appréciait ? Peut-être, mais entre poivrots, mémés confites en dévotion, militant aux allures de Tartarin de Tarascon et population superstitieuse et méfiante, la sympathie est vacharde et la caricature jamais loin.
Il faut apprécier Shibumi pour ce qu'il est : un roman de genre foisonnant au suspense efficace.
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