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Critique de Cathy74


Le cartographe des Indes Boréales est un roman d'une lecture captivante, autant qu'éprouvante. Fin connaisseur des pays du Grand Nord et du peuple lapon, Olivier Truc embarque son lecteur pour une navigation littéraire aux temps funestes des guerres de religion et du fanatisme doctrinaire, des luttes de pouvoir et de la recherche exacerbée des richesses pour asseoir telle ou telle puissance d'Europe.
Lecture captivante qui se déroule de 1628 à 1693, portée par l'aventure extraordinaire du jeune Izko Detcheverry - quinze ans au début de l'histoire. Victime de sa curiosité et d'un odieux chantage il deviendra à son corps défendant un espion à la solde des puissances qui se disputent férocement les trésors espérés du pays lapon, sur fond de chasse aux sorcières menée par les missionnaires protestants qui veulent non seulement éradiquer toute trace du chamanisme lapon, mais aussi toute trace de ce catholicisme honni que les chasseurs de rennes se sont appropriés à la faveur de la figure de la Vierge Marie, assimilée pour eux à leur déesse de l'enfantement, Sarakha.
Figure ambigüe, Izko est le révélateur des puissants qui le manipulent selon leurs besoins en agissant sur ses points faibles et forts. Cartographe de talent à une époque de flou géographique où les cartes assurent la primauté ; nanti d'une grande curiosité intellectuelle ; capable d'un attachement puissant aux siens ; pourvu d'une santé mentale et physique à toute épreuve, Izko est aussi, selon les situations et à l'image de son temps, cruel et sans beaucoup de pitié. Il sera ainsi le Joker d'une histoire sur laquelle il a peu de prise.
Lecture éprouvante, portée par la puanteur. Celle de la peur, qui tord le coeur et les entrailles, qui exhale des corps martyrisés. Celle qui monte des bûchers et des autodafés. Celle des temps rudes, où la crasse épaisse est une protection contre le froid insoutenable et les moustiques voraces. Celle des temps des maladies inguérissables, peste, fièvres, celle des blessures infligées lors des combats ou des châtiments.
Une très belle et complète lecture, qui ouvre les portes des territoires du très peu connu peuple autochtone Sami, qui sut parfaitement vivre en harmonie avec la nature, jusqu'à la mise en place des frontières, la christianisation obligée et la colonisation.
Je n'ai pas vu passer le temps, tout au long de ces six-cents pages ; elles m'ont même parues trop courtes.
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