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EAN : 9782714457912
490 pages
Belfond (20/08/2015)
3.54/5   67 notes
Résumé :
Melbourne et à Glasgow, entre les années 1990 et nos jours.

Échapper à son quartier pourri de Melbourne ; à sa mère, grecque exubérante aux jupes trop courtes et tops trop décolletées ; à son père australien, routier rugueux, qui le rabroue régulièrement ; à son frère et sa soeur, qui lui collent aux basques ; à son corps, qui l'encombre ; à ces ;pensées gênantes, qui lui viennent dans les vestiaires, avec les autres garçons.

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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Au risque d'en décevoir certains, "Barracuda", le nouveau roman de l'australien Christos Tsiolkas (à paraître à la rentrée littéraire) n'est pas une biographie de Mister T., la montagne de muscles emblématique de la série "L'agence tous risques" qui a marqué toute une génération. Non, avec ce nouvel opus, l'auteur de la désormais célèbre "Gifle" aborde une fois de plus un thème grave et pessimiste. Alors, qui est donc Barracuda ?

Danny, Dan, Dino, Daniel, Kelly, "Barracuda"... tant d'identités réunies en un seul homme. Nous sommes à Melbourne, dans les années 90, et Danny est un jeune lycéen issu du milieu prolétaire bénéficiant d'une bourse. Doué pour la natation, il intègre un établissement huppé et devient rapidement le fleuron de son équipe de nageurs. Objectif : devenir champion olympique et rendre à la société par ses succès les sous qu'elle lui a donnés pour le tirer vers le haut.

"Je suis Barracuda, je suis Danny Kelly, plus rapide que vous tous, plus fort que vous, et j'ai survécu malgré vous."

***ALERTE SPOILER***
Sauf que Daniel Kelly ne sera pas le plus rapide, ni le plus fort et qu'il peinera à survivre dans une société qui refuse de l'intégrer et qui n'accepte ni l'échec, ni la faiblesse et encore moins les déchus.

Roman de toutes les violences.
Celle de la compétition, celle des différences entre classes sociales, celle de l'échec et du regard qu'on porte sur soi-même. "Barracuda" est à la fois un coup de poing et un coup de gueule. On souffre avec Kelly et comme lui, on passe par tous les stades de son évolution : l'ambition, l'échec et la reconstruction.

Dur voire âpre, le style de l'auteur - qui m'avait déjà conquise dans la "Gifle" - résonne toujours crûment. Les masquent tombent, on se s'embarrasse pas des fioritures, on va droit au but, dans la souffrance.

Il faut reconnaître à Christos Tsiolkas qu'il n'y va jamais avec le dos de la cuillère. Son but semble toujours le même : dévoiler le vrai visage de l'Australie, de ce pays trop neuf, trop divisé, trop utopiste aussi, ancré dans ses peurs. L'auteur nous montre cet immense territoire dans toute sa diversité humaine et sociale. Certains lecteurs seront sans doute heurtés par cette peinture réaliste et sans concession. Dans la destinée de Dan Kelly, il faut en effet creuser profondément pour trouver une étincelle d'espoir et d'optimisme et pourtant l'auteur creuse, encore et toujours, il ne lâche pas le morceau.

J'ai beaucoup appris au cours de cette lecture - non exempte de certaines longueurs - notamment sur le milieu de la natation de haut niveau. Ce que je pouvais soupçonner des rudesses de la compétition m'a été confirmé par l'auteur qui semble s'être bien documenté. J'ai été à la fois fascinée et effrayée par cet univers, tout comme par la violence psychologique dans laquelle il baigne.

Une belle découverte qui prend aux tripes ; âmes sensibles s'abstenir.
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Qu'est-ce qui est le plus dangereux, une Gifle ou un Barracuda ? Sous la plume de Christos Tsolkias, les deux sont violents et risquent de remuer le lecteur... J'avoue toutefois ma préférence pour la Gifle, plus facile à suivre et plus inattendue.

Barracuda retrace l'histoire de Dany Kelly, jeune australien des classes moyennes, nageur talentueux et volontaire qui caresse des rêves olympiques pendant toute son adolescence. Des rêves qui ne se réaliseront pas, on le comprend dès les premières pages, quand on le découvre en homme brisé sur une plage d'Ecosse. Pourquoi ? Comment ? Il faudra lire très attentivement pour savoir...

