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Au risque d'en décevoir certains, "Barracuda", le nouveau roman de l'australien Christos Tsiolkas (à paraître à la rentrée littéraire) n'est pas une biographie de Mister T., la montagne de muscles emblématique de la série "L'agence tous risques" qui a marqué toute une génération. Non, avec ce nouvel opus, l'auteur de la désormais célèbre "Gifle" aborde une fois de plus un thème grave et pessimiste. Alors, qui est donc Barracuda ?

Danny, Dan, Dino, Daniel, Kelly, "Barracuda"... tant d'identités réunies en un seul homme. Nous sommes à Melbourne, dans les années 90, et Danny est un jeune lycéen issu du milieu prolétaire bénéficiant d'une bourse. Doué pour la natation, il intègre un établissement huppé et devient rapidement le fleuron de son équipe de nageurs. Objectif : devenir champion olympique et rendre à la société par ses succès les sous qu'elle lui a donnés pour le tirer vers le haut.

"Je suis Barracuda, je suis Danny Kelly, plus rapide que vous tous, plus fort que vous, et j'ai survécu malgré vous."

***ALERTE SPOILER***
Sauf que Daniel Kelly ne sera pas le plus rapide, ni le plus fort et qu'il peinera à survivre dans une société qui refuse de l'intégrer et qui n'accepte ni l'échec, ni la faiblesse et encore moins les déchus.

Roman de toutes les violences.
Celle de la compétition, celle des différences entre classes sociales, celle de l'échec et du regard qu'on porte sur soi-même. "Barracuda" est à la fois un coup de poing et un coup de gueule. On souffre avec Kelly et comme lui, on passe par tous les stades de son évolution : l'ambition, l'échec et la reconstruction.

Dur voire âpre, le style de l'auteur - qui m'avait déjà conquise dans la "Gifle" - résonne toujours crûment. Les masquent tombent, on se s'embarrasse pas des fioritures, on va droit au but, dans la souffrance.

Il faut reconnaître à Christos Tsiolkas qu'il n'y va jamais avec le dos de la cuillère. Son but semble toujours le même : dévoiler le vrai visage de l'Australie, de ce pays trop neuf, trop divisé, trop utopiste aussi, ancré dans ses peurs. L'auteur nous montre cet immense territoire dans toute sa diversité humaine et sociale. Certains lecteurs seront sans doute heurtés par cette peinture réaliste et sans concession. Dans la destinée de Dan Kelly, il faut en effet creuser profondément pour trouver une étincelle d'espoir et d'optimisme et pourtant l'auteur creuse, encore et toujours, il ne lâche pas le morceau.

J'ai beaucoup appris au cours de cette lecture - non exempte de certaines longueurs - notamment sur le milieu de la natation de haut niveau. Ce que je pouvais soupçonner des rudesses de la compétition m'a été confirmé par l'auteur qui semble s'être bien documenté. J'ai été à la fois fascinée et effrayée par cet univers, tout comme par la violence psychologique dans laquelle il baigne.

Une belle découverte qui prend aux tripes ; âmes sensibles s'abstenir.
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Qu'est-ce qui est le plus dangereux, une Gifle ou un Barracuda ? Sous la plume de Christos Tsolkias, les deux sont violents et risquent de remuer le lecteur... J'avoue toutefois ma préférence pour la Gifle, plus facile à suivre et plus inattendue.

Barracuda retrace l'histoire de Dany Kelly, jeune australien des classes moyennes, nageur talentueux et volontaire qui caresse des rêves olympiques pendant toute son adolescence. Des rêves qui ne se réaliseront pas, on le comprend dès les premières pages, quand on le découvre en homme brisé sur une plage d'Ecosse. Pourquoi ? Comment ? Il faudra lire très attentivement pour savoir...

C'est là mon principal reproche à ce livre : il est tellement déstructuré qu'il en devient répétitif, compliqué et vaguement ennuyeux. On passe sans arrêt d'aujourd'hui à hier, puis à avant-hier, puis à nouveau aujourd'hui, et encore avant-hier parce que l'auteur a oublié de nous donner un indice, puis tiens maintenant Dany est dans l'eau mais on ne sait pas de quelle période il s'agit...

Dommage, car l'histoire devient bouleversante quand les morceaux du puzzle s'assemblent, c'est-à-dire pour moi dans les 100 dernières pages. Dommage, car les thèmes abordés sont riches et intéressants : les rêves, le dépassement de soi, l'échec, la honte, la famille, le désir, l'amitié, l'intégration dans un groupe, la société australienne, le sport de haut niveau. Dommage, car on ne peut pas regarder Dany, ce type bien qui souffre et essaie de se reconstruire, sans tendresse et compassion.

