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Critique de Thrinecis


Avec le talent que l'on lui connaît, Olivier Truc signe un nouvel épisode de sa série « La police des rennes ». Il situe cette fois son intrigue dans la vallée de Pasvik, là où trois pays se rencontrent, Norvège, Finlande et Russie. La rivière Pasvik prend sa source dans le lac Inari, puis délimite la frontière entre la Norvège et la Russie avant de se jeter dans la mer de Barents, une région de l'Arctique hautement stratégique en raison de ses ressources pétrolifères et poissonnières.

Loin de l'image d'Epinal paisible d'une toundra glacée et des forêts d'épicéas et de bouleaux enneigés où pâturent les rennes, Olivier Truc nous décrit une région troublée par des enjeux politiques, économiques et géostratégiques, disputée entre Norvégiens et Russes, convoitée par la Chine, et encore aujourd'hui, hantée par les fantômes de la guerre 39-45 et de la chute de l'Union Soviétique.

C'est là que vont se retrouver Nina et Klemet, nos deux héros de la police des rennes.
Lassée des comportements erratiques de Klemet qui se débat avec son identité sami, Nina a quitté la police des rennes pour un poste d'inspectrice des frontières dans cette zone perdue. Mais tous deux vont se retrouver à enquêter dans cette zone frontalière où les incidents se multiplient.
Un troupeau de rennes norvégiens a franchi la frontière et se retrouve en Russie, poursuivi par une meute de chiens errants atteints de la rage... Des poteaux de frontière ont été arrachés... Un trafic de langues de rennes est découvert... Des safaris sauvages sont organisés par des mafieux russes pour le plaisir des riches russes ou chinois... Un éleveur sami s'allie à un russe nostalgique de la 2ème guerre mondiale dans une combine plutôt louche pour obtenir le droit de faire pâturer ses rennes sur les anciennes terres sami situées en zone russe...

Pour donner davantage corps aux personnages fictionnels de ce roman, il faut lire le reportage d'Olivier Truc sur le site de TheBarentsObserver.com où l'auteur parle de ses rencontres avec Egil Kalliainen, l'éleveur de rennes sami qui fait pâturer ses rennes dans la vallée de Pasvik ou bien avec Alexandre Fedoukhine, ce russe qui recherche dans le sol de la toundra les corps des soldats tués lors de la 2ème guerre mondiale. Puis il faut prendre le temps d'aller voir les photos de Céline Clanet, la photographe qui l'accompagna durant ce reportage : elles finissent d'imager cette histoire avec une vue étonnante de cette trouée artificielle dans la forêt au niveau de la frontière russo-finno-norvégienne ou avec les beaux paysages de la rivière Pasvik englacée et des troupeaux de rennes dans la neige.

Fortement documenté, son roman va bien au-delà du simple roman policier puisqu'il nous offre un regard prospectif sur l'actualité et l'avenir possible de cette région dont on parle si peu malgré son importance stratégique. C'est passionnant, intelligent, dépaysant et toujours d'une belle écriture qui sait se faire poétique pour décrire la splendeur de la toundra enneigée.

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