C'est là mon principal reproche à ce livre : il est tellement déstructuré qu'il en devient répétitif, compliqué et vaguement ennuyeux. On passe sans arrêt d'aujourd'hui à hier, puis à avant-hier, puis à nouveau aujourd'hui, et encore avant-hier parce que l'auteur a oublié de nous donner un indice, puis tiens maintenant Dany est dans l'eau mais on ne sait pas de quelle période il s'agit...

Dommage, car l'histoire devient bouleversante quand les morceaux du puzzle s'assemblent, c'est-à-dire pour moi dans les 100 dernières pages. Dommage, car les thèmes abordés sont riches et intéressants : les rêves, le dépassement de soi, l'échec, la honte, la famille, le désir, l'amitié, l'intégration dans un groupe, la société australienne, le sport de haut niveau. Dommage, car on ne peut pas regarder Dany, ce type bien qui souffre et essaie de se reconstruire, sans tendresse et compassion.

Sans ces chapitres qui nous perdent et morcellent nos émotions, j'aurais mis 5 étoiles sans hésiter. Merci en tout cas à Babélio/Masse Critique et aux Editions Belfond.
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Qu'il est difficile de ne jamais se sentir à sa place dans un pays fait de "pièces qui ne s'assemblent pas" ! Les jolies plages avec surfeurs de l'Australie contemporaine dissimulent mal une réalité sociale brutale. J'ai mis un peu de temps à émerger de ce roman très dur dans lequel l'auteur avec une intensité hors du commun, un style très particulier s'en prend autant à l'histoire qu'à l'hypocrisie sociale .

S'il est une souffrance que l'écrivain australien Christos Tsiolkas décrit avec intensité, c'est bien celle de l'entre deux et les frustrations qui en résultent. On se souvient de la gifle et on le suit avec confiance dans son entreprise de démolition.

Daniel Kelly, Barracuda pour son équipe, champion de natation déchu, homosexuel mal assumé, légèrement autocentré et assez paranoïaque est une petite bombe de colère montée sur ressorts. Hors sol dans son lycée, pas assez soutenu par sa famille, il explose en une violence inouïe qui l'emmène en prison.
Rarement un auteur ne m'a autant fascinée par son évocation de la douleur. Ce n'est pas qu'une émotion, elle passe par le corps et la crudité de son vocabulaire dans ce roman très dur, nous le rappelle sans cesse. Sa critique sociale du modèle australien est impitoyable.
Il nous laisse toutefois avec un personnage qui s'est reconstruit, mais à quel prix…celui de la sueur, des larmes et de la littérature.
J'ai adoré cette liberté de ton et ce style qui ne veut surtout pas faire joli, cette histoire qui alterne les temporalités et le point de vue , c'est magistral, un grand roman contemporain.
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Il y a deux ans je vous avais dit tout le bien que je pensais de la Gifle, la série diffusée alors sur arte, mais également le livre à l'origine, formidable roman d'un certain romancier australien Cristos Tsiolkas qui suivait le quotidien d'une famille d'immigrés grecs et de leurs amis, dans la banlieue tranquille de Melbourne, qui se délitait après la gifle donnée par l'un d'eux au fils d'un autre membre du groupe.

En cette rentrée littéraire 2015, Tsiolkas, décrit ici et là comme "l'enfant terrible de la littérature australienne" nous revient dans les tables des libraires françaises toujours chez Belfond, avec un livre encore plus coup de poing, qui se propose de continuer à détruire l'image bien policée de la société australienne tel que les images nous la renvoie.

A travers cette histoire de jeune champion de natation issue d'une famille modeste ( d'origine grecque), c'est une société scélrosée, pleine stéréoptypes et individualiste qui est décrite. Et cette société est décrite à travers ce parcours personnel, qui commence comme un rêve avant de tomber dans la déchéance (et peut-être) dans la rédemption, de rêves, de désillusion, de déchéance et de rédemption.

Le portrait de cet homme en quête de réconciliation avec les autres, mais surtout avec lui-même est décrite avec une rage et un souffle déjà présent dans la Gifle.