Sans ces chapitres qui nous perdent et morcellent nos émotions, j'aurais mis 5 étoiles sans hésiter. Merci en tout cas à Babélio/Masse Critique et aux Editions Belfond.
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Qu'il est difficile de ne jamais se sentir à sa place dans un pays fait de "pièces qui ne s'assemblent pas" ! Les jolies plages avec surfeurs de l'Australie contemporaine dissimulent mal une réalité sociale brutale. J'ai mis un peu de temps à émerger de ce roman très dur dans lequel l'auteur avec une intensité hors du commun, un style très particulier s'en prend autant à l'histoire qu'à l'hypocrisie sociale .

S'il est une souffrance que l'écrivain australien Christos Tsiolkas décrit avec intensité, c'est bien celle de l'entre deux et les frustrations qui en résultent. On se souvient de la gifle et on le suit avec confiance dans son entreprise de démolition.

Daniel Kelly, Barracuda pour son équipe, champion de natation déchu, homosexuel mal assumé, légèrement autocentré et assez paranoïaque est une petite bombe de colère montée sur ressorts. Hors sol dans son lycée, pas assez soutenu par sa famille, il explose en une violence inouïe qui l'emmène en prison.
Rarement un auteur ne m'a autant fascinée par son évocation de la douleur. Ce n'est pas qu'une émotion, elle passe par le corps et la crudité de son vocabulaire dans ce roman très dur, nous le rappelle sans cesse. Sa critique sociale du modèle australien est impitoyable.
Il nous laisse toutefois avec un personnage qui s'est reconstruit, mais à quel prix…celui de la sueur, des larmes et de la littérature.
J'ai adoré cette liberté de ton et ce style qui ne veut surtout pas faire joli, cette histoire qui alterne les temporalités et le point de vue , c'est magistral, un grand roman contemporain.
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La gifle, premier roman traduit en français de l'australien Christos Tsiolkas, justifiait cent fois son titre par rapport à la virulence de son constat social. Le succès aidant (énorme en son pays), l'écrivain allait-il adoucir le ton pour son livre suivant ? Barracuda apporte la réponse : c'est non, bien au contraire. Le roman va encore plus loin dans son propos lucide et acide et ce qu'il perd sans doute en subtilité, il le regagne en efficacité avec une crudité et une violence dans les mots qui s'arrêtent juste avant les limites (certains penseront qu'elles sont peut-être dépassées). Barracuda suit le parcours d'un jeune australien, de son adolescence à l'âge d'homme, sur plus d'une décennie, autour de la natation, sport d'une importance capitale en Australie allant des espoirs à l'échec et à la possible résilience de son héros, Danny, Tsiolkas bâtit une histoire où la honte et la rage sont les sentiments dominants. Danny, d'origine grecque par sa mère, fils d'un routier est non seulement un prolétaire mais aussi un "métèque" aux yeux d'une société qui, sous des allures cool et hédonistes, n'a de cesse d'ériger en modèle absolu la "blancheur" et les origines anglo-saxonnes, avec toute l'intolérance et le mépris que cela implique. Il y a quelque chose de viscéral dans tout ce qu'entreprend Danny, notamment dans ses années d'apprentissage, pas seulement pour s'intégrer mais avant tout pour montrer qu'il peut dépasser les "golden boys" qui font la fierté de la nation, qu'il a la volonté et le talent pour être le meilleur, dans son domaine : la natation. A contre-courant des préjugés et des conventions. Le lecteur de Barracuda est à l'image du papillonneur dans la piscine, il doit se battre avec les phrases qui refluent comme des vagues et les expressions qui se répètent sans cesse, comme un mantra. Ce roman impressionnant et agressif est de ceux qui vous immergent totalement et vous laissent presque soulagé d'en avoir terminé tellement la tension de son écriture et la souffrance de ses personnages y sont palpables.

Un très grand merci à Babelio et aux Editions Belfond !
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Il y a deux ans je vous avais dit tout le bien que je pensais de la Gifle, la série diffusée alors sur arte, mais également le livre à l'origine, formidable roman d'un certain romancier australien Cristos Tsiolkas qui suivait le quotidien d'une famille d'immigrés grecs et de leurs amis, dans la banlieue tranquille de Melbourne, qui se délitait après la gifle donnée par l'un d'eux au fils d'un autre membre du groupe.

