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Critique de Isa0409


Il y a des livres qui vous marquent, des premières de couverture que l'on n'oublie pas, malgré le temps qui passe.

Cet été, je me promenais dans Colmar lorsque tout à coup j'aperçus, perdu parmi une centaine d'autres livres maintes fois lus, une petite frimousse dans des tons sépia, des joues pleines qui donnent envie de les pincer, et des yeux noirs porteurs d'un petit regard triste. « Viou ! », m'écriai-je.

Je m'empressai de récupérer ce trésor abandonné et avec lui, tous les souvenirs de mon enfance, de ma classe, les rideaux bleu roi, la sonnerie de 09h45, la cour de récréation et tant d'autres, car j'avais 11 ans lorsque j'ai lu Viou pour la première fois.

16 ans plus tard, je retrouve avec le même enthousiasme le quotidien de la petite Sylvie, dans cette campagne ouvrière et travailleuse, dans cette maison bien trop grande pour une petite fille et ses grands-parents, bien trop froide aussi, car le poids du passé, de la guerre, la disparition du père est une plaie béante qui ne guérit pas, une douleur qu'on expose, à l'image de ce portrait glacial qui trône dans la chambre.

La maman de Sylvie s'en est allée travailler à Paris, dans le cabinet d'un docteur et ami, et elle ne revient voir sa petite fille que pendant les quelques vacances qu'elle peut s'octroyer. Bien que séparées de milliers de kilomètres, les quelques lettres que mère et fille s'échangent témoignent de l'amour inconditionnel qui les unit.

La vie de Viou n'est donc pas facile, il faut dire qu'elle n'est pas très bonne à l'école, au grand dam de sa grand-mère qui la voudrait plus studieuse. Sa grand-mère n'a d'ailleurs pas les qualités que Viou lui voudrait et que l'on prête généralement aux vieilles dames ; ni réconfortante ni aimante, Viou fait face à un roc, une femme pieuse, acerbe, dont la droiture n'a d'égal que sa sévérité.

Son grand-père est un homme bien plus drôle, il n'hésite pas à taquiner sa femme et à la rabrouer devant leur petite-fille, ce qui a le don d'agacer la première et de ravir la seconde. Papi a un coeur, les yeux rieurs et il la fait sourire avec ses clins d'oeil, et tout de suite la vie est plus belle, et les quelques câlins que Viou offre clandestinement à son chien, son meilleur ami et son confident, ne font qu'accentuer ce sentiment de bonheur simple.

Pourtant, le destin bascule un jour lorsque son grand-père meurt ; pour la petite fille, le soleil se couche à jamais, la joie et la bonne humeur d'antan laissent place à une morosité constante, elle n'a plus de repères, plus d'amour, sa lumière s'éteint. Commence alors un long travail d'apprentissage et d'apprivoisement entre Viou et sa grand-mère, les temps sont durs, et cette absence des hommes qu'elle a tant chéris meurtrit tant cette vieille femme, et cette amertume envers sa belle-fille grandit, son fils qu'elle a perdu, c'est sa faute et elle la transpose sur la petite Sylvie, qui n'attend que de l'amour.

Viou est pour moi le portrait magnifique d'une petite fille à la découverte du monde, dont les secrets et les rouages la dépassent. La vie est si simple quand on est enfant, Viou est entière, elle aime ses amies, sa maman, son chien, et son père lui manque, sa grand-mère aussi, bien qu'elle soit là tous les jours, elle ne demande que de l'amour. Soyons simples, et surtout, n'oublions jamais la petite Viou qui sommeille en chacun de nous…


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