Nageur lui-même, Christos Tsiolkas décrit avec énormément d'acuité l'univers de la natation, mais si cette histoire de natation- avec pas mal de détails sur des entrainement et des courses- passionne moins que les destins des personnages de la Gifle, et si la charge manque parfois de subtilité ce roman, avec une langue apre et parfois crue, reste évidemment percutant et nous tienne en haleine jusqu'au bout de ce chemin presque christique que subit ce Danny, le personnage central que Tsiolkas n'épargne pas tout au long de son roman.

La littérature australienne est assez peu représentée en France, raison de plus pour se précipiter sur ce Barracuda, écrite par un des "mauvais garçons" de cette littérature...et merci à Babelio et son opération masse critique et aux éditions Belfond pour la découverte!!
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Daniel, Dany, Dan. L'ange l'arpège et la chute. Mais la formule magique est-elle la bonne ? L'Australie ce nouvel Eldorado pour l'Europe, le connaissons-nous vraiment ? Est-il si différent du vieux monde. De ce vieux monde qui est devenu nôtre et qui fut il n'y a pas si longtemps ce que nous nommions le nouveau Monde ? Qui règne en Australie, quel est son maître ? Pétrole, dollars, étoiles sur le drapeau. Les clivages sociaux, les discriminations sociales raciales sont là. La pauvreté, les vagues migratoires. Les golden boys, la théorie des winners, la malédiction des losers, l'hypocrisie bourgeoise et ses coffres-forts en autels. Une île, un continent, si loin de nous et pourtant si totalement ressemblant.
Une asphyxie.
Daniel, Dany, Dan, la chute, l'arpège et enfin l'ange.
C'est le poids de l'échec, de la honte, du regard de ceux qui vous rejettent de leur monde. Faire ses preuves, conquérir ce qui vous est refusé, devenir le premier, le seul parce que c'est seulement à ce prix odieux de l'excellence qu'il sera possible de se faire une place, cette place qu'un nom, une naissance, un quartier, une couleur de peau vous oblige à gagner, à conquérir, à remporter au risque de vous détruire, de vous dévorer, et de tout engloutir. Un vortex, l'œil de la réussite, ce faux soleil qui brûle vos ailes de cire pour les transformer en semelles de plomb.
Le poids de l'échec, la valeur d'une réussite. Qui en décide ? Comment commencer à vivre ? Respirer ? Comment devenir celui que l'on est, celui que l'on fuyait, comment justement trouver sa place, quand tout est cassé, fracassé. Lorsqu'on a plongé, lorsqu'on en vient à toucher le fond et qu'on demande à ne jamais remonter. Que votre propre poids vous entraîne dans l'abîme.
Devenir cassé, brisé, mauvais, tout entier. Se mettre, se jeter au rébus. Puisque la seule image que le monde qui vous entoure n'admet que la gagne, l'argent, la victoire, l'or et ses médailles.
Se déchirer, s'arracher, remonter.
Comprendre, réapprendre, respirer. Exister.
« Pendant longtemps
tu as peureusement pataugé
près du rivage en te tenant
à une planche,
Je veux maintenant que tu sois
un nageur intrépide,
Que tu plonges dans la mer,
que tu remontes à la surface,
me fasses signe de la tête,
pousses des cris et secoues
en riant tes cheveux. »
W. Whitman, Feuilles d'herbe.
Méfions-nous des rêves que l'on nous vend, ils sont de trop lourde facture et de bien vilaine occasion. Un rêve australien existe. Un rêve existe partout, en chacun de nous. Aucun ne s'achète. À chacun de trouver le sien, de l'attraper, et de le partager.

