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Critique de Thyuig


Thyuig
02 septembre 2012
Rattrapage pour les néophytes : avec Lapinot, Trondheim a réussi à créer une série aux personnages récurrents mais dont les rapports différent à chaque album. Plus clairement, chaque personnage est une comédien qui endosse le temps de l'album le costume du rôle qui lui a été attribué. Aussi si Richard (le chat) est le plus souvent l'ami "débile"et regressif de Lapinot dans Slalom ou Pichenettes, il est un rival amoureux dans Vacances de Printemps, un vilain méchant dans l'accélérateur atomique et un quidam très porté sur la logique de la non-violence dans l'album qui nous intéresse ici : Blacktown.
Il y a donc pour chaque aventure un contexte qui change, mais aussi un registre lorsque Trondheim se confronte à la comédie romantique, au fantastique, à la satire ou au western. Ainsi, à partir du même matériel brute : des comédiens bien référencés graphiquement et un background déjà reconnu par le lecteur, Trondheim a toute liberté de surprendre et de délier son imagination au profit du scénario lui-même et bien entendu des dialogues absurdes façon pièce de théâtre, une spécificité toute "trondheimienne".
C'est à dire vrai la sortie récente (et sa réussite) de Texas Cowboys qui m'a donné envie de me replonger dans l'univers de Lapinot et plus particulièrement celui de Blacktown, histoire de pouvoir confronter d'abord les univers de ces deux westerns, mais aussi d'appréhender l'évolution de l'auteur en presque quinze ans de pratique bédéaste.
La scène d'ouverture se déroule au saloon lors d'une partie de carte. Il ya un tricheur que Richard va réussir à circonscrire par la seule force de sa rhétorique. le décor est planté : nous sommes en face d'une communauté raisonnable de l'ouest sauvage; autrement dit une antiphrase mais surtout le point de départ de l'ironie souhaitée par l'auteur. Dans cette petite ville apparaissent coup sur coup deux nouveaux protagonistes, d'abord Lapinot visiblement en fuite et ensuite le "général lee", un vieux des montagnes qui aurait découvert de l'or.
C'est ici que tout bascule, la fièvre de l'or couplée à la haine classique de l'étranger va plonger Blacktown dans une suite violente où emprisonnement, lynchage, pendaison et tir à vue seront autant de prétextes pour Trondheim de livrer son profond dégoût pour la bien-pensence et la morale, maux nécessaires à l'habitat communautaire, à "l'habiter ensemble".
Trondheim a évolué, Texas Cowboys même caricatural et parfois ironique ne prend pas le contrepied du genre auquel il se réfère. Au contraire, tout Lapinot trafiquait fortement avec l'usage des genres et avec l'ironie d'une situation lorsque le contexte et sa compréhension immédiate différaient par l'absurde. Mais même dans ce cadre, la douce moquerie, l'ironie qui provoque des crises de rire, relire Blacktown (et l'accélerateur atomique, Pichenettes, Slalom, la couleur de l'enfer et Walter) est un plaisir immense.
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