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Critique de Davalian


Jean-Louis Tripp, qui a notamment cosigné avec Régis Loisel la série Magasin général, nous propose ici Extases, un roman graphique suggestif. Vu le thème et l'auteur, autant le reconnaître d'emblée, ce titre n'aurait pas retenu mon attention en librairie. La description faite par Babelio a en revanche fait mouche. Et c'est donc grâce à l'opération Masse critique que j'ai pu découvrir cette bande dessinée. Merci !

Assurément, sans cette opération, j'aurai fait l'impasse sur ce volume. Pourquoi ? le prix, les dessins en noir et blanc, le thème et surtout les très nombreuses planches suggestives qui m'auraient rebuté après (dans le meilleur des cas) un vague survol. Car oui, cette lecture est à réserver à un public averti mais pas forcément aux plus de dix huit ans, quoique…

Bon d'accord, je sens que là je vais choquer… mais tant pis ! Précisons toutefois les choses. La première partie de ce roman, sans doute la plus intéressante d'ailleurs, évoque les premiers émois du jeune Jean-Louis, les premières expériences. Cette plongée dans le passé est agréable, permettant de mettre en mémoire notre propre passé. Mais le propos va plus loin. Il s'agirait presque d'une sorte d'initiation à la sexualité. Tout cela est présenté de manière habile, touchante et plutôt réussite.

Une petite mise en garde aurait toutefois été la bienvenue. Il s'agit là de souvenirs et d'expériences qui remontent à une époque où les risques et les maladies n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. Aussi, les précautions qui sont d'usage n'étaient par forcément rentrées dans les moeurs à l'époque…

Les choses se gâtent après cette première partie. C'est à partir de ce moment-là que le livre doit être urgemment retiré des mains de vos adolescents.

De discrètes, les scènes osées deviennent omniprésentes. du débutant, Jean-Louis passe directement dans une catégorie de pratiquant sans complexe. L'objectif n'est pas ici de distinguer ce qui est vraiment biographique de ce qui l'est moins, ni de juger. Mais franchement : trop c'est trop ! L'auteur a la délicate attention de présenter son point de vue tel qu'il est, d'expliquer comment il en est arrivé à rejeter toute forme de carcan. Si ce cheminement est bien présent, il passe au second plan au profit de séquences franchement… courageuses.

Car, oui, il faudra également laisser de côté préjugés et limites propres à chacun pour poursuivre ici sa lecture sans être choqué. Et il a de quoi : entre des jeunes hommes qui vivent nus et finissent par… faire des découvertes ensemble, puis la vie de l'adulte, certains passages mettront mal à l'aise. Il faudra d'ailleurs faire plusieurs pauses avant de revenir ici.

L'âge adulte n'est pas forcément celui de l'âge de raison. Si la séquence du gadget peut, à première vue et surtout pour un spectateur, sembler drôle, elle cédera assez rapidement la place au point d'orgue du roman graphique : la fête romaine. Fête qui finira à son tour en orgie annoncée. Les séquences de l'orgie en question sont inénarrables. En revanche la montée en intensité jusqu'au moment fatidique reste plutôt bien amené.

Ce paroxysme marque presque la fin de l'ouvrage. Il aurait sans doute été plus opportun de s'arrêter ici. Deux anecdotes sont encore présentées. La seconde, sur laquelle s'achève le volume, semble tout droit issue du film Mary à tout prix, quoique… ouille ! La manière de les introduire (pardon, de les présenter) est assez originale mais laisse dubitatif. Serait-ce une manière de convaincre le lectorat de rester pour la suite ?

Compte tenu du nombre de page l'usage du noir et blanc s'explique assez facilement, même si la couleur aurait ici été la bienvenue. Elle aurait été partie prenante dans ce voyage vers ce contient que le volume est cessé offrir. Malgré ce handicap, les dessins restent sympathiques, maîtrisés dès le premier coup de crayon.

C'est un sujet qui a été ici sacrément travaillé et cela ne fait aucun doute. L'on pourra toutefois regretter que certains personnages soient plus travaillés que d'autres. Hormis le protagoniste, ceux-ci ne donnent pas l'impression de vieillir. Les séquences oniriques sont plutôt décevantes, tout comme les cases qui font l'objet d'un gribouillage. Ces effets artistiques tombent à plat mais sans vraiment desservir l'ensemble pour autant.

La mise en page est dynamique à souhait. Les planches comptent un nombre variable de cases et certaines d'entre-elles proposent des panoramas, des grandes caricatures, des épisodes particuliers. Tout cela évite l'ennui.

Une suite est déjà annoncée. D'ailleurs le volume comporte le chiffre « 1 » ce qui sous-entend qu'il va y en avoir d'autres. Soyez toutefois rassurés : vous pourrez arrêter votre lecture à la fin de ce premier volume. C'est d'ailleurs à cette décision à laquelle je suis parvenu, pour l'instant du moins…
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