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Critique de fanfan50


Je remercie Babelio et les Editions de la Frémillerie pour l'envoi de ce petit livre. La couverture en est agréable : une belle photo d'un bord de mer où des pêcheurs sur leurs barques remaillent leurs filets. le livre est écrit en assez gros caractères, ce qui le rend facile à lire. En principe, les lecteurs boudent les nouvelles, en trouvant le contenu bâclé. Ils préfèrent en avoir pour leur argent et lisent de gros pavés. Ici, les nouvelles sont courtes. La dernière intitulée Une petite étoile sur la colline ne fait que six pages mais elle est dense en émotion. Une femme âgée attend patiemment le retour de son fils parti combattre alors qu'elle a reçu un avis de décès depuis des années. Et un jour, à sa plus grande joie, il revient !
Huit nouvelles nous parlent de la vie du peuple vietnamien que ce soit les pêcheurs qui ont une vie rude et dangereuse ou les paysans qui font pousser le riz péniblement année par année. C'est la vie des villages que ce soit à la campagne ou dans les îles qui est évoquée. L'auteur aime son pays et le décrit merveilleusement bien. Si les trois premières nouvelles m'ont paru simples et belles, dans les autres, j'ai ressenti combien ce pays a été meurtri par les deux guerres sur son territoire, même si l'auteur ne s'appesantit par sur l'horreur que ce fut : vingt années (1955-1975) de durs combats et leur liberté enfin qui a été chèrement payé par toute une génération qui n'a connu que cela dans son enfance. Une enfance qui aurait pu être broyée mais elle a rebondi. le pays n'a pas oublié mais il est de nouveau fort.
Ma nouvelle préférée, le gouffre, narre l'histoire de Truong et de Phai, deux garçons aux destins intimement liés, dont la longue et belle amitié faite de respect et de soutien mutuels s'est éteinte en un instant à la suite d'un drame dont, par préjugés, personne n'a voulu connaître la véritable cause. Elle pourrait faire l'objet d'une belle réalisation cinématographique tellement elle est belle et triste à la fois. Je n'en dis pas plus. Il faut la lire pour l'apprécier et non la juger par un triste résumé.
La nouvelle intitulée La saison des aigles est assez compliquée à comprendre. Pourquoi le père mourant du narrateur lui demande de cherche l'oncle Vuong si les choses tournent mal et quelle est la symbolique des aigles qui peuvent revenir n'importe quand. Un rapport avec l'état de guerre persistant dans ce pays meurtri peut-être.
Une belle prose qui nous emmène très loin dans ce beau pays qu'est le Viêt-Nam. Je cite : "Une petite brume flottait comme un voile de kapok blanc". L'auteur a aussi composé des poèmes et cela se sent.
Les nouvelles ont toutes un petit goût d'étrange, d'irréalité. L'évocation des croyances et des superstitions propres à ce pays nous transportent dans un univers inconnu, quasi onirique parfois. Beaucoup de cruauté aussi mais ce sont des gens simples qui raisonnent simplement : si un membre de la communauté est pourri, il faut le couper, s'en débarrasser pour ne pas infecter le reste du groupe. La justice des villes n'atteint pas ces bourgades perdues et c'est celle des hommes depuis l'aube des temps qui tranche. C'est fort et insoutenable très souvent mais tellement vrai !
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