En cette rentrée littéraire 2015, Tsiolkas, décrit ici et là comme "l'enfant terrible de la littérature australienne" nous revient dans les tables des libraires françaises toujours chez Belfond, avec un livre encore plus coup de poing, qui se propose de continuer à détruire l'image bien policée de la société australienne tel que les images nous la renvoie.

A travers cette histoire de jeune champion de natation issue d'une famille modeste ( d'origine grecque), c'est une société scélrosée, pleine stéréoptypes et individualiste qui est décrite. Et cette société est décrite à travers ce parcours personnel, qui commence comme un rêve avant de tomber dans la déchéance (et peut-être) dans la rédemption, de rêves, de désillusion, de déchéance et de rédemption.

Le portrait de cet homme en quête de réconciliation avec les autres, mais surtout avec lui-même est décrite avec une rage et un souffle déjà présent dans la Gifle.

Nageur lui-même, Christos Tsiolkas décrit avec énormément d'acuité l'univers de la natation, mais si cette histoire de natation- avec pas mal de détails sur des entrainement et des courses- passionne moins que les destins des personnages de la Gifle, et si la charge manque parfois de subtilité ce roman, avec une langue apre et parfois crue, reste évidemment percutant et nous tienne en haleine jusqu'au bout de ce chemin presque christique que subit ce Danny, le personnage central que Tsiolkas n'épargne pas tout au long de son roman.

La littérature australienne est assez peu représentée en France, raison de plus pour se précipiter sur ce Barracuda, écrite par un des "mauvais garçons" de cette littérature...et merci à Babelio et son opération masse critique et aux éditions Belfond pour la découverte!!
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Daniel, Dany, Dan. L'ange l'arpège et la chute. Mais la formule magique est-elle la bonne ? L'Australie ce nouvel Eldorado pour l'Europe, le connaissons-nous vraiment ? Est-il si différent du vieux monde. De ce vieux monde qui est devenu nôtre et qui fut il n'y a pas si longtemps ce que nous nommions le nouveau Monde ? Qui règne en Australie, quel est son maître ? Pétrole, dollars, étoiles sur le drapeau. Les clivages sociaux, les discriminations sociales raciales sont là. La pauvreté, les vagues migratoires. Les golden boys, la théorie des winners, la malédiction des losers, l'hypocrisie bourgeoise et ses coffres-forts en autels. Une île, un continent, si loin de nous et pourtant si totalement ressemblant.
Une asphyxie.
Daniel, Dany, Dan, la chute, l'arpège et enfin l'ange.
C'est le poids de l'échec, de la honte, du regard de ceux qui vous rejettent de leur monde. Faire ses preuves, conquérir ce qui vous est refusé, devenir le premier, le seul parce que c'est seulement à ce prix odieux de l'excellence qu'il sera possible de se faire une place, cette place qu'un nom, une naissance, un quartier, une couleur de peau vous oblige à gagner, à conquérir, à remporter au risque de vous détruire, de vous dévorer, et de tout engloutir. Un vortex, l'œil de la réussite, ce faux soleil qui brûle vos ailes de cire pour les transformer en semelles de plomb.
Le poids de l'échec, la valeur d'une réussite. Qui en décide ? Comment commencer à vivre ? Respirer ? Comment devenir celui que l'on est, celui que l'on fuyait, comment justement trouver sa place, quand tout est cassé, fracassé. Lorsqu'on a plongé, lorsqu'on en vient à toucher le fond et qu'on demande à ne jamais remonter. Que votre propre poids vous entraîne dans l'abîme.
Devenir cassé, brisé, mauvais, tout entier. Se mettre, se jeter au rébus. Puisque la seule image que le monde qui vous entoure n'admet que la gagne, l'argent, la victoire, l'or et ses médailles.
Se déchirer, s'arracher, remonter.
Comprendre, réapprendre, respirer. Exister.
« Pendant longtemps
tu as peureusement pataugé
près du rivage en te tenant
à une planche,
Je veux maintenant que tu sois
un nageur intrépide,
Que tu plonges dans la mer,
que tu remontes à la surface,
me fasses signe de la tête,
pousses des cris et secoues
en riant tes cheveux. »
W. Whitman, Feuilles d'herbe.
Méfions-nous des rêves que l'on nous vend, ils sont de trop lourde facture et de bien vilaine occasion. Un rêve australien existe. Un rêve existe partout, en chacun de nous. Aucun ne s'achète. À chacun de trouver le sien, de l'attraper, et de le partager.

