Pour apprécier ce polar atypique, il faut accepter de se laisser porter par le rythme lent de l'intrigue. Si vous ne jurez que par la frénésie des polars actuels qui jouent la montre, la course aux rebondissements et le dénouement abracadantesque, passez votre chemin. Ici, la trame est ultra simple en mode traditionnel pépère meurtre – enquête – résolution.
En fait, l'enquête en elle-même n'est qu'un prétexte pour nous promener dans La Main, quartier central de Montréal, à la lisière des communautés et des milieux sociaux, pas loin du taudis cosmopolite. C'est toute l'ambiance des années 70 que l'on hume. Magistral comme ce quartier prend vie à travers une approche quasi sociologique de toute la faune locale : drogués, prostituées, jeunes filles paumées, escrocs minables, robineux ( SDF en québécois ). Pas un hasard si le personnage central, l'enquêteur LaPointe lit inlassablement la saga naturaliste de
Zola.
J'ai eu un coup de coeur pour ce personnage de vieux flic fatigué mais toujours passionné par la protection des anonymes de son secteur, rongé par des fêlures inguérissables. Un personnage profondément humain et touchant.
Le tout est porté par une très belle langue, vivante, puissante et envoutante.
Un faux polar sensible inclassable. Mon deuxième
Trevanian après la déflagration
Shibumi.
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