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Critique de Gwen21


Au risque d'en décevoir certains, "Barracuda", le nouveau roman de l'australien Christos Tsiolkas (à paraître à la rentrée littéraire) n'est pas une biographie de Mister T., la montagne de muscles emblématique de la série "L'agence tous risques" qui a marqué toute une génération. Non, avec ce nouvel opus, l'auteur de la désormais célèbre "Gifle" aborde une fois de plus un thème grave et pessimiste. Alors, qui est donc Barracuda ?

Danny, Dan, Dino, Daniel, Kelly, "Barracuda"... tant d'identités réunies en un seul homme. Nous sommes à Melbourne, dans les années 90, et Danny est un jeune lycéen issu du milieu prolétaire bénéficiant d'une bourse. Doué pour la natation, il intègre un établissement huppé et devient rapidement le fleuron de son équipe de nageurs. Objectif : devenir champion olympique et rendre à la société par ses succès les sous qu'elle lui a donnés pour le tirer vers le haut.

"Je suis Barracuda, je suis Danny Kelly, plus rapide que vous tous, plus fort que vous, et j'ai survécu malgré vous."

***ALERTE SPOILER***
Sauf que Daniel Kelly ne sera pas le plus rapide, ni le plus fort et qu'il peinera à survivre dans une société qui refuse de l'intégrer et qui n'accepte ni l'échec, ni la faiblesse et encore moins les déchus.

Roman de toutes les violences.
Celle de la compétition, celle des différences entre classes sociales, celle de l'échec et du regard qu'on porte sur soi-même. "Barracuda" est à la fois un coup de poing et un coup de gueule. On souffre avec Kelly et comme lui, on passe par tous les stades de son évolution : l'ambition, l'échec et la reconstruction.

Dur voire âpre, le style de l'auteur - qui m'avait déjà conquise dans la "Gifle" - résonne toujours crûment. Les masquent tombent, on se s'embarrasse pas des fioritures, on va droit au but, dans la souffrance.

Il faut reconnaître à Christos Tsiolkas qu'il n'y va jamais avec le dos de la cuillère. Son but semble toujours le même : dévoiler le vrai visage de l'Australie, de ce pays trop neuf, trop divisé, trop utopiste aussi, ancré dans ses peurs. L'auteur nous montre cet immense territoire dans toute sa diversité humaine et sociale. Certains lecteurs seront sans doute heurtés par cette peinture réaliste et sans concession. Dans la destinée de Dan Kelly, il faut en effet creuser profondément pour trouver une étincelle d'espoir et d'optimisme et pourtant l'auteur creuse, encore et toujours, il ne lâche pas le morceau.

J'ai beaucoup appris au cours de cette lecture - non exempte de certaines longueurs - notamment sur le milieu de la natation de haut niveau. Ce que je pouvais soupçonner des rudesses de la compétition m'a été confirmé par l'auteur qui semble s'être bien documenté. J'ai été à la fois fascinée et effrayée par cet univers, tout comme par la violence psychologique dans laquelle il baigne.

Une belle découverte qui prend aux tripes ; âmes sensibles s'abstenir.
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