Opération Masse critique Août 2015 - Babelio- Belfond éditions.
Astrid Shriqui Garain
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Tout d’abord, je tenais à remercier Babelio et les Editions Belfond pour m’avoir permis de découvrir ce livre de la rentrée littéraire 2015. Quand j’ai accepté de lire ce livre, je ne connaissais pas l’auteur et j’ai pu découvrir qu’il avait été l’auteur de la célèbre « Gifle » que je ne lirais certainement jamais…

Pour tous les fans inconditionnels de Christos Tsiolkas, je suis désolée, mais je n’ai pas accroché du tout… L’histoire pourtant me tentait bien.j’avais drôlement envie de découvrir ce nageur né qu’est Daniel Kelly, ce petit jeune bien éloigné de la bourgeoisie de son lycée dont il a eu la bourse pour étudier et continuer de nager.

J’ai vraiment eu du mal… Avec la chronologie dans un premier temps. Le fait que l’on revienne en arrière, que l’on parle du passé dans un livre ne me dérange absolument pas, bien au contraire, mais la façon dont l’auteur l’a fait, c’était un peu « cafouillis » et j’ai donc eu du mal à me situer, à savoir à quel Daniel, Dan, Danny, Kelly, Barracuda j’avais affaire, malheureusement.

J’ai eu du mal aussi avec la violence qui règne dans ce livre. C’est un roman décrit comme « coup de poing » d’accord, mais la vulgarité que l’auteur fait employer à Daniel Kelly m’a dérangé. J’ai trouvé cela réellement dommage, de façonner un personnage avec une telle histoire de manière si violente et vulgaire. Un peu de vulgarité pour montrer que l’on en veut, que l’on ne veut rien lâcher ou encore que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, j’accepte bien volontiers, mais dans certains passages, c’était un peu trop pour moi, pardonnez-moi.

Avec ces deux principaux points négatifs, je n’ai donc réussi à m’attacher comme je pensais le faire à Danny et sa famille. Pourtant l’histoire aurait pu être merveilleuse, ça j’en suis sûre !

Malgré tout ça, je me suis couchée moins bête sur les deux sujets principaux de ce bouquin : La natation et l’Australie. Effectivement, j’ai ressenti que l’auteur ne me laissait pas sur ma faim et qu’il « s’y connait » ou a bien entendu effectué des recherches afin de nous faire passer un message fort, pour cela, je le remercie.

En bref, je vous dirais que pour une découverte, je ne suis pas déçue à 100%, mais le style et l’écriture de Monsieur Christos Tsiolkas ne me conviennent pas…
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Quand Babelio m'a proposé de recevoir ce livre, je ne connaissais pas cet auteur, dont j'apprends après une recherche internet que le premier roman a été un grand succès de librairie et a fait l'objet d'une adaptation télé diffusée en France. Mais curieuse et toujours intéressée pour partir à la découverte d'autres horizons littéraires, je me suis laissée tenter. Mais désolée, je ne suis pas la bonne cible. Je ne goûte pas beaucoup ces écritures coup de poing émaillées de trivialité volontaire et de phrases à l'emporte-pièce souhaitant devenir des aphorismes, et aime peu les intrigues sombres et glauques et surtout inutilement agressives. J'ai fini le livre, en me forçant beaucoup pour respecter mon engagement et parce que je n'aime pas arrêter un livre en route, et du coup ma critique n'a aucune valeur que celle de mon opinion personnelle: lecture à oublier.
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Après le succès de la Gifle en 2011, l'écrivain australien Christos Tsiolkas revient avec un roman, Barracuda, autour d'un nageur qui doit affronter la déception pour avancer.Danny Kelly devait un grand sportif représentant l'Australie aux JO, mais lorsqu'on perd, que reste t'il derrière ?

Danny Kelly ne vit que pour une chose. Etre le meilleur nageur de l'Australie et que sa familel soit fière de lui. Par chance, il est doué et va être repéré par un entraîneur qui va tout faire pour le faire rentrer dans un lycée privée, bourse en poche. L'intégration va être plus que difficile déjà à cause de la différence sociale mais aussi à cause de son brassage génétique (grec et irlandais). On va le surnomme le météque. Il va leur prouver qu'il va être le meilleur qu'importent les moqueries et les humiliations. Lui et l'eau forment un tout, il glisse, il vole à son contact. Il bat tous les autres et remportent de nombreuses compétitions. Toute sa famille vit à son rythme et son destin semble tout droit tracé.

