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Critique de colimasson


Le couguar du haut de son territoire balaie des yeux l'horizon… En fait simple chaton d'appartement qui, du haut d'un vieux tas de détritus, s'imagine être une bête sauvage et gracieuse, Bludzee se suffit à lui-même, solitaire félin de building qui n'a jamais connu son maître. Des paquets de croquettes, un ordinateur connecté à l'Internet et beaucoup d'imagination suffisent à son bien-être.


Mais dans une ville de la taille de New-York, où les buildings plongent les uns sur les autres, il n'est pas permis de rester seul bien longtemps. Qu'il s'agisse de malfrats cherchant à pénétrer de force dans l'appartement de Bludzee, investissant chaque porte et chaque fenêtre, de Doodaï, l'ami Facebook porteur de bons conseils, ou de la curiosité naturelle de Bludzee, le portant à fureter sans mal y penser dans les appartements voisins, la solitude relève du concept qu'il est difficile de véritablement expérimenter.


Bludzee est un personnage séduisant de bout en bout. Sa gueule de petit chaton ne dépare pas à ses croyances naïves qui lui permettent de s'amuser de chaque nouvelle situation avec une bonne humeur qu'on n'oserait pas remettre en question. Ses compagnons de route, beaucoup moins charmants, brillent soit par leur stupidité abyssale, soit par leur méchanceté criminelle (souvent, les deux se confondent). Aucun d'entre eux ne semble échapper à la règle. Si Bludzee parvient malgré tout à survivre en leur compagnie, sans doute doit-il son salut à son innocence : elle lui donne une foi inébranlable en l'avenir, ce qui le conduit bien entendu à assurer sa survie.


Super-héros des villes, Bludzee, sans vraiment le chercher, élimine les méchants les uns à la suite des autres, après bien des cabrioles dignes d'un chat de cirque. Les aventures ne s'arrêtent pas un instant, au risque que le rythme devienne parfois très fatigant. Les évènements s'enchaînent de manière cohérente mais finissent souvent par prendre les mêmes tournures, si bien que la surprise qui caractérisait la première partie de l'album devient peu à peu de la lassitude. Après plus de trois-cent pages des aventures de Bludzee, on espère avec lui que la farandole des méchants va enfin prendre fin pour permettre au chaton de retourner chez lui et de bouffer ses croquettes en paix.


Lewis Trondheim semble avoir voulu compenser la légèreté d'apparence de son trait et de son scénario (légèreté toute relative puisque, comme d'habitude, les dialogues sont truculents et personnalisés par l'humour caractéristique du dessinateur) par l'épaisseur de l'album. En d'autres termes, Lewis Trondheim semble s'être fixé l'objectif de partir de rien (l'histoire d'un chat dans un appartement vide) pour aboutir à une somme de près de quatre-cent pages. Moitié moins aurait été suffisant. Mais qui sait, peut-être sous-estimons-nous les capacités d'imagination de nos félins domestiques ?
Lien : http://colimasson.over-blog...
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