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Critique de batlamb


Tout en paradoxes, le Tao-Te-King est une philosophie poétique (ou un poème philosophique), qui s'écrit « à rebours des habitudes des êtres ». Face à l'effervescence de la vie, qui pousse souvent à agir inconsidérément (a fortiori dans le contexte guerrier des Royaumes combattants de la Chine antique), ce livre prône le pacifisme et la modération en toutes choses, et tend vers le principe idéalisé du non-agir, le Wuwei (无为).

De là découle le singulier mélange d'ironie et d'humilité de cet ouvrage, qui incite à obtenir sans rechercher quoi que ce soit. Par exemple, la poursuite de la connaissance ne doit se faire qu'en voulant démontrer que l'on ne connaît rien (ce qui rappelle Socrate). Est-ce à dire que tout se vaut, et que l'on arriverait aussi bien au même résultat sans réfléchir ? Certes non :

« Connaître, c'est ne pas connaître :
Voilà l'excellence.
Ne pas connaître, c'est connaître
Voilà l'erreur »

Là réside, je pense, la subtilité de la Voie, qui est un mouvement intérieur et invisible, même à soi-même. le tao, principe fondateur de l'univers, tient dans des petits riens qui donnent forme au monde :

« Cet arbre qui remplit tes bras est né d'un germe infime.
Cette tour avec ses neuf étages vient de l'entassement de mottes de terre.
Le voyage de mille lieues commence par un pas. »

Le Tao Te King pourrait s'appeler le Livre de la tranquillité. Il est agréable de s'y replonger de temps en temps, même si son auteur prétend que « Les paroles vraies ne sont pas agréables » est-ce à dire que je l'ai lu de travers ? C'est possible, comme le montre cette remarque un brin narquoise adressée au lecteur :

« Mes préceptes sont très faciles à comprendre
et très faciles à pratiquer.
Mais nul ne peut les comprendre
ni les pratiquer. »

Comment savoir exactement ce que pensait Lao-Tseu (si tant est qu'il ait existé), quand on le lit à une telle distance linguistique, culturelle et temporelle ? C'est sans doute impossible, mais peut-être qu'à force d'essayer de le comprendre en sachant qu'on ne peut pas le comprendre, cette inanité productive nous rapprochera du tao. Comme disait John Keats : « celui qui croit dormir est en fait éveillé ».
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