Mais voilà qu'à la pré-sélection olympique il n'arrive pas premier mais cinquième. A partir de ce moment, sa vie va totalement changé. Comment accepter cet échec ? Il n'y arrive pas et va alors commencer à sombrer. Il va arrêter la natation. Il va arrêter d'écouter en classe et se transforme en terreur à l'école. L'avenir ne se trouve pas à l'école qu'il va quitter pour le monde du travail. L'estime de soi ne se fait pas non plus dans en travaillant dans un supermarché. C'est la prison qui va l'aider à mieux se cadrer et aussi des rencontres comme celle son cousin Didier. Il va apporter de l'aide à des personnes handicapées. Se reconstruire, avancée, retisser du lien avec sa famille, c'est cela qu'il va essayer de faire 20 ans plus tard, aidé par ces amis et son petit ami.

Un livre très critique envers le pays de l'auteur, l'Australie où de nombreux protagonistes à concurrence d'arguments décrivent les contradictions sociétales et l'hypocrisie générales des locaux. Christos Tsiolkas doit partager des ressentiments nationaux ainsi qu'une certaine frustration vis-à-vis de la pratique de la natation. Les mots sont forts et impacts forcément le lecteur. Impossible de rester impassible à la vie de Danny ni ce qui l'entoure. Suivre un jeune homme qui tombe, où son univers s'effondre puis remonte légèrement est intéressant. Beaucoup de sujets sont abordés comme le rapport aux corps, le rapport à la différence, la haine de soi, la solitude, le poids de l'identité sociale, les violences carcérales... La scène où Danny en prison demande à son "mec" de jouir, essuyer sa sueur ou sa merde dans un papier essuie-tout pour le mâcher par la suite est assez dure. L'auto-humiliation qu'il se fait m'a fait mal au coeur et me le fait toujours en y pensant.

Il faut dire que l'auteur possède un sacré don du récit même si j'ai été déroutée jusqu'à la fin du roman par la structure. L'histoire n'est pas présentée de façon temporaire mais de façon totalement désordonnée. Danny va à son cours de natation puis il est en prison puis il est en Ecosse avec son copain, puis il travaille avec des handicapées... Je n'ai pas compris l'intérêt de tout mélanger. J'aurais beaucoup plus apprécier lire les éléments dans l'ordre chronologique. La plume est si appréciable. Autre petite chose qui m'a dérangée, c'est le choix de couverture de Belfond pour le roman. Si on ne m'avait pas incité à le lire, je n'aurais même jeté plus d'un coup d'oeil sans regarder la quatrième de couverture. Les couvertures à l'étranger sont beaucoup plus attractives. C'est vraiment dommage car le roman mérite vraiment de toucher le plus large public possible vu la qualité du récit.

Danny, Dan, Dino et Barracuda va devoir gérer cette violence qui le submerge si souvent pour face à cette honte ressenti voilà bien des années. Se punir, souffrir, se fermer et se taire pour cacher sa peine n'est pas vraiment ce qui va le rendre meilleur. En lâchant des mots, même blessant, il va avancer. Christos Tsiolkas nous propose un roman troublant de sincérité et d'émotions. Lisez le.
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Je referme avec beaucoup de tendresse "Barracuda" de Christos Tsiolkas. Tendre, ce livre ne l'est pourtant pas. Mais on ne sort jamais indemne quand on est témoin d'un rêve brisé... Et le destin de Danny Kelly m'a beaucoup émue.

Ce roman est riche, plus riche encore que ne l'était "La Gifle" qui se perdait dans sa multitude de personnages. le rapport au corps y est constant, que cela soit les muscles, essentiels dans la pratique de la natation, que cela soit le rapport à la nudité, lorsque Danny compare son torse poilu à celui, imberbe, des Golden Boys de son équipe, ou encore le sexe. Les érections de Danny pouvaient être assez dérangeantes par ailleurs, je songe notamment à celle qu'il a en voyant son père à ses pieds...

Mais Danny n'est pas qu'un corps et naviguer dans ses pensées ne m'a pas ennuyée une seule seconde. Il est avare de mots, mais les mots le rattrapent car les pensées pulsent, lancinantes, au travers de son corps. Ce livre est une formidable réflexion sur l'échec, sur les classes sociales et sur l'Australie, cette île isolée du reste du monde.

Je remercie l'opération Masse Critique de m'avoir envoyé ce roman et j'espère qu'il plaira à d'autres également !
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