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Critique de PrinceEndymion


Dans l'Angleterre victorienne du XIXe siècle, le jeune Fred Neville, futur héritier du prestigieux domaine de Scroop profite de sa jeunesse. Insouciant, inconséquent et égoïste, le jeune homme est souvent amené à se rendre en Irlande, puisqu'il appartient à un régiment. Sur les terres d'émeraude, le jeune aristocrate est amené à rencontrer la belle Kate O'Hara, une catholique romaine qui s'éprend de lui et rêve de l'épouser. Inconscient du risque qu'il court, Fred Neville donne sa parole à la jeune femme. Mais de retour en Angleterre, Neville est rappelé à l'ordre par son oncle qui a eu vent de l'affaire; si Neville souhaite demeurer son héritier, il doit renoncer à ce mariage infamant qui couvrirait d'opprobre sa lignée. Un noble protestant, avec une roturière catholique? Cela est inconcevable ! Un terrible dilemme tourmente alors le héros. Avec ce bref roman, Anthony Trollope anticipe les futurs rapports entre l'Irlande et l'Angleterre qui ont toujours été divisées par de lourds antagonismes qui se sont creusés dangereusement au XXe siècle. Fred Neville représente l'Angleterre prospère: il doit hériter d'un somptueux domaine et d'une fortune pharaonique. Kate O'Hara et sa mère personnifient une Irlande traitée comme une vache à lait par l'Angleterre; elles vivent modestement dans une petite maison, non loin des falaises et d'un château d'où rien n'échappe au regard inexorable d'un Argus à l'affût du moindre scandale. Ce roman m'a fait l'effet d'une gifle, et pas des moindres.

Dès l'incipit, l'auteur nous avertit que la lecture n'aura absolument rien d'une promenade de santé. Oeil pour oeil est l'analyse d'une destruction à petit feu, d'une société repliée sur elle-même qui s'accroche désespérément à des miscellanées de vanités: titres, prérogatives et honneurs. La plume impitoyable de Trollope dresse également un amer constat des rapports entre l'Angleterre et l'Irlande: on peut discerner dans le personnage de Mrs O'Hara, la mère de Kate, une personnification d'une envie de l'Irlande de s'émanciper du joug écrasant de l'Angleterre, de disposer d'elle-même: chaque visite de Neville à Kate engendre une épreuve pour la jeune femme et sa mère. C'est un roman tout à fait percutant de véracité, et qui aujourd'hui encore résonne d'actualité. Mon seul regret est que la traduction de Victor Staquet regorge du pléonasme "mais néanmoins", lequel m'agace prodigieusement. À l'avenir, Monsieur Staquet, employez des synonymes comme "toutefois" ou "cependant".
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