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Critique de hannah851


L'ange d'Ayala ou l'éducation sentimentale d'une jeune fille à l'époque victorienne tel aurait pu s'intituler ce roman d'Anthony Trollope. Les aventures sentimentales d'Ayala, de sa soeur Lucy et de leur entourage sont contées avec force de détails et de pyschologisme.

Le lecteur fait connaissance avec ses deux protagonistes après la mort de leur père, un artiste peintre londonien. Orphelines, elles sont recueillies par le frère et la soeur de leur mère défunte. Séparées, elles vont goûter, chacune à leur tour, à deux mondes très différents : les Tringle sont une famille de banquiers prospères alors que les Dormer ont comme seule source de revenu le salaire d'employé de l'Amirauté de leur oncle. Si Ayala s'installe chez les Tringle suite à leur demande, sa beauté, son attitude et son caractère vont rapidement lui attirer les foudres de sa tante et de ses cousines mais aussi l'amour de son cousin Tom. Romantique, elle est en quête de l'Amour qu'elle idéalise sous la forme d'un ange de lumière. La passion de son cousin n'est donc pas réciproque. Elle refuse d'ailleurs sa demande rendant sa présence chez les Tringle difficile.

Un échange a donc lieu entre les deux soeurs. Lucy d'un tempérament plus calme mais qui cache aussi une grande force de caractère s'installe chez les Tringle pendant qu'Ayala quitte sans regret ce foyer luxueux pour celui plus spartiate des Dormer. Si Ayala a été chassée ce n'est pas seulement en raison de son cousin mais également car elle avait su accaparer bien malgré elle un certain nombre de jeunes hommes dont le fiancé d'Augusta, sa cousine, lors du séjour à Rome. Ses cousines riches et également en âge de se marier permettent ainsi à l'auteur d'évoquer les manoeuvres parfois méprisables des coureurs de dot que Lord Tringle cherche à décourager tout au long du récit tout en essayant d'ouvrir les yeux de ses filles.

Au fil des pages, le lecteur peut voir à quel point le mariage est considéré d'un point de vue complétement différent par les hommes et les femmes de l'aristocratie victorienne. Les uns y voient une obligation si il faut atteindre une aisance financière alors que les jeunes filles y voient une priorité sociale. Les bals, les sorties à l'opéra, les chasses à courre sont des moyens pour elles d'entrer en contact avec la gent masculine. L'auteur d'ailleurs a plusieurs reprises pointe la dureté de cette société où certains personnes sont obligées de faire des choix difficiles pour leur permettre de vivre décemment notamment les jeunes filles qui préfèrent contracter un mariage de raison pour gagner une certaine indépendance et un rang social.

Si les fiançailles de Lucy sont rapidement décidées avec le sculpteur Hamel, celles d'Ayala tardent à venir car ses prétendants ne sont pas l'ange de lumière qu'elle attend, jusqu'au jour où son aveuglement disparaît. Elle comprend alors qu'elle est en train de passer à côté de l'amour.

Dans ce tableau de la société aristocratique victorienne où les questions matrimoniales prennent une ampleur inimaginable pour le lecteur d'aujourd'hui, l'auteur excelle dans la manière de multiplier les intrigues où une quinzaine de personnages vivent des aventures amoureuses, jouent le rôle de confidents ou de parents soucieux du devenir de leurs enfants. Avec une note d'humour parfois amer, le roman est agréablement vivant par son enchaînement fluide et ses rebondissements perpétuels. La publication première du roman en feuilleton explique en partie ce rythme qui n'endort à aucun moment le lecteur. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le dénouement de toutes les intrigues amoureuses et passé un agréable moment avec les réflexions de l'auteur qui n'hésite pas à s'immiscer dans le récit.

Un pavé à lire absolument pour tous les amateurs de romans victoriens!
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