Opération Masse critique Août 2015 - Babelio- Belfond éditions.
Astrid Shriqui Garain
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
29 août 2016
Roman sur le sacrifice et l’ambition, "Barracuda" vibre autant de rage que de bienveillance à travers des personnages complexes et déchirés, admirablement campés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LePoint
12 octobre 2015
Personnages rageurs, corps en éruption, émotions à fleur de peau et style brut de décoffrage : avec Tsiolkas, la littérature s'apparente à un bain bouillonnant.
Lire la critique sur le site : LePoint
LesEchos
30 septembre 2015
Construit de manière sophistiquée, avec des flash-back, « Barracuda » est un puzzle émotionnel qui captive le lecteur, jusqu'à le bouleverser.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Quand il me repose, je lutte avec les pieds avec les mains, je me remue, je me bats, et je sais que je dois la battre, la marée, pour qu'elle ne
me mange pas, je frappe, je tape, je boxe, j'avance sur la
surface, et je vole, je vole, c'est ça, voler, c'est comme ça,
sauter, glisser, pousser, et la marée recule et papa crie
Pas si Vite,
mon gars, pas si vite, mais je n'ai plus peur, elle
ne m'aura pas, la marée, je glisse entre elle et le soleil, si
je continue comme ça je vole jusqu 'au soleil, aussi haut
que lui, aussi loin que mon père, qui me passe devant et
me taquine,
Tu ne me rattraperas pas, tu ne me rattraperas pas,
alors je continue, de toutes mes forces, contre l'eau,
la marée, il faut que je gagne, mes bras et mes jambes
fouettent l'eau, ils me font mal, et j'ai les yeux qui piquent,
mais je tiens bon et je le rejoins, papa me cueille dans ses
bras, me serre contre lui, contre le dessin sur sa poitrine,
ma joue frotte sur ses poils, sa peau, je souffle tellement
fort que c'est mon cœur qui souffle, et papa dit Tout ça est
à toi, mon fils, à toi, il me retient d'un bras, et de l'autre
il me montre la mer le ciel et le soleil, sa main touche le
soleil, je le sais car il y a une flamme autour de ses doigts
et il dit encore C'est à toi, tout ça, ça t'appartient.
On vole bien droit devant le ciel , entre le soleil et la mer .
ensemble .
P452 Fin
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Je sais ce que c'est qu'un corps : ça a besoin d'être sculpté, façonné, forcé de fonctionner. Je ne sais pas grand-chose, mais ça, je le sais : un corps peut être formé, transformé, un corps n'est jamais statique, toujours en mouvement. Je sais aussi que parfois il criera en atteignant ses limites, vous dira qu'on ne peut pas aller plus loin, que, malgré le désir, l'espoir, la volonté, possible ne veut pas toujours dire réalisable. Je sais cela mieux que n'importe quoi d'autre. Il arrive que le corps échoue.
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Je m'immerge dans le XIXème siècle de Dostoïevski, ses digressions, ses culs-de-sac, sa jeunesse créative, moraliste et cruelle à la fois. Un monde où des puissances occultes, impitoyables, président aux destinées bien plus que le choix ou le désir. Un monde dans lequel j'ai envie de me dissoudre : je me perds dans Dickens, Eliot, Hardy, je dévore aussi Tolstoï, Zola, Balzac, Hugo et Stendhal.
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Pour la première fois, Danny comprit exactement ce que voulait dire Torma, ce que les grands athlètes, les grands nageurs suggéraient en affirmant que tout était dans la tête. Il n'aurait pu y arriver sans la force, la puissance de son corps, mais cette force, cette puissance provenaient de l'intérieur. C'était en lui : quand le corps et l'esprit ne font plus qu'un, ils ne peuvent être brisés, ne peuvent faillir.
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Vous défendez les libertés individuelles et, depuis que j'ai atterri, je n'ai vu que des règlements pour ceci, pour cela, on ne monte pas là, on ne descends pas ici, on ne fume pas, on ne boit pas, on ne conduit pas en état d'ivresse, on respecte la vitesse, on ne fait rien d'humain ! Vous avez tellement peur de mourir que vous interdisez de vivre. Putain, merde ! On est humains, on meurt, ça fait partie de la vie. C'est la vie . P. 358
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Vidéo de Christos Tsiolkas
Interview par Olivia Phelip en partenariat avec www.viabooks.fr Christos Tsiolkas revient en cette rentrée littéraire avec "Barracuda" : un roman coup-de-poing sur le dépassement de soi, le sacrifice, l'échec et la reconstruction, avec en toile de fond toutes les contradictions d'une nation bâtie sur le racisme et la violence.
En savoir plus sur "Barracuda" : http://bit.ly/1MslTkk Lire un extrait : http://bit.ly/1KTrX6g
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